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Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Titel: Histoire de la Bretagne ancienne et moderne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Barthélémy (de Paris)
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Bretagne perdit dans cette désastreuse journée
cinq à six cents chevaliers ou écuyers ; Édouard de Rohan,
Olivier de la Feillée, Jean Giffard et Du Buisson, chevaliers
bretons, furent faits prisonniers.
    Ce fut un grand malheur pour la France, que le
combat ne fut pas différé d’un jour, ou plutôt que les Français
dédaignèrent d’attendre le duc de Bretagne, qui, à la tête de dix
mille hommes d’armes, sans compter les archers, était arrivé à
Rouen et en était déjà parti dans le dessein de joindre l’armée
royale (26 octobre). Charles VI, bon appréciateur du zèle de
Jean V, lui en témoigna sa reconnaissance en lui cédant tous
les droits qu’il pouvait prétendre sur la ville de Saint-Malo, en
vertu de la donation du pape Clément VII.
    Le duc de Bretagne ayant consenti à ce que
plusieurs de ses chevaliers se missent au service de la France sous
le commandement de Tanneguy du Chastel, pour la garde de la
personne du roi et de celle du dauphin, et pour la sûreté de la
ville de Paris, ce prince devint alors très-puissant à la cour.
Toute la politique, toutes les démarches du duc de Bretagne eurent
dès ce moment pour but de préserver la famille royale des
entreprises de Jean Sans-Peur, duc de Bourgogne, et de l’engager à
éloigner ses troupes de Paris. Mais bientôt dégoûté de se donner
des peines inutiles, Jean V prit le parti de retourner dans
son duché, où du moins on lui savait gré de la concorde et du calme
qu’il maintenait au milieu de tant d’orages. Pendant son absence
les malheurs de la France augmentèrent, et les factions des princes
causèrent d’affreux désordres. Les Bourguignons entrèrent dans
Paris, s’emparèrent de la personne du roi et ordonnèrent le
massacre de tous les partisans de la maison d’Armagnac ;
carnage horrible, d’où le jeune dauphin, depuis Charles VII,
fut sauvé par le courage et l’activité du Breton Tanneguy du
Chastel.
    Tandis que les scènes de désolation se
multipliaient en France, et que les princes et les seigneurs
divisés enveloppaient d’un réseau de désastres les villes, les
communes et les campagnes, Jean V gouvernait en paix son duché
et jouissait de la prospérité de ses États. Il ouvrit ses villes
aux habitants des contrées voisines qui cherchaient un refuge
contre les calamités de la guerre civile. Les Normands surtout
s’établirent en grand nombre dans la Bretagne ; trente mille
familles, chassées par les Anglais, pillées et poursuivies de
nouveau par les Français, y trouvèrent un asile. Libéralement
accueillies, elles y portèrent leur industrie ; elles
formèrent des colonies dans les villes et les campagnes et y
propagèrent les arts que l’on cultivait en Normandie.
    Mais un malheur terrible menaçait le duc de
Bretagne, et vint le frapper dans sa personne, au milieu des
peuples qui l’aimaient et au cœur même de ses États.
    Le dauphin, mécontent du duc de Bretagne,
avait donné aux Penthièvres des lettres scellées de son sceau, par
lesquelles il leur promettait de les soutenir au cas où ils
pourraient réussir à se rendre maîtres de la personne du duc, comme
ils l’avaient projeté entre eux. Pour exécuter ce dessein, le comte
de Penthièvre et Marguerite de Clisson sa mère envoyèrent au duc,
qui était alors à Vannes, Pierre de Beloi, leur conseiller, pour le
supplier de leur part de vouloir bien leur faire l’honneur de
s’unir à eux par une alliance étroite, et de signer un nouveau
traité par lequel ils s’engageraient à le servir, honorer et aimer
comme leur prince et seigneur,
envers et contre tous ceux qui
pourraient vivre et mourir ;
et lui, de son côté,
promettrait de leur témoigner en toute occasion qu’il était leur
bon seigneur et vrai ami. Jean, persuadé de leur sincérité, y
consentit. Il ajouta qu’il allait à Nantes, que la comtesse de
Penthièvre et ses enfants pourraient y venir, et qu’il leur
accorderait ce qu’ils souhaitaient.
    À peine le duc se fut-il rendu en cette ville,
qu’Olivier de Penthièvre y arriva accompagné de trente cavaliers.
Jean le reçut bien, et l’admit à sa table. Le comte lui rendit un
repas, et pria instamment le duc, de la part de sa mère et de ses
frères, de les venir voir dans leur château de Champtoceaux, où il
serait traité avec honneur et où il trouverait toutes sortes
d’amusements et de plaisirs. Jean était jeune, sincère et
confiant ; il accepta la proposition, malgré son

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