Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Helvétie

Helvétie

Titel: Helvétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
Vom Netzwerk:
Confédération est sauvée et sort même fortifiée de cette épreuve, que la neutralité suisse est admise, admise par les nations, et nos dix-neuf cantons unis, nous restons pour l’Europe future un germe, une promesse, un exemple. Quand les peuples auront compris…
     
    – Quand les monarques auront compris, monsieur le pasteur ! Car les souverains absolus, qui règnent encore et tiennent alternativement leurs sujets pour serfs et chair à mitraille, n’ont pas encore compris, coupa Chantenoz, un peu gris.
     
    – Auront compris quoi ? demanda Flora.
     
    – Que la Révolution française n’a pas été une grosse émeute sociale, mais le commencement de la fin d’un monde ! Un tremblement de civilisation, dont l’épicentre a été Paris. Et les ondes puissantes de ce bouleversement – Napoléon fut l’une d’elles – ne sont qu’assoupies. Elles surgiront à nouveau et anéantiront leurs trônes et leurs dominations ! L’Europe ne se fera, Monsieur le Pasteur, que sur les ruines des monarchies !
     

    Les événements semblèrent, pendant toute l’année 1814, contredire les prévisions de Martin Chantenoz. Quand les Alliés entrèrent dans Paris, le 30 mars, et que le maréchal Sérurier, grand soldat à l’honnêteté légendaire, fit brûler, dans la cour d’honneur des Invalides, les mille quatre cent dix-sept drapeaux pris aux ennemis de la France afin que ces trophées ne retombent pas entre leurs mains, toute l’Europe sut que la puissance napoléonienne était anéantie et que la France acceptait la défaite.
     
    Un journal de Lausanne rapporta la réponse du brave général Daumesnil, unijambiste et gouverneur du fort de Vincennes, à l’envoyé des Russes, qui lui proposait deux millions pour qu’il livrât la place sans combat : « Allez dire aux Russes que je leur rendrai Vincennes quand ils m’auront rendu ma jambe ! »
     
    Les actes de bravoure des Français au cours de la campagne n’avaient pas été sans inquiéter Charlotte Métaz. Elle imaginait Blaise, dont la dernière lettre, de janvier, ne faisait état que d’une prochaine libération du pape, conduisant des charges désespérées contre les envahisseurs. Elle ignorait que Fontsalte, attaché par les Affaires secrètes à la personne de Joseph Bonaparte, ne courait plus aucun danger. Nommé par Napoléon, le 28 janvier, lieutenant général avec mission de défendre Paris, Joseph avait discrètement quitté la capitale le 30 mars, après avoir « pourvu à la sûreté de l’impératrice et du roi de Rome ». Tandis que le Sénat proclamait la déchéance de l’empereur, son frère, et faisait appel à Louis XVIII, l’ex-roi d’Espagne attendait à Orléans, avec sa femme, ses filles, son secrétaire et son médecin, la suite des événements.
     
    Charlotte ignorait aussi que Blaise avait proposé de conduire Joseph Bonaparte en Suisse. Et cela clandestinement, puisque le frère de l’empereur abdicataire avait refusé, pour obtenir un passeport, de s’engager par écrit à ne pas rentrer en France sans autorisation d’un gouvernement encore dans les limbes.
     
    1 Cette planche, datée du 8 juin 1581, est conservée à la Bibliothèque publique de Genève. Paul Schauenberg en a donné une reproduction dans son excellent ouvrage le Léman vivant , éditions Journal de Genève-Gazette de Lausanne, 1984.
     
    2 Ce recueil se trouve au musée du Vieux-Vevey.
     
    3 Jean Capo d’Istria (1776-1831). Il exerça, d’abord, de hautes fonctions dans le gouvernement des îles Ioniennes, constituées, entre 1802 et 1807, en État autonome vassal de la Turquie et protégé par la Russie. Fervent admirateur de celle-ci, il entra à son service en 1809. Son talent pour l’intrigue le fit charger, par l’empereur Alexandre I er , de plusieurs missions diplomatiques auprès de diverses puissances de l’Europe. Il assista au congrès de Vienne, en 1815, où il exerça une grande influence sur le tsar.
     
    4 Capo d’Istria, premier citoyen d’honneur du canton de Vaud et bourgeois d’honneur de Lausanne , Jean Hugli, Revue historique vaudoise, juin 1956, Lausanne.
     

5.
     
    La complicité ironique du temps et de l’histoire fit que les Veveysans apprirent le 13 mai 1814 l’entrée du roi Louis XVIII à Paris, quatorze ans, jour pour jour, après qu’ils eurent acclamé Bonaparte sur la place du Marché. Le général au teint jaune qui, le 13 mai 1800, avait passé en revue les

Weitere Kostenlose Bücher