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Haute-Ville, Basse-Ville

Titel: Haute-Ville, Basse-Ville Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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une seule petite lumière allumée dans un coin de la pièce, les trois hommes, à la lueur des flammes du foyer, ressemblaient à des conjurés. L'hôte mit rapidement ses complices au courant des derniers événements.
    —    Qu'est-ce que Renaud Daigle peut bien venir faire dans cette histoire? demanda Antoine Trudel à haute voix, traduisant la préoccupation des deux autres.
    —    Il ne m'aime pas, mais cela n'explique rien, murmura Henri.
    Il n'eut pas besoin d'apporter des précisions, les deux autres savaient.
    —    Pourrait-il avoir des intérêts politiques ? demanda Descôteaux.
    —    Cela paraît bien improbable, déclara le ministre. Ce n'est pas un vrai libéral, mais ce n'est pas un conservateur non plus. Ces questions le laissent plutôt indifférent.
    —    Il a tout de même fait la connaissance de Lavigerie, dit Descôteaux.
    —    Tout le monde fait la connaissance de Lavigerie, tôt ou tard. C'est une plaie de notre belle ville, comme les hivers trop froids.
    Le ministre marqua une pause, plus il reprit :
    —    Vous avez entendu parler du verre que ce trou du cul est venu lui offrir le soir des élections ? Daigle s'était engagé à faire la même chose s'il l'emportait dans Montmagny, à ce qu'on m'a dit. Il vend ses compétences, comme tout bon avocat.
    —    L'amour de la justice, alors? demanda Descôteaux. C'est noble, mais cela peut être dangereux. Il en sait beaucoup. Son initiative d'aller chez la femme de ce policier le démontre.
    —    Son métier lui permet de comprendre que les théories de Gagnon ne constituent pas des preuves, opina Antoine Trudel.
    —    Malheureusement, nous ne connaissons pas ses intentions. Nous devrons attendre qu'il se manifeste.
    Le premier ministre marqua une pause, s'agita sur sa chaise avant de murmurer :
    —    La curiosité le motivait peut-être. Toutefois, une petite mésaventure survenue ce soir risque de l'indisposer à notre égard. Il en fera une affaire personnelle, désormais.
    L'homme raconta à ses visiteurs ce qu'il savait de l'agression contre Daigle.
    —    Peut-être s'occupera-t-il de ses affaires, désormais, comme on le lui a dit, intervint le ministre la voix chargée d'espoir.
    —    Tout comme il peut considérer avoir maintenant un compte à régler avec nous ! Il devine certainement notre rôle.
    Descôteaux ne paraissait pas optimiste du tout.
    —    Prenons les devants, proposa Trudel. Si vous le contactiez...
    —    Ce serait un aveu de culpabilité. Actuellement il ne peut avoir que des doutes. Ne lui donnons pas une certitude.
    Tous les trois songeaient à la même chose: si Renaud Daigle disparaissait, tout rentrerait dans l'ordre. L'initiative d'Ovide Germain ouvrait des perspectives nouvelles.
    S'endormir serait s'exposer toute la nuit à une nouvelle agression. Rester éveillé avec une arme à portée de la main ne disait rien à Renaud. Sans l'opiacé, la douleur chasserait le sommeil. S'il prenait son médicament, quelqu'un pourrait de nouveau forcer sa porte et le trouver sans défense.
    Il savait maintenant qu'il était le seul à connaître les noms des auteurs de l'assassinat de Blanche Girard, à part les coupables et les complices de cette conspiration, bien sûr. Le décès de Gauthier, l'enfermement de Gagnon, l'ignorance de sa femme et la disparition des carnets lui donnaient cette certitude. Un coup de rasoir porté à sa gorge tirerait ces hommes de leur guêpier. Comment savoir à quelle extrémité ils se sentaient acculés ?
    L'avocat ne ferma l'œil qu'au lever du jour. Epuisé, à midi il se trouvait dans l'un de ses fauteuils, un petit-déjeuner et une tasse de thé sur une petite table près de lui. Il sursauta quand le téléphone sonna. Les yeux sur le combiné, il n'osait répondre. Il se décida après une demi-douzaine de coups, pour entendre le concierge lui dire :
    —    Il y a une personne ici pour vous. Une jeune femme.
    Cet idiot de concierge laissait passer les cambrioleurs, mais arrêtait les jeunes femmes. Renaud pensa tout de suite à Lara.
    —    Laissez-la monter !
    Quelques minutes plus tard, la jolie rousse se tenait devant lui, terriblement émue. Elle avait craint qu'il ait complètement oublié son invitation... et sa promesse. Un sac de voyage pendait au bout de son bras droit. Il ne comprit pas d'abord. Elle dut préciser :
    —    Je n'en peux plus...
    Deux grosses larmes coulaient sur ses joues. Il lui

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