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Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Titel: Histoire de la Bretagne ancienne et moderne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Barthélémy (de Paris)
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autres seigneurs, qui obtinrent enfin d’elle que son fils
aîné Olivier viendrait trouver le duc à Ploërmel pour ménager un
accommodement. Le projet fut dressé, agréé même par le comte et
envoyé à la comtesse ; mais elle le rejeta avec hauteur. Le
duc, voyant que rien ne pouvait faire plier cet esprit indomptable,
convoqua l’arrière-ban de la noblesse, et entreprit de la réduire
par la force des armes. La guerre civile recommença donc, et le
sang coula de nouveau. Affligé des maux qu’elle causait et voulant
se prémunir contre le résultat des funestes divisions qui allaient
encore désoler la France, Jean V renouvela son alliance avec
l’Angleterre, et rendit hommage à Henri IV pour le comté de
Richemont, que ce monarque lui restitua. La fille de
Charles VI, duchesse de Bretagne, dit alors à Jean V, son
mari : « N’ai-je pas sujet de me dire malheureuse ?
– Et comment cela, dame ? N’avez-vous pas de brillants joyaux,
les plus beaux palefrois du monde et des bliauds (robes) brodés
d’or et d’argent, plus que reine ou impératrice ? – Ah !
je donnerais tous ces atours pour que vous ne vous fussiez point
abaissé à vous faire vassal d’un envahisseur. – Parlez mieux,
dame ; ce roi est le mari de ma mère. – Et le roi de France
n’est-il pas mon père ? Je hais plus que mort ces infâmes
Anglois. – Taisez-vous ! aux femmes n’appartient que de se
mêler de leurs affiquets. Les États ne se gouvernent point par
haine ou infatuation subite. Il y a raison à tout – Y en a-t-il
aussi à la trahison ? » À ce mot imprudent, Jean V
s’oublia et frappa la fille de Charles VI. Le duc de
Bourgogne, qui dominait alors dans le conseil du roi, irrité de la
conduite de Jean à l’égard de la fille de son souverain, déclara
qu’il voulait aller lui-même en Bretagne à la tête d’une armée pour
venger cet attentat, et faire rendre justice en même temps à la
comtesse de Penthièvre.
    Le duc de Bretagne, à la vue de l’orage dont
il était menacé, envoya une ambassade à la reine de France,
Isabelle de Bavière, pour lui offrir de se soumettre au jugement du
roi et de son conseil d’État. « La grande pensée de
Jean V, dit un auteur moderne, celle qui domina sur l’ensemble
de sa vie, sur les déterminations que les événements le forcèrent
de prendre, fut une forte résolution de maintenir en paix les
peuples de la Bretagne. Seule, en effet, parmi toutes les provinces
qui reconnaissaient la suzeraineté du roi de France, cette contrée
fut exempte de querelles intestines, d’invasions, de dévastations,
lorsque le feu des discordes civiles se propageait jusqu’à ses
frontières, lorsqu’une irruption d’étrangers mettait l’État au bord
de l’abîme, lorsque l’Angleterre enfin rangeait la France au nombre
de ses conquêtes. » Si les historiens contemporains, presque
tous Français, ont sacrifié ce prince tantôt à la faction de
Bourgogne, tantôt à celle d’Orléans, sa conduite mesurée lui a valu
l’amour et la vénération des Bretons, qui l’appelèrent Jean
le
Bon.
    Gilles de Bretagne, frère de Jean V,
mourut en 1412 à Cosne-sur-Loire ; ce jeune prince, dont on
admirait la sagesse et dont on avait conçu de grandes espérances,
était très-aimé du dauphin. Son corps fut porté à Nantes et inhumé
dans l’église cathédrale, auprès de celui de Jean IV, son
père.
    La France était toujours en guerre avec
l’Angleterre ; les Anglais firent une descente en Normandie
(1415) et prirent Harfleur. Charles VI, qui jouissait alors de
sa raison, se rendit à Rouen à la tête de quatorze mille hommes
d’armes et de tout ce qu’il y avait de plus illustre dans le
royaume, et manda le comte de Richemont, qui alors assiégeait
Parthenay. Le dauphin le fit son lieutenant et lui donna son
enseigne avec tous les gens de guerre de sa maison. Les Anglais,
manquant de vivres et se voyant très-inférieurs en nombre à l’armée
française, se retirèrent du côté de Calais ; mais le chemin
leur ayant été coupé, ils jugèrent à propos d’envoyer faire des
propositions au roi de France. Elles furent rejetées, et l’on en
vint aux mains le 25 octobre 1415, près d’Azincourt. Les Français
furent taillés en pièces, et leurs chefs tués ou faits prisonniers.
Le comte de Richemont, frère de Jean V, fut trouvé sur le
champ de bataille si blessé et si défiguré, qu’on eut de la peine à
le reconnaître. La

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