Herge fils de Tintin

fera parvenir tous ses
albums. Il la reverra en 1969, lors d’une séance de dédicaces au Bon
Marché, s’exclamant « Milou ! » à la surprise de ses jeunes lecteurs.
(Témoignage de M. Van Loo – le fils de Marie-Louise – à l’auteur,
janvier 2002.)
    12  Numa Sadoul, Tintin et moi, entretiens avec Hergé , édition
définitive, Casterman, 2000, p. 101.
    13  Cité par Philippe Goddin, Hergé, chronologie d’une œuvre ,
Moulinsart, 2000, tome I, p. 109.
    14  Rodolphe Töpffer, Réflexions et menus propos d’un peintre genevois ,
Genève, 1848, p. 261.
    15  Cette période des débuts d’Hergé est l’une de celles qui ont été
le plus étudiées. Il n’est pas question ici de retracer par le menu
l’histoire de ces premiers travaux, dont beaucoup n’ont du reste
qu’un intérêt anecdotique. Je me permets de renvoyer le lecteur
curieux à mon propre livre, Hergé, les débuts d’un illustrateur , 1922 - 1932  (Casterman, 1987), à celui de Huibrecht Van Opstal, Tracé RG,
le phénomène Hergé (Claude Lefrancq éditeur, 1998) et surtout aux
ouvrages de Philippe Goddin, Les Débuts d’Hergé, du dessin à la bande
dessinée (Moulinsart, 1999), et Hergé, chronologie d’une œuvre , tome I
(Moulinsart, 2000).
    16  Éric Gilles, « Entretien avec René Verhaegen », Les Amis de Hergé ,
n o 11, juin 1990, p. 30.
    17  Petite précision chronologique : Hervé Springael (dans Avant
Tintin , chez l’auteur, 1987) et Huibrecht Van Opstal (dans Tracé RG,
le phénomène Hergé ) ont évoqué cette absence d’Hergé, mais en la
situant en 1927, après le service militaire. Il me paraît très peu
plausible que Hergé ait disparu juste après que l’abbé Wallez lui a
confié de nouvelles responsabilités et un rôle correspondant à ses
aspirations. René Verhaegen, interrogé tardivement par plusieurs
personnes, a d’ailleurs donné des versions assez différentes de l’épisode ; parfois, il le situait lui-même en 1925.
    18  Lettre d’Hergé à ses parents, 4 septembre 1926.
    19  Lettre d’Hergé à ses parents, 7 septembre 1926.
    20  Numa Sadoul, Tintin et moi, entretiens avec Hergé , édition
définitive, Casterman, 2000, p. 24.

 
    Chapitre 2
     
    L E P ETIT V INGTIÈME
     
    (1927-1934)

 
    1
     
    Les portes du Vingtième Siècle
     
    Au début du mois d’août 1927, comme la fin de son
service militaire approche à grands pas, Georges obtient
un rendez-vous avec le directeur de la Société Nouvelle
Presse et Librairie, qui édite Le Vingtième Siècle  : l’abbé
Norbert Wallez. Cette rencontre va changer sa vie.
    Depuis sa création en 1895, Le Vingtième Siècle ,
« journal catholique de doctrine et d’information », a
longtemps vivoté. Il était même sur le point de disparaître
lorsqu’en 1924 le cardinal Mercier, le puissant archevêque
de Malines, a demandé à Wallez de le réorganiser de fond
en comble. Né le 19 octobre 1882, ordonné prêtre en
1906, Norbert Wallez est un personnage des plus singuliers. Beaucoup plus passionné par les problèmes politiques que par les questions religieuses, « il bâclait sa
messe en un quart d’heure 1  ». Mais il se battait pour
quelques grandes causes, comme cette idée d’une fédération de la Belgique et de la Rhénanie à laquelle il resta
fidèle toute sa vie. Fervent admirateur de Mussolini,Wallez s’était rendu en Italie dès l’automne 1923 et avait
été reçu en audience privée par le Duce. Quelques mois
plus tard, ce dernier lui avait envoyé un portrait dédicacé :
«  À Norbert Wallez, amico dell’Italia et del fascismo, con
simpatia di camerita, 1924 . » La photo, qui ne quitta
jamais son bureau, ne fut pas étrangère à ses ennuis, vingt
ans plus tard, lors de la Libération.
    C’est à cet homme énergique et souvent emporté, plus
âgé que lui de vingt-cinq ans, que Georges Remi est venu
dire son peu d’enthousiasme à l’idée de reprendre sa place
au service des abonnements. Recopier des listes de noms
et d’adresses à longueur de journée l’ennuie décidément
trop. Ne pourrait-on lui donner un autre rôle ? Le jeune
homme doit se montrer convaincant. Sans doute apporte-t-il des échantillons des travaux qu’il publie ici et là. Toujours est-il que le 17 août, lendemain de son retour à la vie
civile, un courrier de l’abbé Wallez lui confirme qu’il est
engagé pour une durée de trois ans renouvelable en qualité de reporter