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Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Titel: Histoire de la Bretagne ancienne et moderne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Barthélémy (de Paris)
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conseil, qui
lui représenta qu’il était toujours imprudent de se fier à des
ennemis réconciliés. Il partit avec son frère Richard, après avoir
envoyé devant lui ses maîtres d’hôtel, plusieurs de ses chambellans
et d’autres officiers, avec sa vaisselle d’or et d’argent.
Lorsqu’il fut au Loroux-Botereaux, à deux lieues de Champtoceaux,
Olivier, qui était parti devant afin de préparer tout, revint
prendre Jean, pour avoir l’honneur, disait-il, de l’accompagner
jusqu’au château. Avant d’y arriver il fallait passer par le pont
de la Tuberde, jeté sur la petite rivière de Divette. Comme ce pont
de bois était petit, étroit et en mauvais état, on mit pied à
terre. Quand le duc et son frère furent passés, quelques hommes de
la suite du comte jetèrent, comme par badinage, les planches du
pont dans la rivière. Jean crut que c’était un jeu, et en rit comme
les autres. Mais il vit sortir tout à coup du bois voisin Charles
de Penthièvre, frère d’Olivier, avec quarante lances et quelques
hommes de pied. Le duc étonné dit au comte : « Saint
Yves ! Quels gens sont ceux-ci, beau cousin ? – Ce sont
mes gens, » reprit Olivier, et en même temps il mit la main
sur le duc de Bretagne. « Nous te tenons enfin !
s’écria-t-il ; et avant de nous échapper, tu nous auras rendu
notre héritage ! » Charles de Penthièvre s’empara en même
temps de Richard. Les hommes du duc ayant voulu se mettre en
défense, ceux du comte, qui étaient les plus forts, les
maltraitèrent et en blessèrent plusieurs.
    Jean fut mené à Paluau avec son frère Richard
et Bertrand de Dinan, maréchal de Bretagne, qui était de sa
suite ; les autres furent envoyés prisonniers en différents
endroits. Pendant la marche, de peur que le duc ne s’évadât, le
comte lui fit attacher la jambe droite à la bride et à l’étrier de
son cheval, qu’on menait par un licou : à côté de lui étaient
deux cavaliers, armés l’un et l’autre d’une épée, et chargés de le
tuer s’il tentait de s’échapper. Vers le milieu de la nuit, le
comte arriva avec ses prisonniers près d’une maison où il entra
pour manger, laissant le duc dehors, exposé assez longtemps au
vent, à la pluie et au froid : on était au mois de février.
Enfin on lui fit mettre pied à terre, et on lui donna quelques
aliments ; puis on le remit à cheval, et l’on marcha tout le
reste de la nuit. Le maréchal de Bretagne fut envoyé aux Essarts,
et on ne laissa personne auprès du duc que son frère Richard. Ils
arrivèrent au point du jour à Paluau, où ils furent retenus cinq à
six jours. De Paluau on les conduisit à Champtoceaux, où on les
enferma dans une tour du château.
    Dès le soir, Marguerite de Clisson, mère du
comte, et sa femme vinrent voir le duc, qui, s’adressant à la mère,
la pria humblement de ne point attenter à sa vie ni à celle de son
frère. « Noble dame, lui dit-il, ne sommes-nous point en
danger de mort ? n’avons-nous donc plus d’espoir ? – En
danger de mort ? reprit la fille de Clisson ; par sainte
Marie, je ne m’en soucie. Et quand elle adviendrait, n’avez-vous
point tollu (enlevé) l’héritage de mes enfants ? À tel crime
convient le gibet, trop bien le sçavez. – Ah ! chère dame,
reprit le duc, s’il y a chose à réparer ou amender, n’avons-nous
pas toujours été prêts à le faire ? jamais l’avons-nous
refusé ? Ne mettez point en oubli que nous sommes vos bons
pauvres parents, nés de germains. »
    On apprit en Bretagne avec une surprise
extrême l’attentat des Penthièvres et la détention du duc. La
duchesse sa femme convoqua aussitôt les états. En attendant qu’ils
fussent assemblés, il fut réglé dans le conseil que la noblesse
prendrait les armes, sous le commandement de plusieurs barons. Ces
seigneurs jurèrent qu’ils emploieraient leurs corps et leurs biens,
et verseraient jusqu’à la dernière goutte de leur sang, pour venger
leur souverain et lui procurer la liberté. Les états étant
assemblés, la duchesse leur exposa avec éloquence la noire perfidie
du comte de Penthièvre, qui, abusant de la confiance du duc,
l’avait trahi sous une fausse apparence d’amitié. Elle les conjura
de vouloir bien la seconder dans la vengeance qu’elle voulait tirer
d’une action si odieuse, et de faire tous leurs efforts pour
procurer la liberté à leur prince. En même temps, fondant en
larmes, elle montra aux prélats et aux

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