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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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les reculer par des conquêtes, ou
craindre d’avoir à les défendre contre aucune invasion sérieuse.
    Malgré ces probabilités, la dernière de ces deux conclusions
est positivement contraire au langage et à la conduite d’Auguste. Il n’est
point aisé de décider si ce prince voulut agir comme le père commun de
l’univers ou comme l’oppresseur de la liberté ; s’il désira d’adoucir le
sort des provinces, ou d’appauvrir le sénat et l’ordre équestre. Quoiqu’il en soit,
à peine eut-il pris les rênes du gouvernement, qu’il affecta souvent de parler
de l’insuffisance des tributs, et de la nécessité où il se trouvait de faire
supporter à Rome et à l’Italie une partie des charges publiques [547] . Ce fut
cependant avec précaution, et pour ainsi dire à pas comptés, qu’il procéda dans
l’exécution de ce projet si propre à exciter le mécontentement. L’introduction
des douanes fut suivie de l’établissement d’un impôt sur les consommations [548]  ; et le
plan d’une imposition générale s’étendit insensiblement sur les propriétés
réelles et personnelles des citoyens romains, qui, depuis plus d’un siècle et
demi, avaient été exempts de toute espèce de contribution [549] .
    I . Dans un empire aussi vaste que celui de Rome, la
balance naturelle de l’argent devait s’établir d’elle-même et par degrés. Comme
les richesses des provinces étaient attirées vers la capitale par l’action
puissante de la conquête et de l’autorité souveraine, de même une partie de ces
richesses refluait vers les provinces industrieuses, où elles étaient portées
par la voie plus douce du commerce et des arts. Sous le règne d’Auguste et de
ses successeurs, on avait mis des droits sur chaque espèce de marchandises,
qui, par mille canaux différents, abordaient au centre commun de l’opulence et
du luxe ; et quelque interprétation que l’on put donner à la loi, la taxe
tombait toujours sur l’acheteur romain et non sur le marchand provincial [550] . Le taux de la
taxe variait depuis la quarantième jusqu’à la huitième partie de la valeur des
effets. Il y a lieu de croire que, cette variation fut dirigée par les maximes
inaltérables de la politique. Les  objets de luxe payaient sans doute un droit
plus fort que ceux de première nécessité ; et l’on favorisait davantage les
manufactures de l’empire que les productions de l’Arabie et de l’Inde [551] . Il était bien
juste que l’on préférât l’industrie des citoyens à un commerce étranger, qui ne
pouvait être avantageux à l’État. Il existe encore une liste étendue, mais
imparfaite, des marchandises de l’Orient sujettes aux droits sous le règne
d’Alexandre Sévère [552] .
Elles consistaient en cannelle, myrrhe,  poivre et gingembre, en aromates de
toute espèce, et dans une grande variété de pierres précieuses, parmi
lesquelles le diamant tenait le premier rang pour le prix, et l’émeraude pour
la beauté [553] .
On y voyait aussi des peaux de Perse et de Babylone, des cotons, des soies
écrues et apprêtées, de l’ivoire, de l’ébène et des eunuques [554] . Remarquons ici
que l’usage et le prix de ces esclaves efféminés suivirent les mêmes progrès
que la décadence de l’empire.
    II . L’impôt sur les consommations fut établi par
Auguste après les guerres civiles. Ce droit était extrêmement modéré, mais il
était général. Il passa rarement un pour cent ; mais il comprenait tout ce
que l’on achetait dans les marchés ou dans les ventes publiques, et il
s’étendait depuis les acquisitions les plus considérables en terres ou en
maisons jusqu’à ces petits objets dont le produit ne peut devenir important que
par leur nombre et par une consommation journalière. Une pareille taxe, portait
sur le corps entier de la nation, excita toujours des plaintes. Un empereur qui
connaissait parfaitement les besoins et les ressources de l’état, fût obligé de
déclarer, par un édit public, que l’entretien des armées dépensait en grande
partie, du produit de cet impôt [555] .
    III . Lorsque l’empereur Auguste eût pris le parti
d’avoir toujours sur pied un corps de troupes destinées à défendre son
gouvernement contre les attaques des ennemis étrangers et domestiques, il
réserva des fonds particuliers pour la paye des soldats, pour les récompenses
des vétérans, et pour les dépenses extraordinaires de la guerre. Les revenus
immenses de

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