Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Helvétie

Helvétie

Titel: Helvétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
Vom Netzwerk:
pas ?
     
    – C’est exact, et cela n’a pas l’air de vous surprendre !
     
    – J’ai su par Flora tout ce qui s’est passé. Quand, cette nuit-là, vous avez fait emmener mon amie par le sous-officier, elle n’a pas cru un instant qu’on lui laisserait la vie. Elle a craint un simulacre d’arrangement et, comme le couteau que vous m’aviez offert un moment plus tôt se trouvait encore sur mon piano, elle s’en est emparée. Je vous jure qu’elle en ignorait alors la provenance.
     
    – Pourquoi prendre ce poignard ? Quel usage comptait-elle en faire ?
     
    – Elle avait l’intention de se tuer ou de tuer son geôlier et de se sauver si la promesse que vous m’aviez faite n’était pas tenue. D’ailleurs, elle ne s’en est pas servie puisque au bout de trois ou quatre jours Flora a été libérée, mais condamnée à quitter sur l’heure le pays.
     
    – Comment, elle ne s’en est pas servie ! Au moment de son élargissement, elle a voulu poignarder le maréchal des logis Trévotte ! C’est lui qui l’a désarmée. Reconnaissant ce poignard, il s’en est saisi et me l’a rendu.
     
    L’étonnement de Charlotte parut tout à fait sincère.
     
    – Ce n’est pas du tout ce que m’a rapporté Flora quand nous l’avons embarquée sur un bateau de mon mari pour la Savoie. Elle m’a dit que votre ordonnance s’était montré… un peu trop entreprenant, même prêt à user de violence, et qu’elle avait, en effet, brandi le poignard qu’elle cachait dans son bas depuis son arrestation. Votre homme l’a désarmée en lui tordant le bras, mais, comme les gendarmes à qui il devait confier la proscrite arrivaient avec un officier, ce Trévotte s’est résigné à la laisser aller. Il a empoché le couteau sans rien dire, mais en lui jetant des yeux terribles, m’a dit Flora.
     
    La version différait sensiblement du récit que Trévotte avait fait à Fontsalte. Qui mentait, du sous-officier ou de l’espionne pardonnée ? Titus avait-il exagéré la riposte de Flora au moment de ce qu’il fallait bien appeler un viol ? Avait-il ou non possédé la jeune fille ? Celle-ci, honteuse d’avoir été contrainte à satisfaire le désir de Titus, avait-elle arrangé les circonstances à sa façon pour ne pas avouer à son amie ce qui s’était réellement passé entre elle et le sous-officier ? Autant de questions qui trouveraient peut-être un jour leur réponse. En attendant, Blaise s’abstint de les poser.
     
    – Le maréchal des logis Trévotte m’a raconté tout autre chose, madame, mais, comme il n’est pas ici aujourd’hui, il me paraît difficile de connaître la vérité. D’ailleurs, c’est sans importance. La chose qui me… peinait, c’est de penser que vous aviez remis vous-même ce couteau à Flora. Quand Titus m’a rendu ce poignard, alors que nous venions de passer le Saint-Bernard, j’ai un moment regretté de ne pas m’être conduit, cette nuit-là, en vrai soudard, de ne pas avoir usé de ma force… ou profité de votre possible… résignation !
     
    M me  Métaz lançait des regards du côté du porche de l’église, que franchissait parfois un Autrichien curieux ou un blessé cherchant calme et fraîcheur. Elle posa la main sur la poitrine de Blaise, suivant de l’index, avec le toucher d’une caresse, le contour d’un brandebourg.
     
    – Ce qui me peine, moi, monsieur, c’est que vous ayez imaginé, non que j’aie armé Flora pour se défendre, mais que j’aie pu abandonner votre cadeau, aussi inusité qu’il fût… Je pensais ne jamais vous revoir.
     
    – Et cela vous plaît-il de me revoir ? dit Blaise en lui prenant la main.
     
    Charlotte hésita un instant à répondre. Blaise suivit le mouvement du regard de la jeune femme. Elle avait approché son visage du sien et fixait alternativement l’œil gauche puis l’œil droit de l’officier.
     
    – Faites votre choix. Vous préférez le bleu ou le noisette ? C’est le plus tendre à ce qu’on dit, fit Blaise.
     
    – Comment vous prouver ma bonne foi ? dit-elle, éludant la question.
     
    Puis, après un nouveau silence et sans rien faire pour dégager sa main de celle de Fontsalte, elle se mit à parler d’une voix enrouée par l’émotion.
     
    – Si… maintenant que tout est clair entre nous… si je vous disais que, cette nuit-là, j’ai peut-être… – c’est honteux, ce que je vais dire… – j’ai, moi aussi, un peu regretté…, oh ! pas

Weitere Kostenlose Bücher