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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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des empereurs, et plus souvent encore ils le renversèrent.

Chapitre VII
Élévation et tyrannie de Maximin. Rébellion en Afrique et en Italie, sous
l’autorité du sénat. Guerres civiles et séditions. Mort violente de Maximin et
de son fils, de Maxime et de Balbin, et des trois Gordiens. Usurpation et jeux
séculaires de Philippe.
    DE TOUS les gouvernements établis parmi les hommes, une
monarchie héréditaire est celui qui semble d’abord prêter le plus au ridicule.
Peut-on voir en effet, sans un sourire d’indignation, à la mort du père la
propriété d’une nation, semblable à celle d’un vil troupeau, passer à un enfant
au maillot, également inconnu au genre humain et à lui-même, et les guerriers
les plus braves, les citoyens les plus habiles, renonçant à leur droit naturel,
s’approcher du berceau royal les genoux ployés, et faire à cet enfant des
protestations d’une fidélité inviolable ? Telles sont les couleurs sous
lesquelles la satire et la déclamation peignent ce tableau : mais elles ont
beau le charger, en y réfléchissant mûrement, on sent combien est respectable
et utile un préjugé qui règle la succession, et qui la rend indépendante des
passions humaines. On applaudit de bonne foi à tout ce qui concourt à enlever à
la multitude le pouvoir dangereux et réellement idéal de se donner un chef.
    Dans le silence de la retraite on peut tracer des formes de
gouvernement, où le sceptre soit remis constamment entre les mains du plus
digne, par le suffrage libre et incorruptible de toute la société ; mais
l’expérience détruit ces édifices sans fondement, et nous apprend que, dans un
grand État, l’élection d’un monarque ne peut jamais être dévolue à la partie la
plus nombreuse, ni même à la plus sage du peuple. L’armée est la seule classe
d’hommes suffisamment unis pour embrasser les mêmes vues, et revêtus d’une
force assez grande pour les faire adopter aux autres citoyens ; mais le
caractère des soldats, accoutumés à la violence et l’esclavage, les rend
incapables d’être les gardiens d’une constitution légale ou même civile. La
justice, l’humanité et les talents politiques, leur sont trop peu connus, pour
qu’ils apprécient ces qualités dans les autres. La valeur obtiendra leur
estime, et la libéralité achètera leur suffrage ; mais le premier de ces deux
mérites se trouve souvent dans les âmes les plus féroces ; l’autre ne se
développe qu’aux dépens du public, et ils peuvent tous les deux être dirigés
contre le possesseur du trône par l’ambition d’un rival entreprenant.
    La supériorité de la naissance, lorsqu’elle est consacrée
par le temps, et par l’opinion publique, est de toutes les distinctions la plus
simple et la moins odieuse. Le droit reconnu enlève à la faction ses
espérances, et l’assurance du pouvoir désarme la cruauté du monarque. C’est à
l’établissement de ce principe que nous sommes redevables de la succession
paisible et de la douce administration de nos monarchies européennes. En
Orient, où cette heureuse idée n’a point encore pénétré, un despote est souvent
obligé de répandre le sang des peuples pour se frayer un chemin au trône de ses
pères. Cependant, même en Asie, la sphère des prétentions est bornée, et ne
renferme ordinairement que les princes de la maison régnante. Dès que le plus
heureux des concurrents s’est délivré de ses frères par l’épée ou par le
cordon, il ne conserve plus de soupçons contre les classes inférieures de ses
sujets. Mais l’empire romain, après que l’autorité du sénat fut tombée dans le
mépris, devint un théâtre de confusion. Les rois, les princes de leur sang, et
même les nobles des provinces, avaient été autrefois menés en triomphe devant
le char des superbes républicains. Les anciennes familles de Rome, écrasées
sous la tyrannie des Césars, n’existaient plus. Ces princes avaient été
enchaînés par les formes d’une république, et jamais ils n’avaient eu l’espoir
de se voir renaître dans leur postérité [573] : ainsi leurs sujets ne pouvaient se former aucune idée d’une succession héréditaire.
Comme la naissance ne donnait aucun droit au trône, chacun se persuada que son
mérité devait l’y faire monter. L’ambition, n’étant plus retenue par le frein
salutaire de la loi et du préjugé, prit un vol hardi et le dernier des hommes
put, sans folie, espérer d’obtenir dans

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