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Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Titel: Histoire de la Bretagne ancienne et moderne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Barthélémy (de Paris)
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Marguerite de Clisson, sa femme, qui avait
troublé son existence, troubla aussi celle de ses enfants et ruina
leur fortune. Ces enfants furent : Olivier, comte de
Penthièvre ; Jean, seigneur de l’Aigle, puis comte de
Penthièvre ; Charles, seigneur d’Avaugour, père de Nicole,
héritière de ses deux oncles morts sans postérité ; Guillaume
de Penthièvre, aïeul de Jean d’Albret, qui épousa l’héritière du
royaume de Navarre ; Marguerite de Penthièvre, qui fut
comtesse de la Marche, et Jeanne de Penthièvre, mariée à Jean
Herpedanne, seigneur de Belleville.
    La guerre entre la France et l’Angleterre
prenait un caractère funeste. Forcé de se décider entre l’époux de
sa mère et le père de sa femme, Jean V se déclara pour la
France. Les Bretons firent un nouvel armement en 1405, pour se
venger des ravages que les Anglais avaient faits sur leurs côtes
l’année précédente. Deux mille chevaliers et écuyers s’embarquèrent
à Saint-Malo, sous le commandement des sires de Châteaubriant, de
La Jaille et Guillaume du Chastel. Une partie de la flotte ayant
fait une descente au port d’Yarmouth, les Bretons furent reçus par
six mille Anglais, dont ils tuèrent d’abord près de quinze
cents ; mais ensuite, accablés par le nombre, ils furent tous
massacrés ou pris : le brave Guillaume du Chastel y perdit la
vie, ayant toujours refusé de se rendre. Après ce terrible échec,
le reste de la flotte bretonne rentra dans le port.
    Tanneguy du Chastel voulut venger la mort de
son frère et la défaite de ses compatriotes. Ayant armé une
nouvelle flotte avec le secours de ses amis, qui le suivirent au
nombre de quatre cents gentilshommes, il surprit le port
d’Yarmouth, brûla la ville, courut pendant deux mois toute la côte,
incendiant et saccageant tout, et revint chargé d’un grand
butin.
    Peu de temps après, une flotte anglaise, sous
la conduite du comte de Beaumont, s’approcha des côtes de Bretagne
dans le dessein de brûler des vaisseaux français qui étaient à
l’ancre dans la rade de Brest. Une partie des Anglais fit une
descente et se mit à ravager le pays. Le duc Jean, informé de leur
arrivée, se mit sur-le-champ à la tête de deux mille deux cents
hommes pour aller les combattre, et détacha en même temps le
maréchal de Rieux avec sept cents cavaliers, pour observer la
contenance des ennemis. Il trouva les paysans de la côte armés
d’arbalètes, de faux, de fléaux et de fourches, s’efforçant de
s’opposer au débarquement du reste des troupes ennemies. Le
maréchal de Rieux fit aussitôt mettre pied à terre à ses gens
d’armes, et se joignit aux paysans pour les soutenir. Le duc arriva
bientôt après avec son armée. Alors les Anglais furent saisis
d’épouvante ; ils s’enfuirent vers leurs vaisseaux, et leur
chef demeura presque seul. Tanneguy du Chastel le tua de sa
main ; les autres Anglais qui étaient restés à terre
demandèrent quartier. Tel fut le succès des premières armes du
jeune duc (1405).
    Deux ans après ces événements, Olivier de
Clisson mourut, brouillé avec Jean V comme il l’avait été avec
Jean IV. On l’avait ajourné depuis peu à la barre de Ploërmel,
comme coupable de divers crimes, parmi lesquels figurait celui de
sorcellerie : n’ayant point comparu, il avait été condamné à
la prison par défaut, et ses terres devaient être saisies. Le duc,
pour faire exécuter l’arrêt, assembla des gens de guerre dans le
dessein d’aller assiéger Clisson dans son château de Josselin, où
il était alors tenu au lit par la maladie dont il mourut. Clisson,
afin de détourner l’orage, envoya offrir cent mille francs au duc,
qui les accepta, voulant laisser mourir en paix un homme qui toute
sa vie n’avait respiré que la guerre. Au moment d’expirer, Clisson
chargea son compagnon d’armes, Robert de Beaumanoir, de remettre à
Charles VI l’épée de connétable qu’il avait conservée. La
Bretagne jouissait alors d’autant de paix et de prospérité qu’il
était donné aux peuples d’en espérer à cette époque ; mais cet
heureux état de choses ne dura pas longtemps.
    La comtesse de Penthièvre, fille de Clisson,
plus passionnée encore et plus animée de l’esprit de rébellion que
son père, excita de nouveaux troubles dans la Bretagne par des
entreprises séditieuses. Pour la faire rentrer en elle-même, les
états assemblés lui députèrent le vicomte de Rohan, son beau-frère,
et trois

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