Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Hiéroglyphes

Titel: Hiéroglyphes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Dietrich
Vom Netzwerk:
électricienne, comme moi. »
    Elle
me rendit le porte-bonheur, en soupirant :
    « Comment
pouvez-vous perdre votre temps à ces bêtises inutiles ?
    —  Pas
toujours inutiles.
    —  Puisque
vous êtes si savant, servez-vous de cette chose pour plumer
l’autre poulet. »
    J’éclatai
de rire en élevant l’ambre à la hauteur de sa
joue, attirant une mèche de ses jolis cheveux blonds.
    « Ou
pour arranger votre coiffure, mieux qu’avec un peigne. »
    J’avais
créé devant ses yeux un léger voile blond,
qu’elle écarta en murmurant :
    « Vous
êtes un homme impudent.
    —  Curieux,
sans plus.
    —  Curieux
de savoir quoi ? »
    Elle
le dit en rougissant. Je lui adressai un clin d’œil
complice.
    « Ah !
Vous commencez à me comprendre. »
    Mais
elle refusa d’aller plus loin. Et j’avais tellement de
temps devant moi. Impossible de trouver, à Jérusalem,
une seule bonne partie de cartes. La ville était aussi riche
en distractions qu’un pique-nique de quakers. Et pas de
tentations sexuelles, non plus, dans des rues où les femmes
sortaient aussi emmitouflées qu’un bébé
promené un jour de brouillard dans le Maine. Mon célibat
de Jaffa menaçait de se prolonger indûment. Oh, parfois
une femme me suivait des yeux ! Ne suis-je pas plutôt beau
mâle ? Mais il circulait trop d’histoires horribles,
dans les boutiques à café, au sujet des mutilations
génitales imposées, au moindre écart, par des
pères ou des frères outragés. Le genre
d’anecdote qui pousse à réfléchir.
    Je
m’ennuyais tellement, dans mon temps libre, que je décidai
de bricoler avec l’électricité, comme Franklin
m’avait appris à le faire. Ce qui n’avait été
qu’une attraction sans méchanceté, dans les
salons parisiens où j’avais su comment faire passer une
étincelle entre les lèvres d’un toupie, avait
pris une autre tournure, après mon séjour en Égypte.
Était-il possible que les anciens eussent converti ces menus
mystères en puissante magie ? Était-ce le secret
de leurs civilisations ? La science était aussi un bon
moyen de marquer ma présence, durant cet hiver peu
satisfaisant à Jérusalem. Tout phénomène
électrique serait une absolue nouveauté, dans le
secteur.
    Sous
l’œil réticent de Jéricho, j’improvisai
une manivelle à friction avec un disque de verre en guise de
générateur. Quand je le faisais rapidement pivoter
contre des coussinets reliés à un fil métallique,
la charge statique se transmettait à des cruches de verre
revêtues de plomb, ma manière à moi de fabriquer
des bouteilles de Leyde. J’utilisais des copeaux de cuivre pour
relier entre elles ces batteries productrices d’étincelles.
Je transmettais ainsi l’électricité à un
siège dont le moindre contact faisait bondir les clients sur
place et leur engourdissait les membres pour des heures.
    Ceux
qui s’intéressent à la nature humaine ne seront
pas surpris d’apprendre combien d’individus firent la
queue pour recevoir la décharge promise et secouer ensuite
leurs membres endormis. Ma réputation de sorcier s’affirma
encore lorsque je m’électrifïai les bras et m’en
servis spectaculairement pour attirer des morceaux de cuivre. J’étais
devenu un comte Silano, un véritable illusionniste.
    On
commentait à voix basse mes pouvoirs particuliers, et j’avoue
que cette notoriété me plaisait assez. Pour Noël,
je fis le vide dans un globe de verre et le fis tourner à
l’aide de ma manivelle avant d’y poser une main largement
ouverte. La lueur pourpre qui illumina l’atelier enchanta les
enfants du voisinage alors que deux vieilles s’évanouissaient,
qu’un prêtre catholique braquait vers moi sa croix et
qu’un rabbin sortait à grand bruit, fou de rage.
    Je
tentai de les rassurer :
    « C’est
juste un jeu de société. On le refait souvent, en
France.
    —  Et
qui sont-ils, ces Français, protesta le prêtre, sinon
des infidèles et des athées ? Rien de bon ne
viendra jamais de cette… électricité !
    —  Bien
au contraire. De savants docteurs français et allemands
affirment que de petits chocs électriques peuvent guérir
certains maux… et même la folie. »
    Mais,
nul n’ignorant que les médecins tuaient plus qu’ils
ne guérissaient, les voisins de Jéricho demeuraient
incrédules.
    Même
Miriam exprimait des doutes :
    « Tout
ce temps perdu, juste pour faire sursauter quelques personnes !
    —  Mais
pourquoi sursautent-elles ?

Weitere Kostenlose Bücher