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Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Titel: Histoire de la Bretagne ancienne et moderne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Barthélémy (de Paris)
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vicomte de Rohan, en donnant sa signature, dit que
c’était pour obvier à de plus grands inconvénients ; mais en
même temps il fit une protestation contre son consentement forcé.
C’est ainsi que le duc de Bretagne, malgré ses serments, changea
tout à coup de parti, et abandonna celui du légitime héritier de la
couronne, pour suivre celui de l’usurpateur. Charles VII fut
indigné de l’inconstance de Jean V.
    La conduite de La Trémoille, qui avait
occasionné la défection du duc de Bretagne, causa aussi de grands
chagrins au connétable. On lui ôta Chinon, dont il avait confié la
garde à un capitaine nommé Guillaume Belin, qui livra la place au
roi. On offrait à M me  de Guyenne de continuer
d’y faire son séjour, ou de se retirer où elle voudrait, à
condition qu’elle ne verrait point Richemont ; mais cette
princesse répondit avec fermeté qu’elle ne consentirait jamais à
demeurer dans un endroit où elle serait privée de la liberté de
voir son mari. Ce fut en vain qu’elle représenta que Chinon lui
appartenait, et que c’était une injustice de l’en dépouiller ;
contrainte d’en sortir, elle se retira à Thouars. Il s’alluma alors
une guerre particulière entre La Trémoille et le connétable, à qui
le duc son frère ne manqua pas d’envoyer des troupes pour le
soutenir.
    L’union et la bonne intelligence ne furent
cependant jamais si nécessaires au parti de Charles VII, pour
pouvoir résister aux efforts des Anglais. Le comte de Salisbury
assiégeait Orléans, dont la prise aurait entièrement ruiné les
affaires du roi. Heureusement Jeanne d’Arc contraignit l’ennemi de
se retirer. Mais il avait fait bien d’autres conquêtes, et
Charles VII avait besoin de toutes les forces de son parti
pour les chasser du royaume. Cependant, quelque haute idée qu’il
eût de la capacité et de la valeur du connétable, il eût été fâché,
pour ainsi dire, de lui être redevable du moindre succès.
Richemont, malgré ces dispositions de la cour à son égard, ne
laissa pas d’assembler une armée, et s’avança du côté d’Orléans
pour venir au secours du roi ; mais ce prince, qui était
aveuglé par ses favoris, ayant appris sa marche, lui envoya dire de
s’en retourner, et que, s’il passait outre, il le combattrait. Le
connétable répondit à La Jaille, qui lui apportait cet ordre :
« Je sais ce que j’ai à faire. Je suis bon serviteur du roi,
et pour mon honneur et pour la charge de commander que je tiens de
lui, je ne puis ni ne dois demeurer oisif dans un temps où la
couronne a si grand besoin qu’on la serve avec zèle. Je lui ai fait
le serment d’agir ainsi. S’il se présente quelqu’un pour m’en
empêcher, je suis prêt à voir ce que ce sera et à en tirer raison.
Qu’en dites-vous, La Jaille ? – Par ma foi, Monseigneur, il me
semble que vous ferez bien. » Le connétable continua donc sa
marche pour se rendre devant Beaugency, que l’armée royale
assiégeait. Il envoya devant annoncer son arrivée, et demander
qu’on lui marquât ses logis. Pour toute réponse, on lui dit que
Jeanne d’Arc s’avançait pour le combattre. « Qu’ils viennent
donc ! s’écria-t-il, nous les verrons. » Quand Richemont
aperçut cette noble et brillante compagnie, et qu’il la vit mettre
pied à terre par courtoisie, il descendit aussi de cheval. Après
les premiers compliments, Jeanne d’Arc s’avança pour lui faire sa
révérence ; Richemont lui dit : « Eh bien, Jeanne,
on m’a rapporté que vous me vouliez combattre ? Je ne sçay pas
qui vous êtes, ny de par qui vous estes icy envoyée, ny sy c’est de
par Dieu ou de par le diable. Si vous estes de par Dieu, je ne vous
crains en rien, car Dieu congnoist mon intention et mon bon vouloir
tout ainsi comme les vostres. Si vous estes de par le diable, je
vous crains encore moins, et faites du mieux ou du pire que vous
pourrez. – Je suis, répondit Jeanne, de par Dieu, la bonne Vierge,
madame sainte Catherine et les anges qui sont en paradis, et honny
soit qui en doute. Je n’ay rien dit ny rien pensé que ce que j’ay
congnu qui estoit de l’intention du roi. Du reste, sire
connestable, je désire de tout mon cœur que vous en soyez reçu
comme le méritent vos loyaux services et le haut estat et degré que
vous tenez ; et si je puis, je n’y feray faute. » Le
connétable et Jeanne, avec tous ceux de leur suite, prirent alors
le chemin de Beaugency, dont on s’était

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