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Hiéroglyphes

Titel: Hiéroglyphes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Dietrich
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les hisser à leur niveau. Bientôt, la
chaîne fut garnie, de bout en bout, d’un essaim d’hommes
comparables à des guêpes engluées dans la
mélasse.
    « Exécution !
s’étrangla Miriam.
    —  À
moi, Franklin ! »
    Simultanément,
je relevai le levier de bois qui poussait la barre de cuivre contre
la petite chaîne connectée à la grosse.
    Un
éclair claqua. Et l’effet fut instantané. Des
hurlements retentirent alors que jaillissaient des étincelles
et que les grenadiers s’arrachaient à la chaîne,
comme propulsés par autant de ruades chevalines. Certains ne
parvinrent pas à s’en détacher et brûlèrent
sur place, tous muscles tétanisés. C’était
affreux. Je sentais une horrible odeur de viande cuite. Le chaos
était à son comble.
    « Feu ! »
cria Phélippeaux.
    Nouvelle
fusillade. D’autres assaillants s’écrasèrent
sur les décombres qui garnissaient la douve.
    « Cette
chaîne est bizarrement chaude ! » s’étonnaient
les grenadiers.
    Des
hommes la touchèrent du bout de leur baïonnette et
reculèrent. Certains essayaient encore de la saisir et
repartaient en arrière comme des bœufs assommés.
    La
machine fonctionnait parfaitement. Combien de temps la charge
durerait-elle ? Ned ahanait. Tôt ou tard, les attaquants
verraient où elle était suspendue et la décrocheraient,
mais, pour le moment, ils se bousculaient sans savoir que faire. Plus
ils affluaient, plus ils retombaient en masse.
    Soudain,
je constatai une absence.
    « Miriam !
    —  Elle
est descendue porter de la poudre à Phélippeaux,
s’étouffa Gros Ned.
    —  Mais
j’ai besoin d’elle ici ! »
    Bientôt,
la brèche serait le théâtre d’une horrible
boucherie. Je me ruai dans l’escalier en criant :
    « Tourne
toujours ! »
    Il
commençait à n’en plus pouvoir.
    Deux
étages plus bas, je me heurtai à Phélippeaux et
à sa poignée de Turcs et de marins britanniques aux
prises, à la baïonnette et au sabre d’abordage,
avec des grenadiers qui avaient dû se débrouiller pour
franchir la chaîne sans y toucher. Des deux côtés,
avaient été lancées des grenades, et la moitié
de nos hommes étaient à terre, tués ou
provisoirement hors de combat. Chez les Français, l’hécatombe
était effroyable. Vue du dehors, la brèche semblait
probablement beaucoup plus vaste qu’elle n’était,
et beaucoup plus accessible. Au plus fort de la mêlée,
j’aperçus Miriam qui s’efforçait de tirer à
l’écart un jeune blessé à la baïonnette.
    « Miriam !
J’ai besoin de toi là-haut ! » Elle me
répondit d’un grand signe de tête, dans sa robe
déchirée et tachée de sang. Là-dehors,
quelques soldats accourus en renfort touchèrent la chaîne
et rejaillirent, hurlant à pleine gorge. Je priai en silence :
« Tourne la manivelle, Ned, tourne encore ! »
Je savais que la charge serait bientôt épuisée.
    Phélippeaux
se battait comme un lion. Son sabre atteignit un lieutenant en pleine
poitrine, et il dégagea son fer juste à temps pour en
frapper un autre à la tête. « Saloperies de
républicains ! »
    Tirée
de près, une balle de pistolet le manqua de peu. Puis il y eut
un cri de femme. Un des soldats français infiltrés
entraînait vers la brèche une Miriam qui se débattait
bec et ongles. Avait-il l’intention de se jeter avec elle sur
ma chaîne ? Je hurlai vers le bas : « Arrête,
Ned ! Tire la barre de cuivre ! » Puis je fonçai
dans le tas, ramassant un mousquet que j’utilisai comme une
massue pour écarter ces hommes, amis ou ennemis, jusqu’à
ce qu’il se casse en deux. Je parvins tout près de
l’adversaire de Miriam et l’empoignai alors qu’elle
lui labourait la joue de ses griffes. Etrange danse tripartite à
laquelle se mêlaient des mains tendues. Je reçus un coup
sur la tête et vis Miriam basculer sur la chaîne. Je
m’arc-boutai, attendant de voir mourir celle que j’aimais,
victime de ma propre « magie ». Rien ne se
produisit. La chaîne était morte.
    Une
clameur de joie accompagna la ruée des Français. Ils
décrochèrent la chaîne, qui tomba et que d’autres
emportèrent, avides de découvrir la source de ses
pouvoirs mystérieux.
    Miriam
était tombée avec la chaîne. J’essayai de
m’approcher d’elle, en rampant, mais fus carrément
foulé aux pieds. Je pus saisir le bas de sa robe alors qu’une
nouvelle vague de grenadiers nous piétinait. J’entendais
des coups de feu et des cris dans au moins

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