Hiéroglyphes
la boue. »
Il
n’avait pas perdu, en tout cas, la haute opinion qu’il
avait de lui-même !
« Aujourd’hui,
j’ai compris ce que nous cherchions et je sais quelle force
nous devons maîtriser pour y accéder. Il va nous falloir
capturer la foudre.
— Capturer
quoi ? » Najac, une fois de plus.
« Gage,
j’ai cru comprendre que vous aviez utilisé l’électricité
contre les troupes de Napoléon.
— Comme
un mal nécessaire.
— Il
nous faudrait un expert tel que Franklin, lorsque nous approcherons
du Livre de Thot. Êtes-vous un tel expert en électricité ?
— Je
suis un homme de science, mais je ne comprends pas un mot de ce que
vous dites. » Astiza intervint posément :
« C’est
pourquoi nous avons besoin des séraphins. Nous pensons que,
d’une façon ou d’une autre, ils peuvent nous
conduire à l’ultime refuge des chevaliers du Temple,
après la destruction de leur ordre. Ils ont emporté
dans le désert ce qu’ils avaient trouvé
au-dessous du temple de Salomon pour le cacher dans la Cité
des Fantômes. Leurs documents sont énigmatiques, mais
Alessandro et moi sommes persuadés que Thot, lui aussi,
connaissait l’électricité, et que c’était
l’épreuve ultime pour trouver le livre. Nous avons
besoin de détourner la foudre comme Ben Franklin l’a
fait.
— Je
suis d’accord avec Mohammed. Tous les deux, vous êtes
complètement fous.
— Vous
avez découvert un curieux plancher, avec un motif en forme
d’éclair, dans les sous-sols de Jérusalem,
insista Silano. Ainsi qu’une porte non moins é trange.
Je me trompe ?
— Comment
le savez-vous ? »
Najac,
j’en étais sûr, n’était jamais entré
dans les locaux souterrains que nous avions explorés. Il
n’avait pas pu voir non plus la porte au système
d’ouverture si complexe.
« J’ai
beaucoup étudié, je vous l’ai dit. Et, sur cette
porte conçue par les Templiers, vous avez vu un motif
hébraïque, n’est-ce pas ? Les dix sefirots de la cabale ?
— Quel
rapport avec la foudre ?
— Regardez. »
Dans
la poussière du carrelage, il dessina deux cercles dont les
circonférences se touchaient.
« Toute
chose est double, murmura Astiza, et le souvenir de Miriam, une fois
de plus, me serra le cœur.
— Double,
et cependant unique. »
Il
traça un autre cercle qui englobait les deux premiers. Et
d’autres encore, compliquant son croquis à l’infini.
« Les
prophètes le savaient, Jésus aussi, sans aucun doute.
Et les Templiers l’avaient redécouvert. »
Sous
ses doigts, apparurent, parmi les cercles, deux schémas
d’étoiles. Une à cinq branches, l’autre à
six.
« L’une
est égyptienne, l’autre juive, toutes deux également
sacrées. Vous utilisez l’égyptienne sur votre
drapeau national. Savez-vous que c’est une initiative des
francs-maçons qui ont contribué à la découverte
de votre pays ? »
Et
finalement, dans les espaces libres, il inséra dix points
représentant le même motif que nous avions vu sous le
temple du Rocher. Le sefirot, d’après
Haïm Farhi. Une fois de plus, tout le monde semblait parler dans
des langues anciennes que je ne connaissais pas, et prêter des
significations à ce que j’avais pris pour de simples
ornements.
« Vous
le reconnaissez ?
— Quoi
donc ?
— Les
Templiers ont ajouté un autre détail à ce
motif. »
De
point en point, il dessina une ligne en zigzag.
« Et
voilà ! Bizarre, pas vrai ?
— Peut-être.
— Non,
pas « peut-être ». Ces indices nous
conseillent de nous adresser au ciel si nous voulons trouver le
livre. Le symbole de l’éclair figure sur la carte. Et
puis il y a le poème.
— Le
poème ?
— Deux
couplets très éloquents. »
Il
récita :
Aether
cum radiis solis fulgore relucet
Angélus
et pinnis indicat ore Dei,
Cum
région deserta bibens ex murice torto
Siccatis
labris arida sorbet aquas
Tum
demum partem quandam lux clara revelat
Quae
prius ignota est nec repute tibi
Opperiens
cunctatur cum dea candida Veri
Floribus
insanum qui furit acque fide.
« Pour
moi, c’est du grec, Silano.
— Erreur,
du latin. On ne vous enseigne pas les classiques, dans la zone
frontière, monsieur Gage ?
— Dans
la zone frontière, les classiques font de bons allume-feu de
camp.
— La
traduction de ce document, que j’ai découvert au cours
de mes voyages, explique pourquoi je brûlais de faire votre
connaissance. »
Il
récita
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