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Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Titel: Histoire de la Bretagne ancienne et moderne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Barthélémy (de Paris)
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Stofflet, rendit à la république
extermination pour extermination. La Convention, qui croyait la
Vendée morte, sut bientôt qu’elle reprenait des villes, et Turreau
lui-même avoua que les colonnes infernales avaient perdu leur
temps. « Les brigands se battent sur les ruines de leurs
chaumières, comme d’autres ne se battraient pas pour sauver les
leurs…
Il y a là quelque chose de surnaturel, dont aucun peuple
n’a donné l’exemple !
Il nous faut donc encore changer de
système.
Nous avons été durs ; essayons les voies de la
douceur. »
Telle fut, en effet, la nouvelle consigne
républicaine ; mais les paysans s’y liaient moins que
jamais.
    L’hiver était venu, et Charette n’en
continuait pas moins à se battre ; encore une fois il était
maître du pays. Il avait battu Cordellier sur tous les
points ; Haxo fut lancé contre lui : « Dans six
semaines, écrivait celui-ci au Comité de Salut Public, j’aurai la
tête de ce brigand, ou il aura la mienne. » Haxo faisait la
guerre en soldat, et non pas en bourreau ; ce qui le rendait
d’autant plus redoutable à la Vendée. Charette le craignait
particulièrement. D’abord battu, Haxo triomphe à son tour, et
enfonce les blancs dans la forêt de Touvoie. Mais Charette rallie
les fameux gars du pays de Retz, et attire son adversaire, le 19
mars 1794, aux Clouzeaux, où celui-ci tombe vaincu et blessé à
mort, après un sanglant engagement. Trois coups de feu achèvent
Haxo, au moment où Charette venait pour lui sauver la vie. Cette
défaite et cette mort consternèrent les républicains. Bonaparte
disait déjà ce que répétera plus tard, en l’écrivant,
Napoléon : « Charette me laisse l’impression d’un grand
caractère. Je lui vois faire des choses d’une énergie, d’une audace
peu communes. Il laisse percer du génie. »
    Voilà en effet le plus beau moment de la vie
de Charette, dit un éloquent historien. Cette campagne d’hiver
suffirait à l’immortaliser. Pendant trois mois, sans vivres, sans
munitions, aujourd’hui avec dix mille hommes, demain avec trente,
il se battit continuellement, toujours comme il voulut, toujours où
il voulut, et toujours avec succès.
    Pendant que Charette reprenait son ancien
territoire, Marigny rentrait, déguisé, dans le Bocage, après trois
mois de misère vagabonde. Il avait bravé Carrier à Nantes :
« Je suis Marigny, le général des brigands, lui avait-il dit
en lui montrant ses pistolets ; je vais passer quatre heures à
Nantes, et je te préviens que si tu me fais arrêter, tu mourras
avant moi ; j’ai pris mes mesures. » Carrier eut peur de
tant de courage. – Les gars de Bressuire, de Mortagne et des
environs s’assemblent à la voix si connue de Marigny, et la Vendée
compte désormais un général en chef de plus. Sapinaud et Fleuriot
lui sont aussi revenus. Le 26 mars, Marigny frappe un grand coup en
prenant Mortagne : la république perdait sa force à mesure que
la Vendée reprenait la sienne. Le 18 avril, nouvelle victoire de
Marigny à Clisson ; Stofflet se fortifie à Maulévrier. Turreau
s’avance alors à la tête de ses colonnes, auxquelles il a
dit : « Les blancs sont vendus à l’étranger ; Pitt
et Cobourg sont leurs vrais chefs. » Charette les laisse
pénétrer dans les Marais, et perd malheureusement tous ses
avantages par une intrigue d’ambition : il voulait être
généralissime. Personne n’est nommé à ce haut grade ; on signe
seulement une confédération vendéenne, et l’on convient d’agir de
concert sous peine de mort. Marigny est la première victime
innocente de ce système, dont il subit l’horrible
conséquence : il est fusillé le 10 juillet 1794. Cette
exécution fut un crime de la part de Charette et de Stofflet ;
ce fut de plus une faute irréparable. Ces deux hommes, qui
s’étaient entendus pour le mal, ne purent s’accorder pour le bien.
Enfin un pacte fut signé entre Charette, Stofflet et
Sapinaud ; mais il ne fut exécuté par la suite que d’une
manière inégale et incomplète.
    Le 1 er juin, Charette et ses
collègues écrasent deux mille républicains à Béjarry : le
lendemain de la victoire, Tinténiac, échappé de nouveau à mille
dangers, apporte des nouvelles de l’émigration. Après un silence
d’un an et deux mois, le comte d’Artois dit qu’il arrivera
bientôt.
Cette promesse, qui ne devait jamais se réaliser,
électrise chefs et soldats. Si les secours promis par

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