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Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Titel: Histoire de la Bretagne ancienne et moderne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Barthélémy (de Paris)
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l’obligeant à aucune restitution.
    Lorsque Charles VI revint à Paris, les
démêlés de Jean et du connétable étaient plus animés qu’en aucun
temps. On était alors à la fin de 1390. L’année suivante se passa
en escarmouches, en négociations. Les amis communs des deux
antagonistes étaient parvenus à les rapprocher ; il en résulta
un traité ou arrangement qui, s’il fut réellement consenti, ce qui
est peu probable, ne fut point exécuté. Le roi désirait pourtant
qu’un accommodement entre les deux contendants ôtât à Montfort tout
prétexte de s’allier aux Anglais à l’expiration de la trêve
(conclue avec cette nation le 18 juin 1389, pour durer jusqu’au 16
août 1392), et il s’y employa de façon à amener le traité arrêté à
Tours le 26 janvier 1392, et stipulant, pour principales
conditions, que le duc de Bretagne paierait à Clisson, avant le 18
mai suivant, ce qu’il restait lui devoir des cent mille livres de
rançon qui lui avaient été arrachées avant sa sortie du château de
l’Hermine ; qu’il fournirait des cautions ; que les excès
seraient réciproquement pardonnés, les sentences annulées, les
procédures anéanties. Tout ce qui ne consistait qu’en paroles fut
exécuté sur-le-champ. Il en fut tout autrement des stipulations qui
devaient se traduire en actes : le traité de Tours, comme la
très-bien dit un auteur moderne, fut une lettre morte qui n’eut
d’autre effet que de faire cesser la guerre ouverte, sans atténuer
les haines qui couvaient, aussi intenses qu’auparavant. À quelques
mois de là elles firent une explosion terrible.
    Pierre de Craon, sénéchal et premier baron de
l’Anjou, avait longtemps été protégé par le duc d’Orléans, bien que
ses débauches et sa conduite déloyale envers le duc d’Anjou
l’eussent rendu indigne de cette faveur. Chassé enfin de la cour
sur la demande de son protecteur lui-même, il attribua sa disgrâce
au connétable, qu’il savait avoir de l’influence sur le duc
d’Orléans, et qu’il savait aussi ne voir en lui qu’un espion de
Montfort. Furieux, et méconnaissant les liens de parenté qui
l’unissaient à Clisson, Pierre de Craon vint à la cour de Bretagne,
et, après avoir concerté avec Montfort les moyens de se défaire de
leur ennemi commun, il dirigea à plusieurs reprises sur Paris de
mauvais garçons
bien armés et résolus à tout entreprendre.
Le 14 juin 1392, jour de la fête du Saint-Sacrement,
Charles VI tint cour plénière à l’
hôtel des grands
ébastements
(hôtel Saint-Paul), et y donna une fête qui se
prolongea fort avant dans la nuit. Clisson, sorti vers une heure du
matin, se rendait à cheval, n’ayant pour escorte que huit hommes
sans armes, à son hôtel situé sur l’emplacement qu’occupent
actuellement les Archives de France, lorsqu’en passant dans la rue
Culture-Sainte-Catherine, lui et ses gens furent brusquement
assaillis par une troupe à cheval qui arracha les flambeaux qu’on
portait devant lui. Le connétable, regardant cette attaque comme
une espièglerie du duc d’Orléans, dont il venait de prendre congé
quelques instants auparavant et dont il connaissait l’humeur
joyeuse, s’écria : « Monseigneur, par ma foi, c’est mal
fait ; mais je vous le pardonne, car vous êtes jeune, si sont
tous revaux et jeux en vous. » Mais Pierre de Craon, tirant
son épée, lui cria : « À mort ! à mort !
Clisson, cy vous faut mourir ! – Et qui es-tu ? reprit
Clisson d’une voix terrible ; qui es-tu, qui oses dire de
telles paroles ? – Je suis Pierre de Craon, votre
ennemy ; vous m’avez tant de fois courroucé, qu’icy vous le
faut amender. En avant ! dit-il à ses gens, je tiens celuy que
je demandois et que je voulois avoir ! »
    Et aussitôt il se précipita avec ses sicaires
sur le connétable. Quoique Olivier n’eût pour toute arme qu’une
dague et que tous ses serviteurs eussent été dispersés, à
l’exception d’un seul, il lutta néanmoins contre ses nombreux
assassins, et, s’adossant à un mur, il se défendit vaillamment
jusqu’à ce que, renversé de cheval par un violent coup assené sur
sa tête, il alla rouler dans la boutique d’un boulanger qui venait
de l’entr’ouvrir au bruit de la rue. Craon et les siens, le croyant
mort ou mortellement blessé, s’enfuirent à toute bride par les
portes de Paris qui n’avaient pas été rétablies depuis que Clisson
les avait fait abattre à son retour de

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