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Haute-Ville, Basse-Ville

Titel: Haute-Ville, Basse-Ville Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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à son contrat serait limpide pour Descôteaux. L'exercice lui faisait penser à une assurance sur la vie. Le premier ministre devait devenir très intéressé à le garder en bonne santé.
    Ils eurent fini assez tard dans l'après-midi. Il fallait maintenant se rendre à la poste. Renaud revêtit sa chemise la plus ample. Il trouva toutefois le poids d'un paletot sur sa poitrine difficile à supporter. Néanmoins, le grand air lui fit du bien. Tout le long du trajet avec Lara pendue à son bras, il eut l'impression d'être surveillé. Pourtant, Ryan avait pris très au sérieux la directive de Descôteaux de laisser l'avocat tranquille. Quand la grande enveloppe fut oblitérée et jetée dans un sac postal, il déclara à voix basse :
    —    Mon sort est maintenant entre les mains de la Poste royale canadienne.
    —    C'est fiable, ça? demanda sa compagne.
    —    Si elle ne l'est pas, il n'y a plus qu'à mettre fin à nos jours. Ce sera la fin du monde civilisé.
    Elle se réjouit de le voir retrouver un certain humour. Au comptoir, il s'était informé de l'heure de la dernière levée du courrier, et du moment où la lettre recommandée arriverait à destination. On l'assura que ce serait mercredi matin. Cela lui permettrait de donner son cours avec un sentiment de sécurité relatif. En revenant vers le Morency, il arrêta à la grande maison des Descôteaux, rue Grande Allée, pour laisser sa seconde missive à un domestique. Le premier ministre pourrait en prendre connaissance avant de passer à table. Il espérait qu'elle lui vaudrait une sévère indigestion.
    S'il n'eut pas de malaise, le premier ministre n'avala presque rien. Il quitta la table rapidement pour rejoindre les deux Trudel dans son bureau. Il les voyait beaucoup trop souvent à son goût ces derniers temps. Il montra la lettre aux deux hommes défaits.
    —    Quel règlement peut bien désirer ce prétentieux ? lança Antoine Trudel.
    Il fulminait contre celui qu'il avait un moment espéré avoir pour gendre.
    —    Au lieu de te mettre en colère, tu devrais te réjouir. A sa place, Lavigerie aurait réservé les plus grandes salles de la ville pour raconter son histoire dès hier midi. Tu aurais des camelots à tous les coins de rue avec des éditions spéciales de L'Evénement. Daigle n'a rien dit encore, et il nous indique souhaiter prendre son temps. C'est une excellente nouvelle.
    Descôteaux affichait un optimisme un peu exagéré. Toutefois, l'avocat abordait la situation comme un homme de bon sens.
    —    Il nous menace de tout rendre public ! tonna le père Trudel.
    —    Pas du tout. Il nous dit de le garder en bonne santé. Que veux-tu qu'il fasse? Un maniaque lui a donné un coup de rasoir à deux pas de sa porte. S'il a mis autant de soin à préparer cette petite assurance sur la vie qu'à fignoler ses rapports sur le Labrador, nous faisons mieux de le laisser tranquille.
    Henri sortit de son mutisme pour demander :
    —    Que peut-il entendre par «régler tout cela»?
    —    Effrayé, il voudra une garantie pour sa sécurité, expliqua le premier ministre.
    —    S'il veut les livrer à la justice ?
    Antoine Trudel tolérait de plus en plus mal toute cette tension. Il se massait le haut du bras gauche et ses lèvres prenaient une teinte bleutée. Allait-il se retrouver avec un ministre cardiaque, maintenant ? Il crut utile de lui dire :
    —    Tu devrais prendre une période de repos. As-tu vu ton médecin récemment ?
    —    La semaine dernière. Il me dit la même chose. Seigneur ! Mon fils risque de se retrouver en prison. Comment veux-tu que je me repose ?
    —    Nous le rencontrerons bientôt. Neuville me dit qu'il aime son travail à l'université et le fait bien. Pourquoi souhaiterait-il tout ruiner? Nous connaîtrons bientôt ses attentes. Si au moins nous savions qui a tué cette fille...
    Les derniers mots de Descôteaux firent sursauter Antoine Trudel.
    —    Tu sacrifierais cette personne ?
    —    Ce ne serait pas un sacrifice. S'il avait été possible de se débarrasser des coupables sans ruiner la vie des innocents, l'été dernier, tu ne l'aurais pas fait ?
    En réalité, dès le début, le politicien avait pensé à sauver Henri Trudel et la réputation du Parti. Ses yeux fouillaient ceux du jeune homme, en disant cela.
    Ils avaient acheté des aliments en revenant à la maison. Renaud récupérait de sa blessure, sa terreur s'amenuisait. Quant à

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