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Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Titel: Histoire de la Bretagne ancienne et moderne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Barthélémy (de Paris)
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avènement à l’autorité.
La première démarche que fit la reine mère fut de rassembler autant
de troupes qu’il lui fut possible, et de conduire son fils à Reims,
pour l’y faire sacrer. Tous les seigneurs du royaume avaient été
invités à cette auguste cérémonie ; mais la plupart refusèrent
de s’y trouver. Les principaux de ces grands de l’État
étaient : le duc de Bretagne, le duc de Bourgogne, les comtes
de Champagne et de la Marche, le comte de Bar, le comte de
Saint-Pol et d’autres. Ils formèrent tous une ligue formidable
contre la régente. Ils répandirent le bruit qu’elle avait manifesté
l’intention d’éloigner de l’intimité du roi les princes et
seigneurs de son sang, et qu’elle livrait à la politique espagnole
et le gouvernement de la France et les volontés de son fils. Ils
avaient favorisé l’entrée dans la Rochelle de Richard, frère du roi
d’Angleterre. Blanche, à cette nouvelle, conduisit son fils à
Tours, et s’avança même jusqu’à Loudun. Savary de Mauléon, Mauclerc
et Thibauld, se réunirent à la carrière de Curtroy et restèrent
vingt jours en conférence. Blanche n’eut qu’un mot à dire pour
ramener le comte de Champagne aux pieds du roi ; puis elle se
hâta de dépêcher vers le duc Pierre, et de le prier, avec la
courtoisie qui lui était naturelle, de venir la visiter ; elle
lui envoyait un sauf-conduit. Mauclerc se rendit à Vendôme, et l’on
y examina ses prétentions. Pour les satisfaire, on crut devoir
arrêter le mariage du prince Jean, frère du roi, âgé de huit ans,
avec Yolande, fille du duc de Bretagne. Le roi lui donnait le comté
d’Anjou, remettait à Pierre les villes d’Angers, de Beaufort et de
Beaugé, et lui promettait celle du Mans, à la mort de la reine
Bérengère. Ces conventions, et d’autres qu’il serait trop long
d’énumérer, furent écrites et signées ; mais aucun article
n’en fut exécuté.
    L’année suivante, le duc de Bretagne entra
dans la ligue des barons de France, qui, ayant à leur tête le comte
de Boulogne, frère du feu roi Louis VIII, demandèrent
insolemment à Blanche qu’elle se démît de ses fonctions de régente.
Le comte de Champagne était dans le parti de la reine ; Pierre
conçut le dessein de l’en détacher en lui promettant la main de sa
fille Yolande : l’affaire aurait réussi, si le roi de France
n’eût interposé son autorité pour défendre à Thibauld de contracter
ce mariage. À cet effet, il lui écrivit la lettre suivante :
« Sire Thebaud de Champaigne, j’ai entendu que vous avez
convenance et promis à prendre à femme la fille du comte Pierre de
Bretaigne ; pourtant vous mande que si chier que avez tout
tant que amez ou royaume de France, que ne le façez pas. La raison
pourquoi, vous sçavez bien. Je jamais n’ai trouvé pis qui mal m’ai
voulu faire que lui. »
    Le comte se rendit aussitôt (1229) auprès du
roi, et lui découvrit toutes les intrigues du parti des mécontents.
Ceux-ci, pour se venger de Thibauld, se jetèrent sur la
Champagne ; mais le roi marcha en personne à son secours, et
contraignit ses ennemis de se retirer.
    Le duc de Bretagne se rendit vers la fin de la
même année en Angleterre, pour s’entendre avec le roi
Henri III, avec lequel il s’était ligué. À son retour, il fut
cité par son souverain pour venir rendre compte de sa conduite
devant les juges qu’il avait nommés. Pierre représenta que le terme
prescrit était trop court, et demanda que, selon la coutume du
royaume, on lui en assignât un de quarante jours. En même temps il
envoya un mémoire contenant ses sujets de plaintes contre le roi et
la reine sa mère. Ses juges, sans avoir égard aux remontrances du
duc, le déclarèrent
dessaisi
de tout ce qu’il tenait du
roi en Anjou. Mauclerc, irrité de cette sentence, envoya un
chevalier à la cour pour déclarer de sa part qu’il ne se regardait
plus comme
homme du roi,
et qu’il le
défiait.
Le
roi d’Angleterre arriva peu de temps après en Bretagne avec une
armée ; le duc lui remit toutes les places fortes du pays, et
engagea une partie de la noblesse à lui rendre hommage. Mais André
de Vitré et plusieurs autres seigneurs n’y voulurent jamais
consentir ; ils fortifièrent leurs châteaux, et résolurent de
s’opposer de tout leur pouvoir aux Anglais.
    Henri III, ayant vu que Louis IX,
guidé par Blanche, avait déjà pris Bellesme, dans le Perche, sur
ses ennemis, quitta la

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