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Hiéroglyphes

Titel: Hiéroglyphes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Dietrich
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matin. Des torches éclairaient
les escaliers et les rampes. Un flot de soldats turcs et britanniques
me submergea, en route pour la tour, jurant dans leurs langues
respectives. Sur le parapet, la canonnade était un roulement
continu, ponctué, de loin en loin, par le choc d’un
boulet, le chuintement d’un autre au-dessus de nos têtes.
Des éclairs jaillissaient des lignes françaises,
marquant l’emplacement de leurs canons.
    Smith
était là, le sourire crispé, avec un contingent
de la Marine royale. Phélippeaux courait en tous sens, dictant
alternativement en français, en anglais et en arabe les angles
de tir de nos canons. Simultanément, les lanternes de la tour
appelaient le soutien de la flotte.
    Je
ne distinguais pas les troupes ennemies. J’empruntai un
mousquet pour viser une silhouette probable, dans l’espoir de
susciter une réaction qui nous permettrait de tirer avec plus
de chance de toucher quelques cibles. Mais les Français
étaient trop disciplinés pour riposter au jugé.
Alors, je rejoignis Phélippeaux dans la tour. Elle vibrait de
haut en bas comme un arbre sous la hache du bûcheron.
    Nos
canons commençaient à répliquer, interrompant le
roulement de tambour des tirs français, mais fournissant, par
la même occasion, des points de repère à leur
canonnade. Les boulets volèrent plus haut, l’un d’eux
toucha un créneau qui dispersa des éclats de roche
aussi dangereux que des grenades. Un canon turc, touché,
bascula, parmi les hurlements des artilleurs blessés.
    « Qu’est-ce
que je peux faire ? »
    J’avais
eu quelque peine à maîtriser le tremblement de ma voix.
Mes oreilles bourdonnaient. Des douves, montaient de curieux échos
qui amplifiaient les explosions, et l’âcre parfum de la
poudre brûlée s’épaississait rapidement.
    « Allez
chercher Djezzar, répondit enfin Phélippeaux. Il est le
seul que ses hommes craignent plus que Napoléon. »
    Dans
l’antichambre du Boucher, je faillis me heurter à Farhi.
    « On
a besoin de lui pour stimuler ses soldats.
    —  Impossible
de le déranger. Il est au harem. »
    Par
les braies de Casanova, ce pacha trouvait le moyen d’être
en rut à un moment pareil ? Puis une porte s’ouvrit
et Djezzar apparut en haut de l’escalier menant au gynécée.
Sans chemise, les yeux brillants, curieux compromis entre un satyre
et le prophète Elie. Deux pistolets à la ceinture, un
vieux sabre prussien au poing. Un esclave accourut, porteur d’une
cotte de mailles oxydée, de type médiéval, et
d’une camisole de feutre. Avant que le pacha ne refermât
la porte du harem, j’entendis les voix excitées,
éplorées de ses femmes. Je me dépêchai de
lui crier :
    « Phélippeaux
a besoin de vous.
    —  Bientôt,
promit-il, les Français seront assez proches pour que je
puisse les tuer. »
    Au
lever du jour, apparut la silhouette de l’observatoire
napoléonien, au sommet de la colline. Les navires britanniques
s’étaient rapprochés, dans la baie d’Acre,
mais il fut bientôt évident que leurs tirs ne pourraient
atteindre les troupes d’assaut. Maintenant, on les voyait se
préparer, dans leurs tranchées. Certains des soldats
portaient des échelles.
    « Ils
ont fait une brèche, annonça Phélippeaux. Juste
au-dessus de la douve. Elle n’est pas grosse, mais s’ils
l’atteignent, les Turcs vont prendre la fuite. Il y a eu trop
de rumeurs au sujet du massacre de Jaffa. Nos Ottomans sont trop
nerveux pour combattre et trop effrayés pour se rendre. »
    Je
me penchai pour mesurer l’étendue noire de la douve
sèche. Les Français y pénétreraient
facilement, mais pourraient-ils en ressortir ?
    « Préparez
un tonnelet de poudre à canon. Ou la moitié seulement
et le reste en clous et en balles. À leur laisser choir sur la
tête s’ils essaient d’atteindre la brèche. »
    Le
colonel royaliste émit un ricanement.
    « Mon
ami américain assoiffé de sang, vous avez l’instinct
d’un guerrier. On va illuminer le chemin du Corse.
    —  Na-po-lé-on-on-on ! »
    Debout
sur son siège d’observation, face à l’ennemi,
plus exposé qu’un étendard, le Boucher
vociférait :
    « Venez
le prendre, le mamelouk ! Je
vous baiserai tous comme je viens de baiser mes femmes ! »
    Des
balles sifflaient sans le toucher. Un miracle.
    « C’est
ça, éventez-moi un peu… comme mes femmes ! »
    On
l’empoigna. On le ramena en sécurité.
    « Si
vous vous faites tuer, tout est perdu », le

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