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Haute-Ville, Basse-Ville

Titel: Haute-Ville, Basse-Ville Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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serait le paradis, comparé à son passé. Si cela se terminait ainsi, tant pis ! Pendant    la nuit, elle avait acquis la
    certitude qu'elle ne retournerait    plus au bordel. Renaud
    respecterait sa promesse. L'homme    dut s'arracher à son corps
    car il devait donner son cours ce    jour-là. Il regarda le devant de son pyjama et lui dit:
    — Heureusement, il semble faire froid, cela va me calmer un peu.
    À huit heures quarante, le professeur se trouvait dans son amphithéâtre. Il s'efforça de ne pas fixer des yeux les jeunes libéraux. Cette désignation s'effaçait de son esprit, remplacée par une nouvelle: les «violeurs». Ils semblaient tout à fait détendus. Comme d'habitude, certains d'entre eux vinrent lui dire quelques mots : Bégin, Marceau et Saint-Amant. Lafrance présentait sa mine habituelle d'étudiant stupide. Seul Henri Trudel affichait une attitude différente. Le diplômé sûr de lui et le fiancé arrogant disparaissaient derrière un masque d'inquiétude.
    Renaud expliqua qu'il n'utiliserait pas le tableau noir à cause d'un petit accident l'empêchant de lever le bras et de bien écrire. À ce moment, Henri Trudel se pencha sur ses papiers. «Il sait donc», pensa le professeur. Peut-être avait-il commandé cette agression ? A tout le moins, il en avait été informé.
    Avec cette pensée en tête, il donna un cours morne, se perdant souvent dans ses notes. C'était sa pire performance depuis septembre. Il récita le tout en restant assis, ne répondant que brièvement aux questions. A la fin de son exposé, il reçut les souhaits de « Bonne semaine » habituels en répondant à peine; personne ne s'attarda autour de son bureau pour entamer une discussion.
    Quand il remit les pieds dans son appartement, un peu après midi, il entendit des sanglots depuis la porte. Lara se tenait recroquevillée sur la causeuse, se faisant toute petite, les épaules secouées par ses pleurs. Elle avait la lèvre inférieure enflée, fendue, avec un peu de sang sur le menton. Son air d'enfant terrorisé le toucha au cœur. Il la serra contre lui pour la calmer un peu. Elle prit de grandes respirations, puis expliqua après un moment :
    —    Il m'a vue. Il a tenté de me ramener.
    —    Qui?
    —    Ovide Germain.
    Le réfrigérateur étant vide, elle avait décidé d'aller faire des courses. Le proxénète l'avait aperçue de son camion. Il avait tenté de la faire monter de force. Elle s'était débattue an point de lui faire abandonner la partie. Son désespoir était tel, à cet instant, qu'elle se serait fait tuer sur place plutôt que de le suivre.
    —    Il m'a dit qu'il me retrouverait, balbutia-t-elle dans de nouveaux sanglots. Il ne peut te toucher, toi, mais je suis sa propriété !
    Renaud enregistra l'information. Les ordres du premier ministre avaient atteint ce voyou. Cependant, il avait aussi fait le lien entre lui et Lara.
    —    Comment se fait-il qu'il sache que c'est moi ?
    —    Tu es venu au Chat depuis septembre, toujours pour moi. Tu étais un sujet de conversation dans la maison.
    —    Qu'est-ce que c'est, cette histoire de propriété ?
    Renaud comprit en prononçant le mot. Elle répondit en baissant les yeux :
    —    Je lui rapportais de l'argent...
    —    J'aurais dû le payer pour te laisser partir ?
    Il avait bien fait cette suggestion, mais Lara l'avait repoussée. Elle expliqua entre ses pleurs :
    —    Il lui arrive de laisser une fille partir en lui donnant un cadeau. D'autres fois, il refuse, sans raison, méchamment. Il suit l'humeur du moment.
    Si son humeur se révélait cruelle, il pouvait faire disparaître des filles. Les autres se souvenaient de ces « exemples ».
    —    Il faudra te cacher, conclut son compagnon. Ici, cela peut devenir très dangereux.
    La terreur envahissait ses yeux. Elle désirait rester près de cet homme, même si cela voulait dire demeurer à portée de main d'Ovide Germain.
    —    Demain, tu iras dans un endroit discret à Montréal, continua-t-il. Je ne sais pas où, mais je vais trouver.
    L'immense inquiétude dans les grands yeux verts l'amena à ajouter:
    —    Je m'occuperai de ma propre affaire, et de la tienne. Fais-moi confiance, je vais trouver une solution. Ces gens-là ont trop à perdre pour me refuser un service.
    S'il l'exigeait, tout le service de police de Québec se mobiliserait pour empêcher ce petit criminel de nuire.
    À Château-Richer, du côté des

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