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Grands Zhéros de L'Histoire de France

Grands Zhéros de L'Histoire de France

Titel: Grands Zhéros de L'Histoire de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Clémentine Portier-Kaltenbach
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du personnage. Voltaire et ses amis ne l’appelaient d’ailleurs que Jean Fréron parce que cela donnait comme initiales : J.F. (C’est-à-dire « J’en Foutre » !) Dans sa pièce L’É cossaise , où Fréron est caricaturé dans le personnage de Frelon, un infâme espion et dénonciateur politique, Voltaire le traite de fripon, de crapaud, de lézard, de couleuvre, d’araignée, de vipère, de faquin, de coquin, de dogue, etc. De son côté, Fréron déteste Voltaire au point de s’occuper exclusivement de lui dans ses feuilles à partir de 1745, année de la mort de Desfontaines ! C’est ce que l’on appelle « reprendre le flambeau » ! Quel que soit l’auteur qu’il brocarde, ses critiques s’achèvent systématiquement par une comparaison avec l’œuvre du philosophe.
    Alors que Fréron écrivait entre six et huit volumes par an, qui se souvient encore de l’œuvre de ce critique qui nuisit autant qu’il put à celui que l’on considère de nos jours comme le plus grand philosophe des Lumières ? Fréron a sombré dans l’oubli avec les auteurs médiocres qu’il passait son temps à encenser. Selon Nisard, il avait en effet « la manie d’élever des pygmées de la littérature tels que les d’Arçaq, les d’Arnaud, les Baculard, les Leroi et autres écrivains médiocres, tandis qu’il traînait dans la boue les auteurs les plus justement renommés », justifiant avec éclat la phrase de Bernanos choisie pour illustrer le présent chapitre : « Les ratés ne vous rateront pas. »
Jean-Baptiste Suard
    Notre « double zhéro » suivant est tout aussi inconnu aujourd’hui que le sont Desfontaines et Fréron. Il s’agit d’un certain Jean-Baptiste Suard, (1732-1817), comme eux critique littéraire et homme de lettres, mais également censeur de Louis XVI. Évidemment, comme tous ses contemporains, il a dû naviguer à vue dans l’une des périodes les plus agitées de notre histoire, au cours de laquelle les héros et les zhéros se faisaient et se défaisaient du jour au lendemain, au gré des bouleversements politiques. Nous avons déjà évoqué ce problème de timing qui fait qu’au jour près l’on pouvait devenir l’un ou l’autre. Prenons la période très spécifique des Cent-Jours : en l’espace de trois mois, ceux qui venaient de prêter serment de fidélité au roi, après quinze ans d’allégeance à l’Empereur, étaient mis en demeure de servir à nouveau l’Empire sans savoir que cela ne durerait qu'un trimestre jusqu’à Waterloo et au second retour de Louis XVIII.
     
    Dans un moment pareil, difficile de savoir à quel saint se vouer. Tous ceux qui retournèrent leur veste dans cette période furent recensés dans un livre resté célèbre intitulé Dictionnaire des girouettes , « par un collectif d’auteurs anonymes ». Il s’agit d’un annuaire de plus de quatre cents pages répertoriant quelques centaines d’affidés de l’Empire qui, selon les auteurs, trahirent Napoléon après son départ pour l’île d’Elbe, pour le servir à nouveau à son retour. Ces girouettes sont recensées par ordre alphabétique. La liste en est encore plus indigeste que celle des rois fainéants !
    Parmi les personnes épinglées, citons Bernadotte, qui, « jusqu’au moment où il est devenu prince héréditaire de Suède, aurait prêté plus de dix serments de fidélité différents ». Dans l’édition de 1832 de ce même ouvrage, le nombre de trahisons des « girouettes » est sanctionné par des fanions et ce sont Talleyrand et Fouché qui en récoltent le plus. Talleyrand, onze fanions au compteur, aura été successivement ministre des Relations extérieures de la République française en 1797, de Napoléon jusqu’au 8 août 1807 et du roi nommé le 13 mai 1814.
     
    Mais revenons-en à Jean-Baptiste Suard, dont nous disions qu’il vécut précisément dans cette époque difficile. Était-ce une raison pour faire autant de mauvais choix ? Dans sa jeunesse, il va se montrer plutôt héroïque, puisque ayant été témoin d’un duel au cours duquel se fait tuer le neveu du ministre de la Guerre, il refuse de dénoncer son ami et, pour ce motif, est emprisonné dix-huit mois à la prison de Sainte-Marguerite. Par la suite, il entame une carrière de journaliste et de critique littéraire dans la Gazette littéraire et la Gazette de France . En 1772, il est élu à l’Académie française, mais son élection est annulée par Louis XV en personne, au motif que Suard

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