Gisors et l'énigme des Templiers
Hambourg en 1877. Actuellement, cette Règle
serait soigneusement cachée dans les caves du Vatican par la Papauté, qui ne
veut surtout pas la montrer, de crainte d’être éclaboussée par le scandale. Les Caves du Vatican sont décidément une mine inépuisable
pour les grands découvreurs de secrets ! Et, comme par hasard, il se
trouve toujours un prêtre, ou un évêque, peu scrupuleux certes, mais très
mystérieux, pour prendre copie d’un document secret et le certifier conforme à
l’original. Le problème, c’est qu’on ne voit jamais la couleur de l’original
dans ce genre d’affaire.
Il est cependant intéressant, à plusieurs titres, d’examiner
ce document qui est manifestement un faux , fabriqué de
toutes pièces d’après les textes du procès, et destiné à prouver la filiation
du Temple et de la Franc-maçonnerie [44] .
Le document est intitulé : « Ici commence le livre du baptême du Feu
et des statuts secrets rédigés par le maître Roncelin ». Et, à la fin, on
peut lire : « Signé par le copiste Robert de Samfort, procureur de
l’Ordre du Temple en Angleterre, en 1240. » Voilà qui est
surprenant : si le maître Roncelin rédacteur de ce texte est bien Roncelin
du Fos, admis dans le Temple en 1281, comment se fait-il qu’on ait pu, quarante
ans avant, en 1240, établir une copie de ce qu’il n’avait pas encore
écrit ? À la vérité, Roncelin du Fos ne devait même pas être né en 1240.
Mais rassurons-nous, l’Histoire officielle ment, c’est bien connu, dans le but
de masquer la Vérité que seuls détiennent les occultistes, les hermétistes et
autres tenants de la Tradition.
Le document proposé comme étant la Règle secrète de l’Ordre
commence par opérer une subtile distinction entre les membres ordinaires de
l’Ordre et ceux qui sont appelés les « frères consolés », qui
seraient les vrais détenteurs du message. Cela paraît être un emprunt évident
au Catharisme : on sait en effet que chez les Cathares, les Parfaits,
c’est-à-dire ceux qui avaient reçu le consolamentum ,
donc les « consolés », formaient une catégorie très à part et
pouvaient être considérés comme étant les seuls et uniques « Purs »,
déjà en contact avec le divin et prêts à réintégrer le Royaume de Lumière d’où
ils avaient été chassés à la suite de la révolte des Anges. Cela accréditerait
l’hypothèse que la Règle secrète ne pouvait être connue que des Consolés,
c’est-à-dire des initiés à un degré supérieur.
Précisément, le premier article insiste sur le thème cathare
par excellence, celui de la lumière : « Le peuple qui marchait dans
l’obscurité a vu une grande lumière et ceux qui étaient dans l’ombre de la mort
ont vu cette lumière. » C’est sans doute un lieu commun à toutes les
religions, et plus particulièrement à celles qui prétendent détenir une
tradition ésotérique : la lumière en question n’est pas la lumière
matérielle, mais celle de l’esprit, celle qu’on acquiert seulement après avoir
accompli une quête intérieure, autrement dit l’ illumination .
Et, bien entendu, ne sont « illuminés » que ceux qui adhèrent à une
croyance spécifique, une doctrine que ne connaît pas le commun des mortels.
Mais ce premier article va plus loin, car la lumière dont il s’agit se confond
avec un Dieu dont on affirme avec force l’unicité : « un seul est notre
Dieu et son esprit donne au nôtre l’assurance que nous sommes fils de
Dieu. » Là non plus, il n’y a rien de nouveau, car la théologie hébraïque,
qui n’opère point la distinction trinitaire, insiste sur le fait que nous
sommes tous les fils de Dieu. En un sens, l’affirmation de Jésus-Christ qui
déclare être le Fils de Dieu n’a pas de valeur particulière pour les Juifs,
puisque chacun d’eux peut se permettre la même affirmation. On sent déjà, dans
ce premier article, une volonté délibérée d’amoindrir, sinon de nier, le
concept de Jésus-Christ fils unique de Dieu, tel que le répand l’Église
catholique romaine. Voici déjà une hérésie.
Le second article paraphrase l’Évangile : il faut avoir
des yeux pour voir et des oreilles pour entendre. Mais cela se double d’une
attaque en règle contre l’Église officielle : « Sachez que rois,
papes, évêques, abbés et maîtres ont désiré voir et entendre ce que vous
entendez et voyez, mais ils ne l’ont vu, ni l’ont entendu et ne le
Weitere Kostenlose Bücher