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Hasdrubal, les bûchers de Mégara

Hasdrubal, les bûchers de Mégara

Titel: Hasdrubal, les bûchers de Mégara Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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ne
pourraient soutenir la cadence nécessaire pour parcourir en si peu de temps pareille
distance. Au printemps, je te le concède, un exploit de ce type n’est pas
impossible pour autant que le navire en question, poussé par le zéphyr, puisse
échapper à la surveillance de notre flotte croisant en permanence au large de
la Sicile et de la Sardaigne. Reprends tes figues et fais un bon dîner avec
elles. Tu as voulu nous effrayer et il est heureux pour toi que la plupart de
nos collègues soient absents car, sinon, tu aurais été la risée de Rome. La
prochaine fois, choisis mieux tes arguments si tu veux nous convaincre de
déclarer la guerre à la cité d’Elissa.
    — À
vrai dire, renchérit Cnaeus Marcellus Rufus, si hostilités il doit y avoir, la
faute en incombera non pas au Conseil des Cent Quatre mais à notre allié
Masinissa que nous avons porté sur le trône de Numidie en éliminant son rival
Syphax. Ce rusé vieillard ne rêve que d’une chose : agrandir son royaume.
Il a de bonnes raisons pour cela. Ses trois fils, Mastanabal, Micipsa et
Gulussa attendent sa mort pour se partager ses dépouilles. Afin de satisfaire
les ambitions de chacun d’entre eux et éviter des luttes fratricides, il doit
posséder assez de territoires pour qu’aucun ne s’estime lésé.
    — Où
veux-tu en venir ? grogna Marcus Porcius Caton.
    — A
ceci : profitant de la faiblesse militaire de Carthage, notre allié a
envahi le territoire des Grandes Plaines, situé au nord de la cité d’Elissa
ainsi qu’une province nommée Tysca, réputée pour la richesse et la multitude de
ses villes. Hannon le Rab a eu beau protester contre cette violation du traité
qui laissait à sa cité les territoires qu’elle contrôlait au moment de sa
défaite, le souverain numide n’a rien voulu entendre et a établi de puissantes
garnisons dans ces régions conquises par la ruse.
    — Ce
sont là des accusations sans fondement, murmura Caton.
    — Non,
fit Cnaeus Marcellus Rufus. J’ai pu le constater sur place et le fait vous sera
confirmé par l’ambassade carthaginoise conduite par Azerbaal. Elle attend,
illustres Pères conscrits, dans une pièce attenante d’être reçue par vous afin de
vous exposer ses griefs.
    — Mes
interlocuteurs, grinça Marcus Porcius Caton, m’accusent de vous dissimuler la
vérité. Je constate qu’ils prennent aussi des libertés avec elle lorsque cela
les arrange. En se rendant à notre séance, Publius Cornélius Scipion Corculum
savait qu’il pourrait demander à Cnaeus Marcellus Rufus d’intervenir devant
vous. Je n’en étais pas prévenu car, si tel avait été le cas, j’aurais battu le
rappel de mes partisans afin de nous opposer à cette déposition. Maintenant,
Publius Cornélius Scipion Corculum nous apprend qu’une délégation carthaginoise
est présente dans cette enceinte. C’est une atteinte intolérable à nos
prérogatives et je vous le dis : il ne saurait être question de la
recevoir. Sa présence à Rome est une insulte grave à la mémoire de nos soldats
tombés à La Trébie et à Cannes en combattant contre Hannibal. Qu’elle retourne
chez elle et attende que nous lui communiquions nos décisions lorsque bon nous
semblera !
    — Tu
étais absent lors de la séance qui a décidé que cette délégation pourrait se
présenter devant nous en cette journée et tu feins de faire comme si tu n’étais
pas au courant de l’ordre du jour de nos délibérations aujourd’hui. Or celui-ci
t’a été communiqué régulièrement et, au début de la séance, tu n’as élevé
aucune objection à ce sujet. Mieux, quand, dans mon discours, j’ai mentionné
explicitement la présence des ambassadeurs puniques, tu n’as pas réagi ni
manifesté ta désapprobation. Pourquoi le fais-tu maintenant ?
    — J’ai
changé d’avis depuis le début de cette séance.
    — Libre
à toi mais il est trop tard pour t’opposer à cette audience dont le principe a
été voté par tes pairs. Ne pas accueillir dans cette enceinte ces délégués
serait commettre une grave erreur qui nous aliénerait, à coup sûr, les
sympathies de tous nos alliés, inquiets d’un pareil précédent. Veux-tu que les
Grecs, les Ibères et bien d’autres peuples se révoltent parce que tu as décidé
de les ignorer ou de les mépriser ? Vas-tu nous dire qu’il faut détruire
non seulement Carthage, mais aussi Sagonte, Massalia ou Athènes ? Aussi,
fit Publius Cornélius Scipion Corculum,

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