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Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Titel: Histoire de la Bretagne ancienne et moderne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Barthélémy (de Paris)
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mauvaise foi dans ce procédé, en
fut très-irrité. Pour s’en venger, il se prépara à lui faire
vivement la guerre l’année suivante.
    Cependant Charles VI, qui avait des
intervalles de raison, témoigna qu’il était fort mécontent de la
conduite qu’on avait tenue à l’égard du connétable, et révoqua
l’arrêt prononcé contre lui. Le roi, se trouvant mieux au
commencement de janvier (1394), partit de Paris pour aller au
Mont-Saint-Michel accomplir un vœu qu’il avait fait. La proximité
de la Bretagne fit naître à son conseil l’idée d’y envoyer des
ambassadeurs pour y établir la paix entre Montfort et Clisson. Le
duc, qui était d’un caractère fougueux, leur refusa d’abord le
sauf-conduit : « Que viennent faire ici ces
Français ? dit-il ; qu’ils s’en aillent ; je n’ai
que faire d’eux. » Cependant il se rendit à l’avis de ses
ministres, et permit aux ambassadeurs de venir le trouver. Il leur
fit des promesses et leur donna des assurances de paix, qu’il ne
tint pas. Les actes d’hostilité recommencèrent donc, et le duc vint
assiéger le château de la Roche-Derrien. Roland de Coëtmen,
commandant de la place, ne se croyant pas en état de tenir contre
Montfort, prit le parti d’aller se jeter à ses pieds, suivi des
principaux chefs militaires. Le duc pardonna à tous, fit ensuite
raser le fort, congédia ses troupes et se retira à Morlaix.
    Clisson, de son côté, ayant reçu un renfort
que le roi et le duc d’Orléans lui avaient envoyé, alla assiéger
Saint-Brieuc : s’en étant rendu maître en quinze jours, il
marcha sur le château de Perrier, qu’il prit en une semaine et
qu’il fit démolir, comme Montfort avait fait abattre celui de la
Roche-Derrien. Le duc se repentit alors d’avoir congédié ses
troupes, et de ne les avoir pas plutôt distribuées sur les
frontières de l’Anjou, du Maine et de la Normandie, pour empêcher
les Français d’entrer en Bretagne et de donner du secours à ses
ennemis. Il rassembla donc sur-le-champ son armée, qu’il partagea
en trois corps. Il mit le premier sous la conduite du sire de
Malestroit et du vicomte du Faou ; il voulut conduire lui-même
le second, et donna le commandement du troisième aux sires de
Montfort, de La Hunaudaye et de Montauban. Son armée se composait
de deux mille cinq cents hommes d’armes, et de treize mille cinq
cents hommes, tant arbalétriers qu’archers et valets bien armés.
Ils accoururent sous les murs de Saint-Brieuc et offrirent le
combat à Clisson, qui le refusa.
    Sur ces entrefaites, le roi écrivit au duc de
Bretagne pour le prier de vouloir bien, en sa considération, ne
plus faire la guerre au connétable et permettre aux Français qui
étaient à son service de revenir en France. Montfort, las de
guerroyer, souhaitait sincèrement la paix ; ayant donc délivré
un sauf-conduit à tous les Français, soldats de Clisson, il lui
envoya deux seigneurs pour l’engager à venir le trouver, afin de se
réconcilier avec lui et de conclure ensemble une paix solide et
durable. Mais Clisson n’y voulut point consentir ; il se
rappelait trop bien l’aventure terrible du château de l’Hermine. Ce
fut en vain que les deux seigneurs s’offrirent de demeurer en
otages à Josselin jusqu’à son retour. Clisson leur dit que le duc
ne lui faisait faire cette proposition que pour l’avoir en sa
puissance et le mettre à mort. Il ajouta cependant que si Montfort
voulait lui envoyer en otage son fils aîné, il consentirait à
l’aller trouver pour mettre un terme à leurs différends.
    Cette étrange demande fut rapportée au duc,
qui y répondit en ordonnant de continuer la guerre. Il apprit
cependant alors que le roi d’Angleterre sollicitait à la cour de
France la main de la fille aînée de Charles VI, promise à son
fils par un traité solennel. Il réfléchit qu’il était vieux et ses
enfants très-jeunes ; de plus, la majorité de ses barons
favorisait, ouvertement ou secrètement, le parti de Clisson et du
comte de Penthièvre. Il craignit que, s’il mourait sans avoir
établi une paix solide dans son duché, ses enfants ne courussent
risque de ne point lui succéder. D’ailleurs le peuple gémissait des
désordres d’une longue guerre qui avait ruiné le pays, et chacun
soupirait après le calme. Ces motifs portèrent le duc à faire de
lui-même des avances pour obtenir la paix.
    À cet effet ; sans rien communiquer à son
conseil, il dicta à son

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