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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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maintenir la gloire de l’empire, et d’en distribuer les
trésors aux compagnons de sa fortune". Une grande armée, commandée par
l’empereur en personne, était alors assemblée sur les rives du Rhin, pour aller
combattre les Barbares, contre lesquels, aussitôt près la guerre de Perse,
l’empereur avait été obligé de marcher ; et l’on avait confié à Maximin le soin
important de discipliner et de passer en revue les nouvelles levées. Un jour [19
mars 235] , comme il entrait dans le lieu des exercices, les troupes,
excitées par un mouvement subit, ou par une conspiration déjà formée, le
saluèrent empereur, firent cesser ses refus obstinés par des acclamations
redoublées, et se hâtèrent de consommer leur rébellion, en trempant leurs mains
dans le sang d’Alexandre.
    Les circonstances de la mort de ce prince sont rapportées
différemment. Quelques écrivains ont prétendu qu’il rendit le dernier soupir
sans avoir eu la moindre connaissance de l’ingratitude et de l’ambition de
Maximin. Selon eux, l’empereur, après avoir pris un léger repas en présence de
l’armée s’était retiré pour dormir ; vers la septième heur du jour, un parti de
ses propres gardes pénétra dans la tente impériale, et perça de plusieurs coups
ce prince vertueux, et sans défiance [577] .
Si nous ajoutons foi à un récit diffèrent, mais beaucoup plus probable, Maximin
fut revêtu de la pourpre par un nombreux détachement, à quelques milles de
distance du quartier général, et il comptait plus sur les vœux secrets que sur
une déclaration publique de la grande armée. Alexandre eût le temps de ranimer
parmi les soldats un faible sentiment d’honneur et de fidélité ; mais ils
levèrent l’étendard de la révolte à l’aspect de Maximin, qui se déclara l’ami
et le défenseur de l’ordre militaire, et qui fut aussitôt proclamé par les
légions empereur des Romains. Alexandre, trahi et abandonné, se retira dans sa
tente, pour n’être pas exposé, dans ses derniers moments, aux insultes de la
multitude. Un tribun et quelques centurions l’y suivirent bientôt l’épée à la
main : au lieu de recevoir le coup fatal avec une ferme résolution, il
déshonora, par des cris impuissants et par de vaines supplications, la fin de
sa vie, et le mépris de sa faiblesse diminua quelque chose de la juste pitié
qu’inspiraient son innocence et son malheureux sort. Sa mère Mammée, qu’il
avait accusée hautement d’avoir été la cause de sa ruine par son avarice et par
son orgueil, périt avec lui ; et ses plus fidèles amis furent sacrifiés à la
première fureur des soldats. On en réserva seulement quelques-uns pour être,
par la suite, les victimes de la cruauté réfléchie de l’usurpateur. Ceux qui
éprouvèrent les traitements les plus doux, furent dépouillés de leurs emplois
et chassés ignominieusement de la cour et de l’armée [578] .
    Les premiers tyrans de Rome, Caligula, Néron, Commode,
Caracalla étaient tous de jeunes princes sans mœurs et sans expérience [579] , élevés dans la
pourpre et corrompus par l’orgueil du pouvoir, par le luxe de Rome et par la
voix perfide de la flatterie. La cruauté de Maximin tenait à un principe
différent, la crainte du mépris. Quoiqu’il comptât sur l’attachement des
soldats, qui retrouvaient en lui les vertus dont ils faisaient profession, il
ne pouvait se dissimuler que son origine obscure et barbare, que son air
sauvage et que son ignorance totale des arts et des institutions de la vie
sociale [580] ,
formaient un contraste défavorable avec le caractère aimable de l’infortuné
Alexandre. Il n’avait point oublié que, dans un état plus humble, il avait
attendu plus d’une fois à la porte des nobles de Rome, et que souvent
l’insolence des esclaves l’avait empêché de paraître devant ces fiers
patriciens. Il se rappelait aussi l’amitié d’un petit nombre qui l’avaient
secouru dans sa pauvreté et qui avaient aidé ses premiers pas dans la carrière
des honneurs. Mais ceux qui avaient dédaigné le paysan de la Thrace, et ceux
qui l’avaient protégé, étaient coupables du même crime ; ils avaient tous été
témoins de son obscurité. Plusieurs furent punis de mort ; et en livrant aux
supplices la plupart de ses bienfaiteurs, Maximin publia en caractères de sang
l’histoire ineffaçable de sa bassesse et de son ingratitude [581] .
    L’âme noire et féroce du tyran recevait avidement toutes
sortes

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