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Gondoles de verre

Gondoles de verre

Titel: Gondoles de verre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Remin
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passage deux assiettes à gâteau et deux tasses à café.
    L’arrivée de deux policiers en uniforme mit fin au cauchemar qui s’acheva aussi vite qu’il avait commencé. Les agents empoignèrent l’excité, lui tordirent le bras dans le dos et l’emmenèrent d’un bon pas, suivis de l’Espagnol. Mme Leinsdorf comprit que, dans l’intérêt de l’ordre public, il n’était pas souhaitable de régler cet incident sur place. Comme le tout n’avait pas duré trois minutes et qu’il n’y avait pas eu de coup de feu, la fanfare avait continué de jouer. Elle aurait peut-être d’ailleurs continué de jouer, songea Mme Leinsdorf, quand bien même le coup serait parti. Il s’agissait d’une fanfare militaire, après tout.
    Elle fit signe au garçon et commanda un deuxième parfait au moka, un deuxième Kännchen de café et encore un double cognac – qu’elle avait bien mérité. Au moment de payer, elle s’abstint d’aider le garçon de quelque manière que ce soit. Pour la peine, elle lui laissa un gros pourboire. La fanfare jouait à présent la populaire Polka d’Anne et Mme Leinsdorf, qui venait de glisser une gondole dans son sac à main, trouvait qu’elle avait passé un après-midi follement divertissant.
    1 - Gentilhomme. ( N.d.T. )

38
    Immobile à quelques pas de l’entrée du poste de police installé au rez-de-chaussée de la tour de l’Horloge, le sergent Valli vit les deux agents en uniforme disparaître dans la foule avec l’homme qu’ils avaient arrêté une petite demi-heure plus tôt. Au moment où il se retourna pour regagner le poste – un trou à rats, mais un vrai bonheur en été –, ses jambes suivirent sans le vouloir le rythme de la Marche des fantassins de Linz que la fanfare venait d’attaquer. Il ne pouvait pas s’en empêcher, ce qui le rendait malade.
    Il avait recommandé à ses deux collègues de se faire confirmer par écrit la remise du prisonnier. Au commissariat, il existait bien entendu un formulaire prévu à cet effet. Lui-même avait rempli le 7634/15 avant de se rendre compte de son erreur et d’utiliser le 7634/14. Le 15 concernait les prisonniers politiques. Or il doutait que ce soit le cas. En vérité, il ne savait pas trop comment classer cette interpellation et était bien content de laisser ce soin à d’autres.
    La consigne de « régler tous les incidents sur la place Saint-Marc de manière rapide et discrète » datait du début des années 1850. À l’origine, elle visait à éviter les rassemblements violents lors d’arrestations à caractère politique. Entre-temps, les interpellations pour raisons politiques étaient devenues rares. Tous partaient du principe que le problème de l’occupation autrichienne se résoudrait de lui-même et que les actes de bravoure ne servaient plus à rien.
    Quoi qu’il en soit, les deux policiers, dans leur hâte, avaient oublié de prendre le nom de l’officier croate qui avait désarmé et maîtrisé l’agresseur. On se retrouvait par conséquent réduit à deux déclarations contradictoires. L’homme au pistolet prétendait qu’il avait juste voulu montrer l’arme tandis que l’autre maintenait qu’il avait été menacé . Quant au sujet de leur querelle, pas moyen de l’apprendre. Ni l’un ni l’autre ne semblait disposé à s’étendre sur cette question.
    Ils avaient été obligés de relâcher celui qui prétendait avoir été menacé à la table du Quadri . Il leur avait présenté un passeport d’après lequel ils avaient affaire à un diplomate. Le sergent Valli avait jugé trop risqué de l’interroger contre son gré. Il craignait les problèmes – surtout avec les diplomates des pays amis. Il ne savait pas trop si c’était le cas – parce qu’il était apolitique –, mais le prétendu diplomate, lui, avait l’air très sûr de son fait. Le sergent avait estimé préférable de ne pas le provoquer.
    Et comme l’autre avait réclamé à cor et à cri de parler au comte Tron, il s’était décidé à le transférer au commissariat après avoir rédigé un bref rapport et à veiller à ce que tout se déroule de manière conforme au règlement. Le commissaire et cet arrogant de Bossi n’avaient qu’à se débrouiller avec cette affaire – si on pouvait parler d’affaire. Au fond, il ne s’était rien passé.
     
    Lorsque Tron revint au commissariat, peu après quatre heures, Bossi lui fit un compte rendu bref et circonstancié des événements. Potocki avait

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