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Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Titel: Histoire de la Bretagne ancienne et moderne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Barthélémy (de Paris)
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bourra de terre
et de sable. Surpris et dénoncé, il fut fusillé à la vue des
premières lignes républicaines. On trouva sur lui le prix de sa
trahison, en or et en assignats. Bruno fut le premier et le dernier
traître vendéen.
    Berruyer, général républicain, justifia sa
défaite par un rapport tellement favorable aux Vendéens, qu’il fut
tenu secret. – Cependant, faute de munitions, les Vendéens ne
profitèrent pas du
grand choc
de Chemillé ; Berruyer
revint sur cette ville et la reprit. Cette nouvelle sauva les
prisonniers républicains détenus à Chollet depuis un mois par le
comité royaliste. On vit à cette occasion toute la différence du
caractère breton et du caractère vendéen. Quinze cents Bretons,
arrivés dans la nuit à Chollet, voulaient massacrer tous les
prisonniers ; les Vendéens du pays, au contraire, agenouillés
dans la cour même de la prison, priaient Dieu, les mains jointes,
de ne pas permettre le massacre. Le passage de d’Elbée vaincu et la
dispersion de sa troupe exaucèrent le vœu de ces braves gens.
    Dans le même temps, Bonchamps et ses hommes
étaient écrasés au Ménil par Gauvilliers. Enfin celui-ci, formant
un cercle avec Ligonnier, Berruyer et Quétineau, allait broyer les
quatre chefs de l’armée d’Anjou, retirés à Tiffauges, lorsque
surgit Henri de La Rochejacquelein.
    Quand l’insurrection du mois de mars éclata,
La Rochejacquelein était à Clisson avec M. de Lescure et
sa famille, objet de respect et d’amour pour tout le pays. L’ordre
de tirer à la milice arriva à Clisson ; Henri était de la
classe du tirage. Un jeune paysan qui venait de l’armée rebelle lui
dit : « Est-il bien possible, Monsieur, que vous irez
dimanche tirer la milice à Boismé, pendant que vos paysans se
battent pour ne pas tirer ? Venez avec nous, Monsieur, tout le
pays vous désire et vous obéira. – Je pars ! » répondit
Henri. M. de Lescure allait le suivre ; mais Henri
lui confiant sa famille : « Je viendrai te délivrer si on
t’arrête ! » Il prit aussitôt, dit
M me  de La Rochejacquelein (alors de Lescure),
cet air fier et martial, ce regard d’aigle que depuis il ne quitta
plus… Il arriva pour assister à la déroute du Ménil. –
Tout est
perdu !
lui dirent Bonchamps, Cathelineau, Stofflet et
d’Elbée ;
nous n’avons plus deux livres de poudre.
Henri se retira, navré, à Saint-Aubin, chez sa tante. » –
Laissons parler cette noble femme, et citons ses
Mémoires.
    « Il n’y avait encore aucun chef, aucun
point de réunion dans ces cantons. Les paysans dont les paroisses
n’étaient pas occupées par les républicains arboraient le drapeau
blanc et s’en allaient joindre l’armée d’Anjou. Henri ne supposait
pas qu’il eût rien à faire. Les paysans, apprenant qu’il était
arrivé, vinrent le trouver en foule, le suppliant de se mettre à
leur tête ; ils l’assurèrent que cela ranimerait tout le pays,
et que le lendemain il aurait dix mille hommes à ses ordres. Il ne
balança pas, et se déclara leur chef. Dans la nuit, les paroisses
des Aubiers, de Nueil, de Saint-Aubin, des Échaubroignes, de
Cerqueux, d’Izernay, etc., envoyèrent leurs hommes, et le nombre
promis se trouva à peu près complet. Mais les pauvres gens
n’avaient pour armes que des bâtons, des faux, des bûches ; il
n’y avait pas en tout deux cents fusils ; encore c’étaient de
mauvais fusils de chasse. Henri avait découvert soixante livres de
poudre chez le maçon qui en avait fait emplette pour faire sauter
les rochers : ce fut un trésor. M. de la
Rochejacquelein parut le matin à la tête des paysans, et leur dit
ces propres paroles : « Mes amis, si mon père était ici,
vous auriez confiance en lui. Pour moi, je ne suis qu’un
enfant ; mais par mon courage je me montrerai digne de vous
commander. Si j’avance, suivez-moi ; si je recule,
tuez-moi ; si je meurs, vengez-moi ! » On lui
répondit par de grandes acclamations. Avant de partir, il demanda à
déjeuner ; pendant que les paysans allaient chercher du pain
blanc pour leur général, il prit un morceau de leur pain bis, et se
mit à manger de bon cœur avec eux. Cette simplicité, qui n’avait
rien d’affecté, les toucha beaucoup sans qu’il s’en doutât. Malgré
tout leur zèle, ces braves gens étaient un peu effrayés ;
d’autres venaient d’être témoins d’une défaite ; presque tous
se trouvaient sans armes. Cependant la troupe arriva

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