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Hiéroglyphes

Titel: Hiéroglyphes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Dietrich
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bien repoussé
l’assaut, et mis les assaillants en déroute. Ces
terribles Francs n’étaient pas invincibles, après
tout ! Une foi nouvelle était née, qui
soutiendrait la garnison pour les semaines à venir. La tour
d’Acre serait le symbole de la résurrection de l’Empire
ottoman tout entier.
    Quand
le soleil, à son zénith, éclaira pleinement le
champ de bataille, l’hécatombe apparut dans toute son
horreur. Deux cents des grenadiers de Napoléon gisaient morts
ou blessés, et Djezzar refusa de cesser le feu pour permettre
à l’ennemi d’évacuer ceux qui pourraient
être encore sauvés. Beaucoup moururent en appelant à
l’aide avant que quelques-uns pussent être ramassés,
la nuit suivante.
    « On
leur a montré, aux Francs, jubilait Djezzar, ce qu’était
l’hospitalité d’Acre ! »
    Phélippeaux
était moins enthousiaste.
    « Je
connais le Corse. Ce n’était qu’un coup de sonde.
La prochaine fois, ce sera beaucoup plus sérieux. »
    Et
se retournant vers moi :
    « Puisse
votre petite expérience se révéler positive ! »
    *
* *
    L’échec
de Napoléon avait produit un curieux effet sur l’ensemble
de la garnison. Les soldats ottomans étaient fiers de leur
action décisive et, pour la première fois, vaquaient à
leurs tâches avec plus de détermination, moins de
fatalisme résigné. Ils avaient battu les Francs !
Djezzar était invincible ! Allah avait répondu à
leurs prières !
    Les
marins britanniques, en revanche, faisaient grise mine. Une longue
suite de victoires navales leur avait dicté une attitude
méprisante à l’égard des « bouffeurs
de grenouilles », mais le courage des soldats français
les avait fortement impressionnés. Bonaparte était
toujours là. Ses tranchées se creusaient plus
vigoureusement que jamais. Les marins se sentaient bloqués sur
la terre ferme. Les Français dressaient des épouvantails
pour disperser nos tirs et déterraient nos boulets de canon
qu’ils nous retournaient sans vergogne !
    Bien
que les maudits Français eussent mené une révolution
sanglante contre la noblesse et l’Église, Djezzar, de
surcroît, croyait en une conspiration ourdie par les chrétiens
d’Acre contre son autorité. Il en fit coudre plusieurs
douzaines, plus deux prisonniers français dans des sacs qui
furent jetés à la mer. Smith et Phélippeaux
n’avaient pas plus de pouvoir pour endiguer les atrocités
du pacha que Napoléon n’en avait eu pour empêcher
le pillage de Jaffa, et la plupart des Anglais considéraient
Djezzar comme un dément dont il était impossible de
maîtriser les actes.
    L’impopularité
de Djezzar ne se limitait pas à la croix et à la
couronne. Salih Bey, un vieil alchimiste mamelouk du Caire, avait fui
en Égypte après la victoire de Napoléon et fait
cause commune avec le Boucher contre la France. Djezzar l’accueillit
chaleureusement, lui servit une tasse de café empoisonné
et jeta son cadavre dans la mer, moins d’une heure après
son arrivée.
    Gros
Ned recommandait à ses camarades de faire confiance au
« magicien », c’est-à-dire à
moi. Le même stratagème qui m’avait permis de le
terrasser, leur promettait-il, vaincrait Napoléon, et, sous ma
direction, les marins bâtirent deux grossiers cabestans de
bois, un de chaque côté de la tour. La chaîne
pendrait en travers de l’édifice, et les cabestans
permettraient de la hisser au niveau convenable. Puis je fis
transporter mes bouteilles de Leyde dans un local sis à
mi-hauteur de la tour auquel donnait accès la porte d’où
j’avais défié Gros Ned. Une chaîne plus
légère terminée par un crochet commanderait la
manœuvre de la plus lourde. Cette chaîne serait elle-même
reliée à la barre de cuivre connectée à
mes bouteilles de Leyde.
    « Quand
ils reviendront, Ned, il va falloir que tu tournes la manivelle comme
Belzébuth en personne.
    —  On
va leur foutre le feu au cul comme s’ils grillaient déjà
en enfer, cap’taine ! »
    Miriam
avait largement participé au montage, l’adresse de ses
mains féminines contribuant plus d’une fois à la
solidité de l’ensemble. Les anciens Égyptiens
avaient-ils disposé de cette magie, longtemps avant que le
génial Franklin ne s’en avisât ?
    « J’aimerais
que ce vieux Ben soit là pour le voir, avouai-je, dans la
tour, un soir où le couchant illuminait, par les fentes des
meurtrières, notre encombrante accumulation de sorcellerie
scientifique.
    —  Qui
est ce

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