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Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Titel: Histoire de la Bretagne ancienne et moderne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Barthélémy (de Paris)
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félon, subît le châtiment dû
a ses méfaits. Il jeta fièrement son gantelet en signe de défi à
quiconque soutiendrait qu’il avait manqué à ses devoirs, et
présentant au roi l’épée de connétable : « Je vous la
rends, Sire, dit-il, donnez-la à tout autre ; pour moi, je ne
saurais plus exercer avec dignité si haute charge. »
    Charles VI aimait Clisson ; de plus
il était courroucé d’un attentat qui avait causé une indignation
universelle parmi les gens de guerre et la noblesse. Aussi, après
avoir refusé de reprendre l’épée de Clisson, lui promit-il de
mesurer la punition du coupable à l’énormité de son crime. Cette
peine, c’étaient les pairs qui devaient la prononcer : il fut
décidé que, avant de citer le duc de Bretagne, on lui enverrait une
députation pour l’engager à venir à Paris. Montfort éluda la
réponse : il demanda un délai pour réfléchir, déclarant
toutefois que, si quelque acte de rigueur avait été exercé, ce
n’était ni au mépris de l’autorité royale, ni contre le connétable,
mais contre un baron, vassal et sujet du duché de Bretagne, et
qu’il avait usé de son droit de suzeraineté et de justice contre
Olivier avec plus d’indulgence que celui-ci ne le méritait. Il
termina en assurant les députés qu’aussitôt que ses affaires le lui
permettraient, il se rendrait volontiers près du roi.
    Cette réponse parut satisfaire
Charles VI ; mais il n’en fut pas de même de Clisson.
Désespérant d’obtenir aucune réparation, il résolut de se faire
justice lui-même. Après avoir solennellement défié Montfort, qui ne
répondit point à son cartel, il passa en Bretagne, où plusieurs
seigneurs l’aidèrent à reprendre quelques-unes des places que Jean
lui avait arrachées. Charles VI, contrarié d’un état de choses
qui suspendait l’exécution de ses projets contre l’Angleterre,
envoya en Bretagne une nouvelle députation qui signifia aux deux
parties l’ordre de suspendre les hostilités et de se soumettre à
son arbitrage ; ce que Montfort accepta, mais après avoir
préalablement déclaré dans son conseil (19 et 31 décembre 1387)
qu’il protestait d’avance contre tout ce que le conseil ferait,
n’entendant se dessaisir d’aucune des places cédées par Olivier.
Quoi qu’il en soit, les deux adversaires se soumirent à la trêve
ordonnée par le roi, et Clisson en profita pour marier sa fille au
comte de Penthièvre, et pour mettre lui-même un terme à son long
veuvage, en épousant Marguerite de Rohan, veuve du sire de
Beaumanoir.
    Jean IV, cité à paraître devant le roi à
Orléans, où se tinrent les états après les fêtes de Pâques (1388),
ne se présenta ni en personne ni par procureur. Clisson détailla
ses griefs avec une mâle dignité, et offrit de se mesurer en combat
singulier avec le duc ou tout autre champion assez osé pour
soutenir qu’il n’avait point été traîtreusement surpris et outragé.
Ce nouveau défi resta encore sans réponse. Quant à Montfort,
ingénieux à trouver des motifs pour reculer son voyage, il ne vint,
non pas même à Orléans, mais à Paris, que pressé par son propre
conseil. Après d’assez longs débats, Charles VI prononça son
jugement, le 20 juillet 1388, à l’hôtel Saint-Paul, en présence des
grands du royaume. La paix fut encore une fois rétablie en
apparence entre Jean IV et Clisson, ces deux irréconciliables
ennemis.
    Les largesses du roi, la considération,
l’appui dont le roi entourait Clisson, en faisaient un adversaire
redoutable pour Montfort : l’événement le prouva. En effet, au
mois de septembre 1388, pendant que le connétable accompagnait
Charles VI dans la Gueldre, Montfort ayant envoyé ses gens
prendre possession, en son nom, conformément à la décision du 20
juillet, des villes et forteresses qui devaient lui être remises,
les capitaines qui y commandaient pour Clisson s’étaient refusés à
les restituer, alléguant le défaut d’ordres nécessaires, et
Marguerite avait même gardé les prisonniers qu’elle avait en son
pouvoir. Ces violations de la sentence royale déterminèrent
Montfort à envoyer une députation à Charles VI pour lui
exposer ses doléances. Mais Clisson avait aussi à se plaindre de
plus d’une infraction de la part de Jean IV à la décision du
20 juillet. Dans cet état de choses, le roi intervint de nouveau,
moins pour résoudre les questions en litige que pour favoriser
Clisson en ne

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