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Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Titel: Histoire de la Bretagne ancienne et moderne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Barthélémy (de Paris)
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la campagne de Flandre en
1382.
    Le bruit de cet assassinat parvint aussitôt
aux oreilles du roi, qui allait se mettre au lit. Il se vêtit d’une
houpelande, on lui
bouta
ses souliers è
s
pieds, et
il courut à l’endroit où l’on disait que son connétable venait
d’être
occis.
Il le trouva baigné dans son sang. « Eh
bien ! connétable, lui dit-il, comment vous sentez-vous ?
– Chier Sire, petitement et faiblement. – Eh ! qui vous a mis
en ce parti ? – Sire, Pierre de Craon et ses complices,
traîtreusement et sans nulle défiance. – Connétable, oncques chose
ne fut si comparée comme celle sera, ni si fort amendée. »
    Quand les médecins eurent donné au roi
l’assurance que les plaies d’Olivier, bien que nombreuses, lui
permettraient de se rétablir dans quinze jours, Charles VI fit
transporter le malade à l’hôtel Saint-Paul et ne songea plus qu’à
punir les assassins. Il enjoignit à Pierre de Folleville, prévôt de
Paris, de se mettre sur-le-champ à la poursuite de Craon, et, en
attendant qu’on pût s’emparer de sa personne, il ordonna
l’exécution de ceux de ses complices qu’on parvint à saisir ;
il fit démolir l’hôtel de Craon, dont l’emplacement fut converti en
cimetière [5] , et la rue qui passait sous les murs du
jardin où les spadassins s’étaient cachés, fut appelée la rue des
Mauvais-Garçons
, nom qu’elle a conservé jusqu’à ce
jour.
    Pierre de Craon, qui avait gagné son château
de Sablé, apprit avec effroi que Clisson vivait encore. Redoutant
le ressentiment du roi, il se hâta d’aller chercher un refuge
auprès de Montfort, qui l’accueillit assez mal et lui reprocha
d’avoir manqué son coup. « Vous êtes un chestif, lui dit-il,
quand vous n’avez sçu occire un homme duquel vous étiez au-dessus.
– Monseigneur, répondit Pierre, c’est bien diabolique chose ;
je crois que tous les diables d’enfer, à qui il est, l’ont gardé et
délivré de mes mains ; car il y eut sur lui lancé et jeté plus
de soixante coups que d’épées et de grands couteaux. »
    Quand le roi sut que le duc de Bretagne avait
donné asile à Craon, il demanda que ce meurtrier lui fût
livré : Montfort refusa. Charles, irrité de la désobéissance
de son vassal, s’avança en Bretagne avec une armée ; mais en
traversant la forêt du Mans il fut atteint de l’horrible accès de
folie qui priva la France du meilleur de ses souverains (5 août
1392). Clisson, comprenant qu’il n’y avait pas de sûreté pour lui à
la cour, s’enfuit en Bretagne, où la haine de ses ennemis le
poursuivit : les ducs de Berri et de Bourgogne lui adressèrent
des commissaires du parlement de Paris, pour le citer devant ce
tribunal. Comme il ne comparut ni en personne ni par procureur, il
fut condamné par contumace à être banni du royaume, comme traître
envers la couronne. Persécuté en France, le connétable se vit en
même temps attaqué par Montfort, qui, dans la situation où il le
voyait, crut en venir aisément à bout ; mais il trouva plus de
résistance qu’il ne s’était imaginé. Clisson mit sur pied des
troupes composées de ses vassaux et de ses amis, et il reçut des
secours de France, que le duc d’Orléans lui envoya à l’insu des
ducs de Berri et de Bourgogne, tandis que ce dernier prince en
faisait autant en faveur de Montfort.
    Craon ne contribuait pas peu à animer le duc
de Bretagne contre Clisson. Ce prince résolut de l’aller assiéger
dans son château de Josselin. Clisson, averti par le vicomte de
Rohan, y laissa une bonne garnison et en sortit secrètement pour
aller s’enfermer dans Moncontour. Le duc, le croyant à Josselin,
s’approcha de la place à la tête d’une armée, et en fit le siège
dans les formes. Réduits à l’extrémité, les assiégés firent
prévenir le connétable ; mais n’ayant pas assez de troupes
pour contraindre le duc à lever le siège, Clisson prit le parti de
la négociation. Montfort consentit à se retirer, à condition que
Clisson paierait les frais du siège et qu’il lui obéirait comme ses
prédécesseurs, ce qui fut accepté par le connétable.
    Le duc s’en alla ensuite au château de La
Chèze, où Clisson avait promis de se rendre pour ratifier le
traité ; mais il ne vint point, et allégua pour prétexte que
le duc avait auprès de lui certaines personnes qui étaient ses
ennemis déclarés : il voulait surtout désigner Pierre de
Craon. Montfort, qui trouva de la

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