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Grands Zhéros de L'Histoire de France

Grands Zhéros de L'Histoire de France

Titel: Grands Zhéros de L'Histoire de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Clémentine Portier-Kaltenbach
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avait réussi à se procurer le mot de passe du jour, qui par une étonnante ironie du sort était « Conspiration », Malet fait sortir du lit le commandant Soulier, officier supérieur de la caserne. Il lui annonce la mort de l’Empereur et lui donne l’ordre de l’escorter sur-le-champ jusqu’à la prison de la Force.
     
    Le malheureux Soulier, extirpé de son lit de douleur où le tenait une fièvre de cheval, est impressionné par cet officier supérieur galonné aboyant des ordres. L’Empereur mort ? Après tout, pourquoi pas ? Brave, loyal mais pas « malin malin », Soulier obtempère, réunit ses hommes et convoie Malet jusqu’à la Force où l’on procède à la libération de Lahorie, officier royaliste, de Guidal, condamné pour entente avec l’ennemi anglais, et de quelques détenus corses qui se demandent bien ce qui leur arrive et dont l’un sera « parachuté » préfet de la Seine par Malet. Après quoi, Malet donne l’ordre aux uns et aux autres d’aller arrêter le préfet de police, le ministre de la Police, l’archichancelier et le ministre de la Guerre ! À l’exception de ces deux derniers, ces beaux messieurs sont conduits à la Force où ils prennent la place encore chaude de ceux qui viennent à peine de s’en échapper. Boutreux, qui venait de passer en quelques heures à peine de bachelier à commissaire de police, était maintenant promu préfet de police !
    Prévenu de la mort de l’Empereur et de tout ce qui est en train de s’ensuivre, le commandant de la garde nationale de Paris, Jean-François Rabe, fait occuper la Trésorerie et les barrières de la capitale.
    Malet est maître de Paris.
     
    Pendant les heures qui viennent de s’écouler, il a donné toutes les apparences d’un homme normal, mais, tout à coup, il perd les pédales. Il lui reste encore à circonvenir le général Hulin, gouverneur de Paris, commandant la l re division militaire de la capitale depuis la place Vendôme. Après avoir fait bloquer la place par ses troupes, Malet le surprend au saut du lit et lui fait le même topo qu’à ses précédents interlocuteurs : mort de l’Empereur à Moscou, 7 octobre, sénatus-consulte, etc. Mais avec Hulin, ça ne prend pas ! Il demande des explications ! Désarçonné par cette attitude inattendue, Malet, perdant son sang-froid, sort son arme et tire sur Hulin qui a la mâchoire fracassée, ce qui lui vaudra par la suite le surnom de général « Bouflaballe ». Alertés, les subalternes du gouverneur se précipitent à son secours, maîtrisent Malet et le font arrêter ainsi que ses complices, tandis que les différents dignitaires emprisonnés à la Force sont libérés.
    À midi, tout est rentré dans l’ordre. La conspiration du général Malet aura duré six heures tout au plus ! Un coup d’épée dans l’eau !
    Quelques jours plus tard, tous les inculpés dans cette affaire passent devant une commission militaire. Malet prend sur lui toute la responsabilité du complot. Le 29 octobre, il est condamné à mort ainsi que Guidail Lahorie et le malheureux commandant Soulier, brave soldat, père de trois enfants qui l’avait naïvement suivi en pleine nuit, croyant sincèrement obéir aux ordres d’un supérieur hiérarchique.
     
    Sur vingt-cinq accusés, dix sont graciés et quinze condamnés à mort. Pour l’un d’eux, Rabe, la peine de mort sera commuée en peine de prison. En tout, quatorze conjurés seront donc exécutés, dont le détenu corse qui avait eu le malheur de se laisser nommer préfet de la Seine et le jeune Boutreux qui avait accepté le poste de préfet de police ! Escortés de cent trente hommes à pied et cent quatre-vingts cavaliers, les condamnés sont fusillés dans la plaine de Grenelle. En chemin, Malet aurait dit à un passant : « Je tombe, mais je ne suis pas le dernier des Romains ! » Décidément, son séjour en Italie l’avait marqué !
    Sa femme est arrêtée, incarcérée aux Madelonnettes, où elle restera un an. Le corps de troupe de Soulier, qui avait participé au coup de main sans même l’avoir réalisé, fut également sévèrement châtié. Au cours d’une cérémonie solennelle au Champ-de-Mars, les soldats qui le composent « devront déposer leurs sabres, leurs épaulettes et toutes les marques distinctives de leurs grades comme ayant été jugés indignes de toute espèce de distinction qui n’appartient qu’aux braves et fidèles soldats de Sa Majesté ». Ensuite, ils seront provisoirement

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