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Grands Zhéros de L'Histoire de France

Grands Zhéros de L'Histoire de France

Titel: Grands Zhéros de L'Histoire de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Clémentine Portier-Kaltenbach
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sens propre du terme, fit malheureusement d’innocentes victimes.
    Sans revenir sur les détails de la carrière militaire chaotique qui amena Malet à servir successivement, et avec un même enthousiasme, la monarchie, la Révolution puis l’Empire, retrouvons-le en 1807. Il occupe alors les prestigieuses fonctions de gouverneur de Rome, mais il se fait assez rapidement mal voir, car il passe son temps à faire ouvertement état de ses sympathies républicaines. Plus grave encore : il se compromet dans différentes affaires louches, organise un réseau de maisons de jeu et rançonne les navires français qui fréquentent les ports placés sous son autorité.
    Démasqué, il est suspendu de ses fonctions par Eugène de Beauharnais, vice-roi d’Italie, revient en France en juillet 1807 et s’installe à Paris. Ce renvoi, dont il s’imagine à tort qu’il sera suivi de graves sanctions, est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Fou de colère et de rancœur, il n’a plus désormais qu’une idée en tête : se venger de Napoléon ! Sans attendre le résultat de l’enquête diligentée à son sujet – enquête au terme de laquelle il sera tout simplement mis à la retraite –, il commence à recruter quelques complices antibonapartistes auxquels il prétend avoir été privé de son poste de gouverneur pour des raisons politiques. La fine équipe ainsi constituée fait réaliser quelques centaines d’affiches dénonçant la dictature et annonçant que le Sénat vient de prononcer la déchéance de Napoléon, puis elle achète toute une série de couteaux – un par conspirateur –, car il est prévu d’assassiner l’Empereur de la même manière que le fut César, frappé, selon le récit de Suétone, de vingt-trois coups de poignard par une ribambelle de sénateurs. Napoléon mort, le futur gouvernement sera dirigé par les généraux Moreau et Malet.
    À en juger par la grandiose mise en scène qu’il avait envisagée, probablement inspirée – au moins pour les ustensiles de cuisine – de son expérience romaine, Malet n’était pas seulement un monomaniaque de la conspiration, il était très légèrement mégalomane ! La chose ne datait d’ailleurs pas de 1808 ! Analysant sa correspondance avec son épouse, Louis Garros, qui lui a consacré une biographie, relève quelques signes de déséquilibre chez Claude François bien avant son premier coup d’Etat : « Il cultive le moi avec facilité […]. Sa correspondance devient de plus en plus exaltée. Il fait part à sa femme de tout ce qui lui passe par la tête. Il a une solution pour toutes les difficultés qui se présentent. S’il était à la place du général en chef, il ferait ceci, s’il était président de l’Assemblée, il ferait cela. Il a réponse à tout. » Quelles sont ses idées politiques ? Royaliste ? Républicain ? À la vérité, il n’en est pas bien sûr lui-même.
    Ce premier complot organisé par Malet et sa bande de pieds nickelés est finalement éventé grâce à la dénonciation de l’un de ses instigateurs. Ses complices et lui-même sont enfermés à la prison de la Force à Paris en juin 1808. Entre les murs où il va passer quatre longues années, Malet a tout loisir de mûrir son prochain coup. Si son complot a échoué, il en est sûr, c’est parce qu’il avait trop de complices. Pour le coup d’État suivant, il mettra le moins de monde possible dans la confidence.
     
    Durant son incarcération à la Force puis à Sainte-Pélagie, il n’a pas du tout l’attitude d’un détenu politique ne voulant rien devoir au tyran qui l’a fait jeter en prison. Au contraire, il ne cesse d’adresser à l’Empereur et au ministre de la Police d’obséquieuses suppliques dans lesquelles il fait état de la « pureté de ses intentions ». En réalité, il est déjà tellement borderline qu’il aurait peut-être suffi de le nommer général de division et de le pensionner généreusement pour qu’il renonce sur-le-champ à son projet de renversement de la « dictature » impériale. Lorsqu’il ne flagorne pas l’Empereur dans ses lettres, Malet conspire avec ses codétenus : « Il échafaude des plans de renversement du régime, des combinaisons, des coups de théâtre, des mises en scène grandioses qui trahissent déjà la folie qui le guette » (Louis Garros).
    Finalement, il obtient en janvier 1810 d’être transféré dans une maison de santé, la pension Dubuisson. Trop contents de décrire

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