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Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Titel: Histoire de la Bretagne ancienne et moderne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Barthélémy (de Paris)
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inhuma son corps près des reliques de saint
Wulstan, dans l’abbaye de Worcester. Les anciennes chroniques
assurent qu’après la cérémonie funèbre, et quand les religieux
furent rentrés dans leurs cellules, un mystère horrible s’accomplit
sur la tombe du roi meurtrier de son neveu. À minuit on entendit un
cri terrible, et tel qu’aucun homme n’en avait jamais
entendu : les ombres des nombreuses victimes de Jean
Sans-Terre entouraient le cercueil de leur assassin, qui laissait
échapper cette effrayante plainte : « Je suis Jean,
naguère souverain, naguère roi de la vieille Angleterre. Tous les
innocents à qui j’ai donné la mort se sont réunis pour me
tourmenter ; mais aucun supplice n’égale celui que me fait
éprouver le voisinage d’un ami de Dieu, de saint Wulstan. Enlevez
mes os de ce temple saint, jetez-les dans le lieu le plus
vil ; je suis condamné par le juste jugement de
Dieu ! » Le lendemain, le corps de Jean Sans-Terre fut
transporté dans un champ qui depuis lors s’est refusé à toute
culture et est toujours resté stérile.
    En 1218, Pierre Mauclerc perdit sa femme, la
duchesse Alix, dont il avait trois enfants : Jean dit le Roux,
qui lui succéda ; Arthur, mort dans sa jeunesse ; et
Yolande, que le comte de la Marche épousa quelques années après.
Mauclerc, qui ne devait conserver le gouvernement que jusqu’à la
majorité de son fils, héritier du duché de Bretagne du chef de sa
mère, entreprit, dans l’intérêt de ce fils et d’une meilleure
administration, de ressaisir les droits royaux que quelques grands
avaient usurpés. Mais les réclamations de Pierre furent
vaines ; non-seulement ces seigneurs refusèrent toute enquête,
mais ils prirent les armes, et une guerre s’engagea qui devait
décider en faveur de l’injustice ou du bon droit. Pierre vit
bientôt accourir en foule sous ses drapeaux le peuple qui l’aimait,
et il fut sur-le-champ en état de combattre les rebelles. La
victoire, en effet, lui resta dès la première bataille, qui fut
sanglante pour les deux partis.
    Toujours disposé à favoriser le peuple, le duc
de Bretagne accorda de grandes franchises aux paysans qui se
fixaient sur ses terres, et aux marchands qui voulaient y
trafiquer, comme des exemptions de péages et d’amendes en diverses
circonstances, le droit de pâture dans ses forêts, l’usage du bois
mort, etc. Les avantages qui résultèrent de cette manière d’agir
furent si marqués, que la plupart des seigneurs en firent autant
sur leurs terres et cessèrent de mettre les voyageurs à
contribution. Un seigneur angevin, Thibault Crespin, avait sur les
bords de la Loire la forteresse de Châteauceaux. Il ne passait
personne sur la rivière qui ne fût arrêté par ses hommes, rançonné
et souvent totalement dépouillé. Les récits les moins exagérés
portaient le nombre des victimes de sa cupidité à quinze cents.
Pierre lui fit signifier de cesser ses brigandages ; Crespin
se moqua, d’un tel ordre ; mais Pierre l’assiégea dans son
repaire, le prit et le jeta dans la prison même où depuis quinze
ans il avait successivement laissé mourir tant d’hommes
inoffensifs. Après une longue détention et la confiscation de ses
biens, le noble pillard fut banni pour toujours du territoire de la
Bretagne et de l’Anjou.
    Pierre Mauclerc, voyant que le plus grand
nombre des seigneurs approuvait sa conduite envers les paysans, les
convoqua à une assemblée générale, afin de faire ratifier ses
réformes et de les sauvegarder des atteintes de ses successeurs.
Après avoir réglé toutes choses pour le mieux et pour le plus grand
bien de ses peuples, le duc de Bretagne accompagna le roi de
France, Louis VIII, dans la seconde croisade qu’il venait de
proclamer contre les Albigeois. Après quarante jours de service,
Pierre quitta l’armée royale, et suivit Thibauld comte de
Champagne, qui avait le premier quitté l’étendard de
Louis VIII. La guerre contre les Albigeois fut fatale à leurs
ennemis, tant par la perte d’hommes que divers combats leur
occasionnèrent, qu’à cause d’une épidémie qui sévit avec fureur
contre l’armée de Louis VIII et dont lui-même mourut à
Montpellier. La calomnie attribua sa mort au poison.
    Louis IX, ou saint Louis, son fils, qui
lui succéda, n’avait alors que douze ans. Sa mère, Blanche de
Castille, nommée régente de France, déploya un caractère plein
d’énergie et des talents supérieurs dès son

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