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Helvétie

Helvétie

Titel: Helvétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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t’appartiennent ? Il faut bien qu’ils viennent de quelque part, puisque les voilà en ma possession.
     
    L’homme n’était pas de force à résister. Pressé de s’expliquer, il confessa qu’il était venu à un rendez-vous pour recevoir une lettre.
     
    – Et c’est Mademoiselle, ici présente, qui t’a donné les papiers que voilà ? Il n’y avait personne d’autre sur la berge et trois militaires, dont un maréchal des logis et un brigadier de la Garde, ont assisté à la remise du paquet, suggéra Blaise.
     
    – Ben… oui…, oui, c’est comme ça. Mais je sais pas ce que c’est que ces papiers, hein ! Moi, on m’a dit : « Tu vas à Vevey entre les Belles-Truches et Rive-Reine, à deux heures de la nuit, et on te remettra un courrier que tu rapporteras. » On m’a donné vingt batz 1 pour ce travail… parce que c’est un travail d’aller sur le lac la nuit… et sans fanal, que j’avais promis !
     
    – Qui t’a envoyé, à qui et où dois-tu remettre ce… courrier ?
     
    – C’est un pasteur qui m’a envoyé. Je veux dire un de la religion papiste, avec une robe comme les chanoines de Martigny. Au retour, je dois poser le paquet au-dessus du deuxième pieu du ponton de Villeneuve, entre deux planches. Le curé m’a montré. C’est là qu’on doit venir le prendre. C’est tout ce que je sais, Monsieur l’Officier. Je suis pas un espion, moi, comme y disent vos soldats.
     
    – Imbécile, tiens donc ta langue ! intervint Flora.
     
    Un des chasseurs la fit taire d’une bourrade. Fontsalte ignora et la phrase et le geste du soldat.
     
    – Eh bien, vous voyez, nous avançons un peu. Ce brave homme doit être sincère. Ce n’est qu’un porteur de message salarié. Peut-être même ignore-t-il le contenu de ces papiers…
     
    – D’abord, je sais pas lire, coupa l’homme, en partie rassuré par la tournure de l’interrogatoire.
     
    – Ça ne te met cependant pas à l’abri de tout châtiment. Les espions, en temps de guerre, on les fusille. Mais enfin, nous verrons ton cas plus tard et tout dépendra de ta sincérité et de l’aide que tu accepteras de m’apporter.
     
    – Je suis pas un espion. Je sais rien ! se contenta de répéter le batelier.
     
    – Il ne sait rien, c’est un nioque 2 , lança Flora.
     
    Fontsalte se tourna vers la jeune femme et la fixa durement.
     
    – Voyons, mademoiselle, vous ne pouvez plus nier avoir remis cet intéressant rapport à ce batelier. Il vous reste à m’expliquer d’où il vient, puisque je sais déjà qu’il est destiné à un général autrichien !
     
    Flora, se voyant découverte, dénoncée par la couardise du bacouni et compromise, opta pour une autre forme de défense.
     
    – C’est un homme que j’ai rencontré qui m’a demandé de porter…
     
    – Allons, allons, cessons de jouer au plus fin ! Je n’ai d’ailleurs que faire de vos aveux et je n’en attends pas. Cela me suffit, dit Blaise en agitant les papiers.
     
    Puis il s’adressa à Titus :
     
    » Maréchal des logis Trévotte, vous êtes responsable des prisonniers. Attendez mon retour sans broncher.
     
    Blaise tourna les talons, saisit une lanterne et se dirigea vers la porte de l’écurie. Ayant traversé la terrasse, il hésita un court instant devant la grande maison, noire et silencieuse, où tout dormait. Il se résolut enfin à forcer, d’une simple poussée, la porte-fenêtre du salon où, quelques heures plus tôt, se trouvaient réunis les amis de M me  Métaz. Fontsalte prit le temps d’allumer quelques chandelles puis, passant dans le corridor, avisa un chaudron de cuivre. « Exactement ce qu’il me faut. Nous allons sonner le réveil », pensa-t-il. Tirant de sa ceinture un de ses pistolets, il frappa de la crosse le chaudron qui retentit, tel un gong. Comme un coup de cymbale, le son cuivré se propagea en échos dans toute la maison. Du côté des cuisines, un chien se mit à aboyer rageusement, mais Blaise ne cessa de carillonner qu’au moment où s’ouvrit, au premier étage, sur la faible clarté d’une chandelle, une porte de chambre. Il reconnut aussitôt la voix apeurée de Charlotte Métaz.
     
    – Polline, Polline, que se passe-t-il ? Mon Dieu, c’est le feu. Polline, où es-tu ? Polline…
     
    – Ce n’est pas le feu, madame, rassurez-vous. C’est le capitaine Fontsalte, qui vous prie d’excuser cette intrusion en pleine nuit. Mais je dois, pour une question de

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