Gisors et l'énigme des Templiers
Yucatan d’un bâtiment qui devait certainement
ressembler fort à un Drak , et si ce “Blanc barbu” surmonte
une difficile épreuve comme la survie dans un puits, serait-il étonnant qu’on
le considérât alors comme l’envoyé du dieu Kukulkan légendaire ? ».
On sait que les Templiers portaient obligatoirement la barbe. On sait aussi que
les Templiers possédaient beaucoup d’ argent , plus
précisément beaucoup de numéraire en argent . Or ce
métal étant fort rare au Moyen Âge, la question se pose : où les Templiers
avaient-ils trouvé tant d’argent ? On en vient à cette observation :
« Est-il impossible que les Templiers aient effectivement abordé en
Amérique, spécialement au Yucatan où existent des mines d’argent ? [27] ».
La question n’est pas aussi déplacée qu’il y paraît. Il faudra bien, un jour,
expliquer l’origine de l’ argent des Templiers et le
rôle exact de la flotte templière de La Rochelle. Il faut se souvenir qu’à
l’arrivée de Christophe Colomb, dont les caravelles portaient la croix
templière, les indigènes ne parurent pas le moins du monde étonnés de cette
croix qu’ils semblaient connaître. Il est vrai que la croix est un symbole
universel qui n’a strictement rien à voir avec le Christianisme [28] .
Néanmoins, l’hypothèse n’est pas à rejeter d’emblée, car elle a le mérite de
faire poser des questions qu’on a généralement tendance à esquiver.
On voit qu’il n’est nul besoin de faire intervenir des
« forces invisibles » pour s’égarer dans les nombreuses énigmes que
posent les Templiers. Leur seule présence sur le territoire de la France est
elle-même entourée de tant d’obscurités qu’il est difficile de savoir avec certitude
quelles ont été leurs activités et même quels sont les lieux où ils étaient
effectivement implantés. Et puis, on ne répétera jamais assez que les
Templiers, du moins les chevaliers du Temple , étaient
fort peu nombreux, surtout en Europe : c’étaient surtout quelques
dignitaires, quelques spécialistes, les chevaliers blessés, malades, en
convalescence, ou trop âgés pour aller combattre en Palestine. Les autres, qui
faisaient partie de l’Ordre, mais à des degrés divers, les écuyers, les
ouvriers, les paysans, les serfs mêmes, qu’on classe bien entendu dans les
Templiers, ne sont que des hommes – et parfois des femmes – subordonnés ou
alliés aux chevaliers du Temple. Cela ajoute à la confusion.
Ainsi, dans un pays comme la Bretagne, l’implantation templière
demeure encore un mystère malgré les documents dont nous disposons, et en dépit
de la notoriété, plutôt négative, que les Templiers ont conservée dans la
mémoire populaire. Il semble qu’il y ait eu en Bretagne six préceptoreries du
Temple. Les Templiers auraient possédé des biens dans une centaine de
localités, des aumôneries, des chapelles, des granges, des moulins, des maisons
isolées. La commanderie la plus importante était celle de La Guerche, qui
regroupait les Temples de Rennes et de Vitré, puis celle de La Nouée en Yvignac
(Côtes-du-Nord). Ensuite venaient les établissements de Carentoir (Morbihan) et
de La Feuillée (Finistère), enfin ceux de Nantes et de Clisson
(Loire-Atlantique). La tradition rapporte que les haras de La Guerche
fournissaient les armées de Terre sainte, que La Nouée était un lieu
d’initiation pour les moines-chevaliers, et qu’à l’approche de Pont-Melvez, en
venant de Quintin (Côtes-du-Nord), des croix rouges jalonnaient les chemins.
Bien des incertitudes demeurent. On peut noter toutefois que les ordres
militaires ont cherché à s’implanter à proximité d’anciennes voies romaines et
le long du littoral, peut-être pour tenir les itinéraires terrestres et
maritimes vers Saint-Jacques-de-Compostelle.
La toponymie conserve de nombreuses traces de la présence
des Templiers, mais toujours au milieu d’un halo de mystère. Les vestiges
d’architecture sont modestes, et d’une grande austérité : ce sont en
général d’humbles chapelles à nef unique ou à un seul bas-côté, avec un chevet
plat ou une petite abside en cul-de-four, surmontées parfois d’un clocher.
Elles sont à peu près démunies de décorations, telles la Madeleine du Temple à
Clisson, aux fenêtres-meurtrières et aux contreforts massifs, tels les
oratoires de Limerzel (Morbihan) et de La Nouée, ou encore la chapelle romane
de Saint-Cado, près de Belz
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