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Grands Zhéros de L'Histoire de France

Grands Zhéros de L'Histoire de France

Titel: Grands Zhéros de L'Histoire de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Clémentine Portier-Kaltenbach
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Malet comme un forcené qui faillit renverser le pouvoir depuis sa chambre capitonnée, certains ont décrit un peu vite cet établissement comme un asile d’aliénés. En réalité, c’était plutôt une maison de repos, peu surveillée, où l’on soignait davantage les patients à la poularde aux truffes qu’à la camisole de force. Cela étant, même si cet endroit n’était pas à proprement parler réservé aux fous, c’est bien ici que Malet va progressivement le devenir ! Chasser Napoléon du pouvoir tourne en effet chez lui à l’obsession maladive… Il y pense jour et nuit et commence à distribuer en pensée les charges honorifiques du nouveau régime qu’il ne tardera pas à instaurer. Son principal complice, l’abbé Lafon, emprisonné chez Dubuisson pour avoir comploté en faveur du pape, comprend assez rapidement qu’il a affaire à un illuminé prêt à risquer sa vie pour sa lubie et qui, aussi fou soit-il, peut servir à son insu la cause monarchique et catholique.
     
    Malet était un détraqué, sans doute, mais un fou génial, car il a l’idée lumineuse qui peut tout faire basculer en sa faveur : propager la nouvelle du décès de Napoléon qui se trouve alors en Russie. Il va faire croire que l’Empereur y a été tué le 7 octobre d’un coup de feu. Moscou est au bout du monde, les nouvelles mettent quinze jours à arriver jusqu’à Paris. Depuis l’incendie de la ville par les Russes, on est sans nouvelles de la Grande Armée, dont le dernier bulletin date du 27 septembre. Tout Paris s’en inquiète, la mort de l’Empereur est donc parfaitement crédible. Le temps que le pot aux roses soit découvert, Malet aura déjà pris les rênes du pouvoir sans avoir rencontré trop de résistance, car l’archichancelier Cambacérès, qui occupe la tête du gouvernement en l’absence de Napoléon, se borne à expédier les affaires courantes, n’a ni le droit de signer un décret ni celui de prendre la moindre initiative.
    Depuis sa prison, Mallet fabrique de toute pièce un sénatus-consulte (décret du Sénat chez les Romains), un ordre du jour de l’armée, une proclamation aux citoyens et une proclamation à l’armée ! L’article premier du sénatus-consulte stipule que, l’Empereur étant mort, le gouvernement impérial et ses institutions sont abolis. Tous ceux qui voudraient s’opposer à la « régénération publique » sont mis hors la loi. La Légion d’honneur est conservée mais, allez savoir pourquoi, les croix et les grands cordons sont supprimés. Malet désigne un gouvernement provisoire dont la plupart des membres ne sont au courant ni de la conspiration ni évidemment de l’intention de Malet de les nommer à un poste quelconque. Puis il propose que soit rédigé au plus vite un projet de Constitution. Quant à la proclamation à l’armée, elle commence en ces termes : « Bonaparte n’est plus… Le tyran est tombé sous les coups des vengeurs de l’humanité. Grâce leur soit rendue. » Malet a tout prévu : commandements, mouvements de garnisons, etc. Dans son brillant dispositif, la présidence du gouvernement sera proposée au général Moreau ; mais d’ici à ce qu’on joigne ce monsieur, c’est lui, Malet, qui assurera l’intérim et sera par la suite nommé commandant de la place de Paris. Ainsi ficelé, ce complot imparable est prévu pour la nuit du 22 au 23 octobre 1812.
    Le 22 octobre vers 22 heures, Malet et Lafon font le mur et partent à eux deux renverser l’Empire ! Louis Garros nous rapporte leur dialogue :
    « Tout de même… quand l’Empereur apprendra ! lui fait remarquer l’abbé Lafon.
    — Ne pouvez-vous vous pénétrer de l’idée que cet homme est mort », répondit Mallet.
    Il en était persuadé !
     
    Le tandem de comploteurs rejoint des complices rencontrés pendant leur détention, un certain Boutreux, bachelier en droit de son état, que Malet promeut instantanément au poste de commissaire de police, et un nommé Rateau, simple caporal, dont il fait son aide de camp. La veille, Mme Malet a fait porter dans un lieu convenu d’avance une malle contenant un uniforme de général de division pour son mari et des uniformes pour ses comparses. Quatre comploteurs, c’est un bon début, mais il faut maintenant dénicher quelques militaires supplémentaires pour faire plus sérieux. Malet a jeté son dévolu sur la caserne de la garde nationale Popincourt. Après avoir pénétré dans la caserne sans difficulté, car il

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