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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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Gordien, cachées jusqu’alors dans
le luxe indolent d’une vie privée, allaient bientôt se développer sur un plus
grand théâtre.
    Dès que les Gordiens eurent apaisé les premiers tumultes
d’une élection populaire, ils se rendirent à Carthage. Ils furent reçus avec
transport par les Africains, qui honoraient leurs vertus, et qui, depuis le
successeur de Trajan, n’avaient jamais contemplé la majesté d’un empereur
romain. Mais ces vaines démonstrations ne pouvaient ni confirmer ni fortifier
le titre des deux princes ; ils se déterminèrent, par principe autant que
par intérêt, à se munir de l’approbation du sénat. Une députation, composée des
plus nobles de la province, se rendit immédiatement dans Rome, pour exposer et
justifier la conduite de leurs compatriotes, qui, après avoir souffert si
longtemps avec patience, étaient maintenant résolus d’agir avec vigueur. Les
lettres des nouveaux empereurs étaient modestes et respectueuses ; ils
s’excusaient sur la nécessité qui les avait forcés d’accepter le titre
impérial, et ils soumettaient leur destin à la décision suprême du sénat [591] .
    Cette assemblée ne balança pas sur une réponse favorable, et
les sentiments ne furent point partagés. La naissance et les nobles alliances
des Gordiens les liaient intimement avec les plus illustres maisons de Rome.
Leur grande fortune leur avait procuré beaucoup de partisans dans le sénat, et
leur mérite un grand nombre d’amis. Leur douce administration faisait entrevoir
dans un avenir brillant non seulement la fin des calamités qui déchiraient
l’État, mais encore le rétablissement de la république. La terreur inspirée par
la violence militaire, qui d’abord avait forcé les sénateurs à fermer les yeux
sur le meurtre du vertueux Alexandre, et à ratifier l’élection d’un paysan
barbare, produisit alors l’effet contraire, et les excita à soutenir les droits
violés de la liberté et de l’humanité. On connaissait la haine implacable de
Maximin contre le sénat. Les soumissions les plus respectueuses ne pouvaient le
fléchir ; l’innocence la plus réservée n’aurait point été à l’abri de ses
cruels soupçons. Les sénateurs, déterminés par de pareils motifs et par le soin
de leur propre sûreté, résolurent de courir le hasard d’une entrepris dont ils
étaient bien sûrs d’être les premières victimes, si elle ne réussissait pas.
    Ces considérations, et d’autres peut-être d’une nature plus
particulière, avaient d’abord été discutées dans une conférence entre les consuls
et les magistrats. Dès qu’ils eurent pris leur résolution, ils convoquèrent
tous les  sénateurs dans le temple de Castor, selon l’ancienne forme du secret [592] , instituée pour
réveiller leur attention et pour cacher leurs décrets. Pères conscrits ,
dit le consul Syllanus, les Gordiens, revêtus tous les deux d’une dignité
consulaire, l’un votre proconsul, l’autre votre lieutenant en Afrique, viennent
d’être déclarés empereurs avec le consentement général de cette province.
Rendons des actions de grâces, continua-t-il courageusement , à la
jeunesse de Thysdrus ; rendons des actions de grâces à nos généreux
défenseurs les fidèles habitants de Carthage, qui nous délivrent d’un monstre
horrible. Pourquoi m’écoutez-vous ainsi froidement, hommes timides ?
pourquoi jetez-vous l’un sur l’autre des regards inquiets ? pourquoi
hésitez-vous ? Maximin est l’ennemi de l’État : puisse son inimitié
expirer bientôt avec lui ! puissions-nous recueillir longtemps les fruits de la
sagesse et de la fortune de Gordien le père, de la valeur et de la constance de
Gordien, le fils [593]   ! La noble ardeur du consul ranima l’esprit languissant du sénat. Un décret
unanime ratifia l’élection des Gordiens, déclara Maximin, son fils, et tous
leurs partisans traîtres à la patrie, et offrit de grandes récompenses à ceux
qui auraient le courage ou le bonheur d’en délivrer l’État.
    Dans l’absence de l’empereur, un détachement des gardes
prétoriennes était resté à Rome pour défendre ou plutôt pour gouverner la
capitale. Le préfet Vitalien avait signalé sa fidélité envers Maximin, par
l’ardeur avec laquelle il avait exécuté et même prévenu ses ordres cruels. Sa
mort seule pouvait assurer l’autorité chancelante des sénateurs, et mettre
leurs personnes à l’abri de tout danger. Avant que leur

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