Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Gondoles de verre

Gondoles de verre

Titel: Gondoles de verre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Remin
Vom Netzwerk:
parviendrait à Toggenburg et une autre au ministère des Affaires étrangères à Vienne.
    Ce n’était toujours pas brillant. Malgré tout, il avait le sentiment de s’engager dans la bonne direction. Troubetzkoï haussa les épaules d’ennui.
    — Personne ne peut vous l’interdire, commissaire.
    En prononçant le mot de copie , Tron avait été obligé de penser au père Terenzio. Et soudain, une idée géniale lui traversa l’esprit. Il s’agissait d’un chantage humiliant et illégal, mais qui fonctionnerait à coup sûr. De plus, cela ne pouvait pas nuire de prouver à Bossi que son commissaire avait plus d’un tour dans son sac.
    — Cela étant, reprit-il d’une voix lente, il n’est pas rare, dans de pareils cas, qu’on élabore des copies illégales.
    Il fit une petite pause pour laisser à ses deux auditeurs le temps de digérer ses paroles.
    — Et que ces copies, dit-il au bout de quelques secondes, se mettent à circuler en ville.
    Même à contre-jour, il distingua la soudaine pâleur du grand-prince qui le fixait d’un air incrédule. Il lui fallut quelques instants avant de pouvoir parler.
    — Vous êtes complètement fou, commissaire.
    Tron, encouragé par un toussotement admiratif du sergent Bossi, estima judicieux d’en rajouter : — À l’avenir, Son Excellence passera dans tout Venise – sur la place Saint-Marc, au Ridotto, dans tous les restaurants et cafés, dans les réceptions officielles – pour l’homme qui a étranglé sa maîtresse.
    Voilà, cela devait suffire. Tron réprima l’envie de se frotter les mains. Il se leva, se retourna et se dirigea vers la porte que Bossi lui avait déjà ouverte. Au moment où il s’apprêtait à franchir le seuil, il entendit la voix du consul derrière lui : — Commissaire ?
    Il fit demi-tour. Le grand-prince s’était levé et s’appuyait sur son bureau du bout des doigts. L’expression de colère sur son visage s’était évanouie.
    — Je pense que ce rapport ne verra pas le jour, dit-il.
    Tron haussa les sourcils.
    — Et pourquoi ?
    — Parce qu’il reste un ou deux détails que vous ignorez.
    Le grand-prince désigna la chaise en face de lui d’un geste à la fois résigné et implorant. Dès qu’ils se furent rassis, il se mit à parler : — Potocki ne vous a pas avoué toute la vérité.
    Il haussa les épaules.
    — À sa place, j’aurais fait pareil. J’aurais même, pour être honnête, fait tout ce qui était en mon pouvoir pour vous empêcher de l’apprendre.
    — Quels détails m’a-t-il cachés ?
    — La situation réelle au palais Mocenigo.
    Troubetzkoï s’adossa à son fauteuil et fixa le plafond. Puis il demanda : — Rien ne vous a frappé dans les rapports entre Potocki et l’intendante ?
    — Ils se détestent.
    Le grand-prince observa Tron avec amusement.
    — Leur petit numéro a donc marché.
    — Que voulez-vous dire par là ?
    — Qu’ils ont entamé une liaison environ deux semaines après l’arrivée d’Anna Kinsky à Venise. Constancia et moi ne nous sommes rapprochés que plus tard.
    Troubetzkoï ferma les yeux quelques secondes.
    — Nous nous sommes rencontrés pour la première fois à Saint-Pétersbourg. Comme elle ne connaissait personne à Venise, elle s’est confiée à moi. C’est ainsi que tout a commencé. Je crois qu’elle avait besoin de cette relation.
    — Je pensais qu’elle avait l’intention d’y mettre fin ? l’interrompit le commissaire.
    Le consul hocha la tête.
    — C’est vrai. Mais Potocki ne vous a pas tout raconté. Constancia avait également l’intention de se séparer de son mari. Elle voulait quitter Venise. Son époux n’a pas de revenus propres ni d’héritage en vue. Pour lui, un divorce aurait signifié la ruine. Or elle était fermement décidée à reprendre sa liberté.
    — Que veut dire Son Excellence ?
    — Je veux dire qu’il avait un excellent motif pour tuer sa femme.
    Tron secoua la tête en souriant.
    — Mais je l’ai rencontré dans l’escalier ! À ce moment-là, Mme Potocki était encore en vie puisqu’elle jouait du piano. Potocki ne peut pas être l’assassin.
    — Et où se trouvait Mme Kinsky au moment du meurtre ?
    — Dans le salon. Elle est montée dans sa chambre juste avant que je pénètre dans le vestibule. Elle m’assure que ce sont ses pas que j’ai entendus dans l’escalier de service.
    Le grand-prince émit un rire cynique.
    — Pour une fois, elle dit la vérité.
    — Un instant ! Son Excellence veut

Weitere Kostenlose Bücher