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Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Titel: Histoire de la Bretagne ancienne et moderne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Barthélémy (de Paris)
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trouva un grand nombre de charrettes
chargées de toutes sortes de provisions de bouche. Il s’en rendit
maître, et les fit conduire à la porte de la ville, qui lui fut
ouverte lorsqu’on l’eut reconnu. Il y entra avec ses gens, et y fut
reçu comme en triomphe. Ensuite il paya les charretiers et les
renvoya, avec ordre de rapporter au duc ces paroles :
« Sire, Bertrand se recommande à vous, et dit que, par Dieu,
il vous verra le plus tôt qu’il pourra, et qu’il a tant de vivres
pour lui et ses gens que, quand il vous plaira des vins de la cité,
il vous en enverra, et de l’hypocras aussi pour adoucir votre
cœur ! »
    Le duc de Lancastre, loin de s’offenser de la
hardiesse de Bertrand, témoigna le désir de le connaître :
« Par saint Dunstan, dit le comte de Pembroke, c’est un
vaillant jeune homme, Monseigneur, et un gentil chevalier.
Envoyez-lui un sauf-conduit, et Dieu me damne s’il ne vient. – Si
je le croyais, reprit le duc, je lui envoyerais incontinent un
héraut. »
    Un héraut, porteur d’un sauf-conduit, fut donc
envoyé à Bertrand, pour le prier de venir trouver le duc de
Lancastre. Du Guesclin accepta cet honneur, monta aussitôt à
cheval, après avoir fait un riche cadeau au messager, et marcha
vers le camp anglais. Le duc le reçut très-poliment, le combla de
louanges, et lui dit qu’il lui savait bon gré de l’être venu
trouver comme il l’en avait prié. « Je serai toujours prêt à
faire tout ce que vous m’ordonnerez, répondit Du Guesclin, excepté
la paix, tant que vous ferez la guerre à Charles de Blois, mon
seigneur, qui est le légitime héritier de Bretagne. – Le droit est
douteux, reprit le duc ; avant qu’il soit décidé, il en
coûtera la vie à plus de cent mille hommes. – Tant mieux, repartit
brusquement Du Guesclin ; ceux qui demeureront en seront plus
riches. » Cette repartie lit rire le duc, qui essaya, mais
vainement, par des promesses séduisantes, d’attirer Du Guesclin
dans le parti de Montfort.
    Pendant cet entretien on vit entrer dans la
tente du duc un chevalier anglais, nommé Guillaume Branbolle,
proche parent du capitaine de Fougeray, tué par Du Guesclin. Ce
chevalier offrit à Bertrand le combat à trois fers de glaive, trois
fers de hache et trois coups de dague. C’était ce qu’on nommait
alors le combat à outrance. Le Breton pressa fortement la main de
l’Anglais et lui dit : « Si trois fers ne suffisent pas,
je t’en donnerai six, et, dût-on me proposer ton pesant d’or, je ne
renoncerais pas au duel que tu viens chercher. » Le combat fut
fixé au lendemain, et le duc fit présent à Du Guesclin d’un superbe
cheval, que le Breton monta pour revenir à Rennes.
    Ce fut en vain qu’instruits de la nouvelle de
cet engagement, les parents et les amis de Bertrand le supplièrent
de ne pas ainsi risquer sa vie sans utilité pour sa cause :
Bertrand répondit qu’il avait donné sa parole et qu’il la
tiendrait. Le lendemain, dès le matin, il se vêtit de ses armes, à
l’exception de sa cuirasse, et, ainsi accoutré, se rendit à
l’église pour y entendre la messe et se recommander à Dieu. Comme
il allait monter à cheval, une bonne vieille tante qui l’avait
souvent aidé dans sa détresse vint le prier d’ôter son casque, afin
qu’elle eût la satisfaction de l’embrasser une dernière fois :
« Ma tante, lui cria Bertrand en prenant le galop, allez au
logis embrasser votre mari, et faites préparer le dîner, car je
serai de retour avant le
Benedicite. »
    Il tint parole. Vainqueur de l’Anglais,
non-seulemeut il ne le tua pas, comme il en avait le droit, mais il
ne voulut pas même le faire prisonnier. Il fit présent du cheval de
son ennemi au héraut de Lancastre, et revint manger, avec un
appétit et une joie faciles à comprendre, le dîner de sa bonne
vieille tante.
    Cependant le pape, instruit par ses légats
qu’au mépris de la trêve Lancastre persistait à poursuivre le siège
de Rennes, s’en plaignit au roi d’Angleterre, qui envoya l’ordre
précis de le lever. Il fallait obéir au roi, et pourtant Lancastre
avait fait le serment sur l’Évangile de ne pas perdre de vue les
remparts de Rennes, qu’il n’y eût fait flotter la bannière
d’Édouard. On s’avisa d’un singulier expédient pour ne pas exposer
le duc à la honte d’un parjure. Bertrand Du Guesclin, effrayé des
cruels ravages de la famine sur les infortunés habitants de Rennes
et ne conservant

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