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Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Titel: Histoire de la Bretagne ancienne et moderne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Barthélémy (de Paris)
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avait, et
qu’il pourrait aisément disposer des ports de la Bretagne et de
tous les Bretons. Dans cette vue, il fit proposer à la duchesse de
l’épouser ; ce qu’elle accepta. Avant de partir pour
l’Angleterre, la duchesse avait envoyé inviter le duc de Bourgogne
à venir au plus tôt en Bretagne : c’était à lui, comme à
l’oncle du jeune prince, que le roi avait confié son éducation. Le
duc vint à Nantes prendre le gouvernement de l’État, et la garde de
Jean V et de ses frères et sœurs. Il jura sur l’Évangile qu’il
se comporterait dignement et fidèlement ; qu’il maintiendrait
avec zèle les privilèges, droits, libertés et franchises de la
Bretagne, et que, lorsqu’il en serait requis et que le temps de sa
garde serait expiré, il remettrait aux Bretons leur duc et les deux
princes ses frères.
    Malgré l’opposition de quelques seigneurs, le
duc de Bourgogne fut accepté comme tuteur de la Bretagne et de son
jeune souverain, par un acte qui fut suivi d’un traité d’alliance
et de confédération entre le duc de Bourgogne et ses deux fils
d’une part, et la duchesse de Bretagne, le jeune Jean V et les
princes ses frères de l’autre. Dès le même jour, le duc de
Bourgogne, comme administrateur de la Bretagne, donna des
gouvernements, confirma et déposa plusieurs gouverneurs de places.
Ce prince, après avoir passé deux mois en Bretagne, partit de
Nantes le 3 décembre 1402 pour retourner à Paris, et emmena avec
lui les enfants du feu duc de Bretagne. Dans le même mois, la
duchesse de Bretagne s’embarqua pour l’Angleterre.
    Henri IV s’était flatté que son mariage
avec la veuve de Montfort mettrait les Bretons dans son
parti : il fut trompé dans ses espérances. La guerre s’étant
allumée entre la France et l’Angleterre, une escadre de dix
vaisseaux anglais fit une prise considérable en vue des côtes de
Bretagne. Ce succès réveilla la haine de Clisson pour la nation
anglaise. Il engagea les Bretons à s’armer contre eux et à mettre
en mer une flotte pour les combattre. Cette flotte, composée de
trente vaisseaux, ne tarda guère à rencontrer celle des Anglais. À
cette vue l’ardeur des Bretons fut si grande, qu’ils voulurent
sur-le-champ fondre sur les ennemis ; mais leurs chefs les
retinrent et remirent le combat au lendemain. Ce combat fut
très-opiniâtre de part et d’autre, et dura depuis trois heures du
matin jusqu’à neuf heures ; enfin les Anglais furent vaincus.
Les Bretons leur prirent quarante navires, tuèrent plus de cinq
cents hommes et firent environ mille prisonniers.
    Encouragés par ce succès et par les louanges
qu’ils reçurent du duc de Bourgogne et de la cour de France, les
vainqueurs ne tardèrent pas à faire un second armement. Ils se
mirent en mer, pillèrent les îles de Jersey et de Guernesey,
opérèrent ensuite une descente à Plymouth qu’ils brûlèrent, et
revinrent chargés de butin. Mais les Anglais eurent leur
revanche ; ils prirent sur les côtes de Bretagne quarante
vaisseaux richement chargés et en incendièrent autant, firent des
descentes et ravagèrent par le fer et le feu tout le pays
environnant Saint-Mahé, Penmarc’h et Saint-Malo. Les habitants de
la côte, s’étant assemblés en désordre, s’armèrent et chargèrent
les Anglais ; mais ils furent entièrement défaits.
    Cependant le jeune duc de Bretagne, étant
entré dans sa quinzième année, fut déclaré majeur, et le duc de
Bourgogne lui remit le gouvernement de son État. Jean V partit
de Paris pour se rendre en Bretagne et se montrer à ses peuples qui
l’attendaient avec impatience. Comme il n’était pas encore en état
de gouverner par lui-même, le sire de Laval fut nommé premier
ministre par le duc de Bourgogne. Gilles de Bretagne, son frère,
demeura à la cour de France auprès du duc de Guienne, fils aîné du
roi. Arthur fut envoyé en Angleterre, où, par le crédit de sa mère,
il fut reçu à l’hommage du comté de Richemont ; il fut ensuite
ramené en France et remis au duc de Bourgogne.
    Avant de quitter Paris, Jean V apprit la
mort du comte de Penthièvre, prince infortuné, qui, après avoir
passé ses premières années dans la captivité, n’en sortit que pour
se voir plongé dans les vicissitudes d’une vie agitée. Instrument
des vastes projets de son beau-père, Olivier de Clisson, il eut
presque toujours les armes à la main contre le duc de Bretagne, son
souverain. L’ambition de

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