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Gisors et l'énigme des Templiers

Gisors et l'énigme des Templiers

Titel: Gisors et l'énigme des Templiers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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entier : « Que les Templiers se
gardent de lasser ma patience afin que l’Église ne soit pas obligée d’examiner
de plus près certain état de choses répréhensible, supporté jusqu’à ce jour
avec trop d’indulgence, car alors, il n’y aurait plus de rémission. » On
n’en sait pas plus sur cette affaire, mais elle semblait assez grave. Les
accusateurs de 1307 sauront d’ailleurs s’en souvenir.
    Tout cela ajouté aux conflits permanents que les Templiers
avaient avec les autres ordres militaires, Hospitaliers et Chevaliers
teutoniques, pèse assez lourd sur les légitimes suspicions qu’on peut avoir
vis-à-vis du Temple. De toute évidence, en cette fin du XIII e  siècle,
l’Ordre avait beaucoup changé. Mais, en réalité, les Templiers
ne furent jamais des petits saints.
    Il y a aussi quelques épisodes lamentables dont les
inconditionnels du Temple se gardent bien de parler. En 1187, lorsque Saladin
s’empara de Jérusalem, il laissa la vie sauve à la population, lui offrant de
racheter sa liberté au prix de dix pièces d’or pour les hommes, cinq pour les
femmes et deux pour les enfants. Les riches se rachetèrent facilement, mais
l’ensemble de la population chrétienne, qui était composée de petites gens, ne
put payer et fut réduite en esclavage. Or le Temple, qui avait sauvé son
trésor, refusa tout net le rachat de la population de Jérusalem. Le prétexte
invoqué fut que le grand-maître Gérard de Ridefort étant lui-même prisonnier,
et étant le seul à pouvoir autoriser cette dépense, il était absolument
interdit aux frères de puiser dans le trésor de l’Ordre. C’est ainsi que seize
mille Chrétiens furent réduits à l’état d’esclaves, y compris femmes et
enfants.
    Il arriva presque la même chose à Louis IX. Lorsque le
saint roi fut fait prisonnier, les Templiers refusèrent de contribuer à sa
rançon, et Joinville, qui n’aimait guère l’Ordre du Temple, raconte avec force
détails par quelles ruses il fallut les y contraindre. Mais le bon roi saint Louis
n’oublia pas : plus tard, il humilia le grand-maître Renaud de Vichiers en
l’obligeant à s’agenouiller devant lui et à lui « faire amende ».
    Une autre anecdote est encore plus significative. On sait
que l’empereur Frédéric II de Hohenstaufen, personnage énigmatique s’il en
fût, plus ou moins apostat – ou hérétique, on l’ignore –, grand ennemi du pape
et excommunié, avait réussi à conclure un accord avec les Musulmans. Au prix
d’on ne sait quelles louches tractations, il avait réussi à obtenir la restitution
de Jérusalem. Mais pour que s’opère cette restitution, il fallait que
Frédéric II eût la caution de l’Ordre du Temple. Il négocia avec les
Templiers, leur promettant un somptueux cadeau. Mais les Templiers refusèrent
parce que leur « maison » n’était pas comprise dans la restitution
proposée. Et l’affaire en resta là. Frédéric II n’oublia pas non plus, et
il se lança dans des attaques virulentes contre le Temple.
    On voit que l’Ordre, par son implication dans les affaires
temporelles, en arrivait à fatalement se compromettre d’une façon ou d’une
autre. Mais les opérations en Terre sainte constituaient une diversion qui
permettait aux Ordres militaires, non seulement au Temple, mais aussi aux
Hospitaliers et aux Chevaliers teutoniques, de préserver leurs arrières et de
les fournir en cas de besoin. Ainsi, lorsque la chute de Saint-Jean-d’Acre eut
mis fin aux derniers espoirs de la Chrétienté, les Ordres militaires purent se
replier sur des positions préparées à l’avance. Les Hospitaliers choisirent la
mer pour domaine. À partir de leurs bases de Chypre, et plus tard de Rhodes,
ils assurèrent la sécurité de la Méditerranée et s’illustrèrent dans la
poursuite des pirates musulmans. Les Chevaliers teutoniques, eux, étaient déjà
engagés, pour la plupart, dans une guerre d’expansion nationaliste contre les
Slaves, au bénéfice de l’empire allemand. Ceux qui étaient restés en Terre
sainte rejoindront leurs frères, et l’Ordre deviendra une véritable armée
allemande au service des empereurs. Les Templiers, en revanche, mis à part ceux
qui continuaient à combattre les Maures en Espagne, seront les seuls à ne pas
se trouver une nouvelle sphère d’opérations militaires. Ils se replient sur le
continent, où ils exploitent leurs domaines.
    C’est alors qu’intervient Philippe le Bel. On a

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