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Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Titel: Histoire de la Bretagne ancienne et moderne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Barthélémy (de Paris)
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jusqu’aux
Aubiers, que les bleus occupaient depuis la veille. Les paysans se
répandirent autour du village, marchant derrière les haies en
silence, Henri, avec une douzaine de bons tireurs, se glissa dans
un jardin, assez près de l’endroit où étaient les républicains.
Caché derrière la haie, il commença à tirer ; les paysans lui
approchaient à mesure des fusils chargés. Comme il était grand
chasseur et fort adroit, presque tous ses coups portaient. Il en
tira près de deux cents, ainsi qu’un garde-chasse qui était auprès
de lui. Les républicains, impatientés de perdre ainsi du monde sans
voir leurs ennemis et sans être attaqués en ligne, firent un
mouvement pour se mettre en bataille sur une hauteur qui se
trouvait derrière eux. Henri profita du moment, et se mit à
crier : « Mes amis, les voilà qui
s’enfuient ! » – les paysans se le persuadèrent. Aussitôt
ils sautèrent de toutes parts par-dessus les haies en criant
Vive le roi !
Les échos augmentaient le bruit. Les
bleus, surpris d’une attaque si imprévue et si étrange,
n’achevèrent pas leur mouvement et prirent la fuite en désordre,
abandonnant deux petites pièces de canon, leur seule artillerie.
Les vendéens les poursuivirent jusqu’à une demi lieue de Bressuire.
Il y en eut soixante-dix de tués et beaucoup de blessés. »
    Telle fut la première victoire de La
Rochejacquelein ; elle sauva la Vendée, qui allait périr en
naissant.
    Des Aubiers Henri court aussitôt sur
Tiffauges, et délivre l’armée d’Anjou. Cathelineau et Bonchamps
reprennent courage. Les Vendéens rentrent successivement à Cholet,
à Chemillé, à Vihiers ; ils mettent en déroute Ligonnier, qui
abandonne mille cadavres et son artillerie tout entière sur le
champ de bataille. Henri et Cathelineau enlèvent le château de
Bois-Groleau à Tribert, à qui La Rochejacquelein rend son épée, en
le faisant asseoir à sa table. On tue lâchement aux blancs deux
parlementaires à Saumur, et ils traitent leurs prisonniers en
chrétiens, ou les renvoient sans rançon.
    Le 24 avril, les Vendéens remportent
l’importante victoire de Beaurepaire, et huit jours après La
Rochejacquelein court délivrer Donnissan, Lescure et Marigny, dans
lesquels la Vendée trouva trois bons généraux de plus.
    L’armée d’Anjou passa deux jours à Bressuire,
sans exercer aucunes représailles : à Bressuire, où les
Marseillais, malgré l’honnête Quétineau et les autorités de la
ville, impuissants à les contenir, avaient sabré, dans leur
vengeance, onze Vendéens sans armes, arrachés de leurs lits, et qui
moururent à genoux en criant : « Gloire à Dieu !
vive le roi ! »
    Alors parut Charette, que, dès les premiers
jours de mars, les gars de Machecoul et des environs étaient allés
chercher dans sa retraite de Fonteclause. Il refusa deux fois de se
mettre à leur tête : la troisième fois, ils lui déclarèrent
qu’ils le tueraient sur place s’il n’acceptait pas enfin le
commandement. Charette, devinant ce qu’on pouvait faire d’hommes
aussi résolus, leur dit : « Je serai votre chef, mais je
le serai sérieusement. Souvenez-vous que c’est vous qui l’avez
voulu, que vous me suivrez partout où il me plaira, que vous
m’obéirez, quoi que je vous commande, et que le premier qui élèvera
sa voix contre la mienne sera fusillé à l’instant ! »
    Le lendemain, l’armée de Charette faisait
trembler le Marais et la Plaine. Ce chef et cette armée n’avaient
rien de commun avec la grande armée chrétienne ; Charette
entendait et fit à sa manière la guerre de partisan. Il avait
toutes les qualités et tous les défauts des dictateurs. Armé d’une
force morale incroyable et d’une immense confiance en lui-même, il
ne souffrait ni les ordres, ni les conseils, ni la résistance, ni
la contradiction ; il allait à son but envers et contre tous,
aimant mieux échouer à sa façon que de réussir à celle des autres,
préférant un pouvoir absolu dans son Marais au commandement disputé
de la grande armée vendéenne. Il n’avait ni la piété de
M. de Lescure, ni la chaleur de M. de La
Rochejacquelein, ni la générosité de
M. de Bonchamps ; mais il réunissait à froid tout
leur courage, tous leurs talents militaires. Il y avait en lui
beaucoup de Du Guesclin commandant les grandes compagnies.
    Il commença par réprimer les attentats du
féroce Souchu, qui déshonorait le nom de Vendéen par les

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