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Helvétie

Helvétie

Titel: Helvétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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Charlotte en s’élançant vers son amie, prête à l’étreindre comme si la jeune fille venait d’échapper à un danger capital.
     
    Le capitaine Fontsalte prévint le geste de M me  Métaz et présenta à cette dernière la liasse de feuillets compromettants.
     
    – C’est bien la même écriture que celle que vous venez de reconnaître il y a un instant, n’est-ce pas ?
     
    Charlotte s’empara des feuillets et se retourna vers le chandelier. Avant que la jeune femme ait eu le temps de lire et de proférer une parole, Flora tenta de se précipiter vers elle, mais Fontsalte la retint sans ménagement par les cheveux.
     
    – Brûle-les, brûle-les, brûle-les donc ! cria Flora à Charlotte, tout en se débattant afin d’occuper l’officier.
     
    M me  Métaz ne réagit pas et sa stupeur prouva à Blaise qu’elle n’avait encore rien compris à l’affaire. Il saisit le bras de Flora, le tordit jusqu’à ce que la douleur incitât la jeune fille à mettre un terme à ses gesticulations, fit deux pas vers Charlotte et réclama les papiers, qui lui furent remis sans réticence.
     
    – Ces documents sont bien de l’écriture de M lle  Baldini ? demanda l’officier.
     
    Charlotte, fixant Flora, parut hésiter sur la conduite à tenir.
     
    – Je ne sais ce que je dois dire, fit-elle naïvement.
     
    – Tais-toi ! Tais-toi ! hurla la captive.
     
    – Dites la vérité, madame, c’est tout ce que je vous demande, ordonna, impératif, le capitaine.
     
    – Je crois bien qu’il s’agit de l’écriture de Flora, en effet…, mais je ne comprends rien à ce qu’elle a écrit ! Est-ce un articulet sur la revue de cet après-midi, pour le Bulletin helvétique de Lausanne ? Flora en a déjà envoyé. N’est-ce pas, Flora ? demanda Charlotte d’un ton mondain.
     
    – Tu es une oie, Charlotte, une oie ! Tu ne te rends pas compte du mal que tu fais ! Non, ce n’est pas un articulet. Ce n’est pas non plus une ode à la Chantenoz ! C’est un rapport sur la sale armée des Français ! Un rapport pour le général autrichien qui va les tailler en pièces quand ils entreront en Italie, comme le maréchal de Melas a étouffé l’armée de Masséna dans Gênes ! Oui, je suis une espionne et une femme qui veut venger son fiancé et les six cents Gardes-Suisses massacrés aux Tuileries en 92 ! acheva-t-elle en se tournant vers Fontsalte.
     
    M me  Métaz, entendant ces révélations, autant d’aveux, s’adossa au piano.
     
    – Ah ! non ! Tu ne vas pas te trouver mal ! C’est tout ce que tu sais faire, ma pauvre Charlotte ! Mais, pour l’heure, épargne-moi ça. Garde tes vapeurs pour quand je serai fusillée !
     
    – Fusillée pour ça ! Fusillée ! Tu es folle ! Ce n’est pas possible, capitaine. Dites-le-lui !
     
    – Nous sommes en guerre et, si j’applique notre loi, M lle  Baldini sera passée par les armes avant le lever du jour. Vous l’avez entendue comme moi, la haine qu’elle porte à la France en fait une alliée active de l’ennemi autrichien. Ignorez-vous que les gens de son espèce en veulent aussi à la vie du Premier consul ? Les émigrés et leurs complices ont déjà perpétré des attentats et notre ministre de la Police, le citoyen Fouché, a déjoué il y a quelques jours une conspiration montée en Suisse. Cette femme en fait peut-être partie. Un tireur devait envoyer une balle au général Bonaparte quand il passera vos montagnes. Dois-je vous rappeler aussi le sort que les Autrichiens et Souvarov ont réservé à vos compatriotes en 1798 ?
     
    Le ton de Blaise de Fontsalte ne prêtait pas à l’équivoque. Charlotte reprit place dans son fauteuil et, la tête dans les mains, se mit à sangloter.
     
    Fontsalte se tourna vers la porte-fenêtre, restée ouverte, et appela Titus.
     
    – Conduis la prisonnière au château baillival, enferme-la, fais bonne garde. Tu es responsable sur tes galons. Et attends mes ordres.
     
    L’ordonnance salua et fit mine d’entraîner Flora Baldini.
     
    Devant la détermination de l’officier français, la jeune fille avait perdu de sa superbe.
     
    – Je voudrais embrasser Charlotte, j’ai été méchante et je ne voudrais pas la quitter sur des mots durs, demanda-t-elle.
     
    Blaise fit signe à Titus de la laisser aller. Les deux femmes s’étreignirent fougueusement.
     
    – Mon Dieu ! Mon Dieu ! Que dois-je faire maintenant ? bafouilla Charlotte.
     
    – Prie pour

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