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Hiéroglyphes

Titel: Hiéroglyphes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Dietrich
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l’habitude des pèlerins que personne ne
remarquait mes intonations. Aux carrefours, se tenaient les marchés
où riches et pauvres partageaient sans aucune discrimination
les repas des artisans et même des janissaires. Les khaskiyya ou soupes populaires assistaient les miséreux tandis que les
plus fortunés de toutes les croyances se coudoyaient dans les
boutiques à café où ils buvaient leur nectar,
fumaient le narghilé et refaisaient le monde, en paroles.
L’air embaumé par la fève noire, le tabac turc et
le haschich, grisait comme le vin qu’il m’arrivait
d’offrir à Jéricho. Il avait besoin d’un
verre ou deux, de temps à autre, et les réminiscences
de son pays natal n’avaient pas de prix.
    « Tout
le monde à Jérusalem se croit plus proche du ciel que
partout ailleurs… ce qui veut dire que, tous ensemble, ils
créent leur propre enfer.
    —  Jéricho !
C’est une ville désarmée, une ville de paix et de
piété, non ?
    —  Jusqu’à
ce que l’un marche sur la piété de l’autre ! »
    Quand
on s’étonnait de ma propre présence, j’affirmais
représenter les États-Unis, ce qui avait été
vrai, en France. J’attendais le moment de faire la paix avec
les vainqueurs, quels qu’ils fussent. Je n’étais
l’ennemi de personne.
    L’arrivée
probable de Napoléon emplissait la cité de rumeurs,
sans que l’unanimité se fasse, quant à la
victoire finale. Djezzar exerçait sur la ville, depuis un
quart de siècle, un contrôle impitoyable. Bonaparte
n’était pas encore battu. Les Anglais étaient les
maîtres de la mer et la Palestine un îlot dans le vaste
lac ottoman. Sectes sunnites et chiites
de la communauté musulmane étaient à couteaux
tirés. Chrétiens et juifs constituaient deux minorités
qui ne se faisaient pas confiance, et qui, le jour venu, prendraient
les armes contre un ennemi resté imprévisible, tant les
despotes religieux d’une demi-douzaine de croyances différentes
rêvaient de réaliser leurs propres utopies.
    Sidney
Smith comptait sur moi pour soutenir la cause britannique, mais je
n’y étais guère disposé. J’aimais
toujours les idéaux républicains de la France et les
hommes que j’avais côtoyés là-bas. Qui plus
est, je ne désapprouvais pas formellement le rêve de
Napoléon d’unifier le Proche-Orient. Pourquoi
soutiendrais-je ces Britanniques arrogants qui avaient si sauvagement
combattu l’indépendance de ma propre nation ? Tout
ce qui m’importait vraiment, c’était de retrouver
la trace d’Astiza et de découvrir si ce légendaire
Livre de Thot avait pu survivre à tant de siècles.
Ensuite, je repartirais à l’autre bout du monde.
    Un
monde bien petit où la présence chez le forgeron
chrétien d’un infidèle habillé en Arabe
qui posait trop de questions faisait marcher les langues, mais à
peine plus, au lond, que celle de nombreux personnages au passé
nébuleux qui en posaient des tas d’autres. Je partageais
avec tous cette occupation essentielle dans la plupart des vies
humaines.
    Attendre.

5
    À seule fin que l’hiver passât un peu plus vite, je fis de
mon mieux pour taquiner Miriam. J’avais trouvé au marché
un petit bloc d’ambre incluant un insecte aux ailes déployées.
Vendu comme grigri porte-bonheur, l’objet m’apparut
plutôt comme un artefact scientifique. Je me faufilai derrière
Miriam qui nettoyait un poulet, trottai l’ambre contre mes
vêtements, puis levai la main au-dessus des plumes duveteuses
éparses. Quelques-unes s’élevèrent jusqu’à
ma paume invisible.
    Surprise,
Miriam se tourna vers moi.
    « Comment
faites-vous ça ?
    —  Un
petit tour de magie que j’ai rapporté de France et
d’Amérique. »
    Elle
exécuta un rapide signe de croix.
    « Ça
portera malheur d’introduire de la magie dans cette maison.
    —  Ce
n’est pas de la magie. Juste un petit truc que je tiens de mon
vieil ami Franklin. »
    Je
lui montrai le petit cube d’ambre calé au creux de ma
main.
    « Même
les Grecs anciens le connaissaient. Frotté, l’ambre
attire des choses légères. Ça s’appelle
électricité. Je suis électricien.
    —  Quelle
idée bizarre.
    —  Tenez,
essayez. »
    Je
lui pris la main, heureux d’avoir trouvé cette excuse
pour la toucher, plaçai l’ambre entre ses doigts rougis
par le travail ménager. Je le frottai contre sa manche et le
promenai au-dessus des plumes. Là encore, quelques-unes
vinrent s’y coller.
    « Maintenant,
vous êtes

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