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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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rendraient plus probable, en la rendant plus conforme au caractère général
d’Alexandre Sévère. Les talents de cet aimable prince ne paraissent pas avoir
été proportionnés à la difficulté de sa situation, ni la fermeté de sa conduite
égale à la pureté de son âme. Ses vertus sans énergie avaient contracté, aussi
bien que les vices de son prédécesseur, une teinte de faiblesse dans le climat
efféminé de l’Asie, où il avait pris naissance. Il est vrai qu’il rougissait
d’une origine étrangère, et qu’il écoutait avec une vaine complaisance, les
généalogistes, qui le faisaient descendre de l’ancienne noblesse de Rome [526] . Son règne est
obscurci par l’orgueil et par l’avarice de sa mère. Mammée, en exigeant de lui,
lorsqu’il fut d’un âge mûr, la même obéissance qu’il lui devait dans sa plus
tendre jeunesse, exposa au ridicule son caractère et celui de son fils [527] . Les fatigues de
l’expédition contre les Perses irritèrent le mécontentement des troupes. Le mauvais
succès de cette guerre fit perdre à l’empereur sa réputation, comme général et
même comme soldat [528] .
Chaque cause préparait, chaque circonstance hâtait une révolution qui déchira
l’empire, et le livra pendant longtemps en proie aux horreurs des guerres
civiles.
    La tyrannie de Commode, les discordes dont sa mort fut
l’origine, et les nouvelles maximes de politique introduites par les princes de
la maison de Sévère, avaient contribué à augmenter la puissance dangereuse de
l’armée, et à effacer les faibles traces que les lois et la liberté laissaient
encore dans l’âme des Romains. Nous avons tâché d’expliquer avec ordre et avec
clarté les changements qui arrivèrent dans les parties intérieures de la
constitution, et qui en minèrent sourdement la base. Les caractères
particuliers des empereurs, leurs lois, leurs folies, leurs victoires, leurs
exploits, ne nous intéressent qu’autant que ces objets se trouvent liés à
l’histoire générale de la décadence et de la chute de la monarchie. L’attention
constante que nous mettons à suivre ce grand spectacle, ne nous permet pas de
passer sons silence un édit bien important d’Antonin Caracalla, qui donna le
nom et les privilèges de citoyens romains à tous les sujets libres de l’empire.
Cette faveur extraordinaire ne prenait cependant pas sa source dans les
sentiments d’une âme généreuse, elle fut dictée par une avarice sordide :
quelques observations sur les finances des Romains, depuis les beaux siècles de
la république jusqu’au règne d’Alexandre Sévère, prouveront la vérité de cette
remarque.
    La ville de Véies, en Toscane, n’avait été prise qu’au bout
de dix ans. Ce fut bien moins la force de la place que le peu d’expérience des
assiégeants, qui prolongea ce siège, la première entreprise considérable des
Romains. Il fallait aux troupes les plus grands encouragements pour les engager
à supporter les fatigues extraordinaires de tarit de campagnes consécutives, et
à passer ainsi plusieurs hivers autour d’une ville située à vingt milles
environ de leurs foyers [529] .
Le sénat prévint sagement les plaintes du peuple ; en accordant aux
soldats une paye régulière, à laquelle les citoyens contribuaient par une taxe
générale établie sur les propriétés [530] .
Après la prisé de Véies, pendant plus de deux cents ans, les victoires de la
république augmentèrent moins les richesses que la puissance de Rome. Les États
d’Italie ne payaient leurs tributs qu’en service militaire ; et dans les
guerres puniques, les Romains entretinrent seuls à leurs frais, sur mer et sur
terre, des forces redoutables dont ils se servirent pour subjuguer leurs
rivaux. Ce peuple généreux (et tel est souvent le noble enthousiasme de la
liberté) portait avec joie les fardeaux les plus lourds, dans la juste
confiance que ses travaux seraient bientôt magnifiquement récompensés. De si
belles espérances ne furent pas trompées : en peu d’années les richesses de
Syracuse, de Carthage, de la Macédoine et de l’Asie, furent apportées à Rome en
triomphe. Les trésors de Persée montaient seuls à près de deux millions
sterling ; et le peuple romain, roi de tant de nations, se trouva pour
jamais délivré d’impôts [531] .
Le revenu des provinces conquises paru suffisant pour les dépenses ordinaires
de la guerre et du gouvernement. On déposait dans le temple de Saturne

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