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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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dans la Mœsie avec le projet de gagner, par le Danube,
leurs établissements en Ukraine. L’exécution d’une entreprise si téméraire
devait causer leur ruine totale : le peu d’union qui régnait entre les généraux
romains procura aux Barbares les moyens de s’échapper [878] . Ceux d’entre
eux qui infestaient encore les terres de l’empire, se retirèrent enfin sur
leurs vaisseaux ; et, prenant leur route à travers l’Hellespont et le
Bosphore, ils ravagèrent les rives de Troie, dont le nom, immortalisé par
Homère, survivra probablement au souvenir des conquêtes d’un peuple féroce. Dès
qu’ils furent en sûreté dans le bassin de la mer Noire, ils descendirent à
Anchialus, ville de Thrace, bâtie au pied du mont Hœmus. Ce pays, célèbre par
la salubrité de ses bains chauds, leur offrait, après tant de fatigues, un
asile agréable ; ils y goûtèrent pendant quelque temps les douceurs du
repos. La navigation qui leur restait à faire, pour terminer leur voyage, était
courte et facile [Jornandès, 20] . Tels furent les divers événements de
cette troisième et fameuse entreprise navale. On aura peut-être de la peine à
concevoir comment une armée, composée d’abord de quinze mille hommes, a pu
soutenir les pertes d’une expédition si hasardeuse, et former tant de corps
séparés. Mais à mesure que le fer, les naufrages et la chaleur du climat
diminuaient le nombre de ces guerriers, il était sans cesse renouvelé par des
troupes de brigands et de déserteurs qui accouraient de toutes parts pour
piller les provinces de l’empire ; et par une foule d’esclaves fugitifs,
souvent originaires de la Germanie ou de la Sarmatie, qui saisissaient avec
empressement l’occasion glorieuse de briser leurs chaînes et de se venger. Dans
toutes ces guerres, la portion la plus considérable de danger et d’honneur
appartient à la nation des Goths. Les annales imparfaites de ce siècle
distinguent quelquefois et le plus souvent confondent les tribus qui
combattirent sous leurs étendards ; et, comme les flottes des Barbares parurent
sortir de l’embouchure du Tanaïs, on désigna fréquemment ces différents peuples
réunis par le nom vague, mais plus connu, de Scythes [879] .
    Au milieu des calamités générales qui affligent le genre
humain, la mort d’un individu, quelque grand qu’il soit, est un événement peu
remarquable, et la destruction du plus superbe édifice semble ne devoir pas
mériter la moindre attention. Nous ne pouvons cependant oublier le sort du
temple de Diane à Éphèse, qui, après être sorti sept fois de ses ruines avec un
nouvel éclat [880] ,
fût enfin brûlé par les Goths, dans leur troisième invasion navale. Les arts de
la Grèce et les richesses de l’Asie avaient, contribué à la construction de ce
magnifique monument. Il s’élevait sur cent vingt-sept colonnes d’ordre ionique
; ces colonnes, toutes d’un marbre de grand prix, avaient été données par des
monarques religieux, et chacune avait soixante pieds de haut. Les sculptures
admirables, ouvrages de Praxitèle, qui ornaient l’autel, représentaient la
naissance des divins enfants de Latone, la retraite d’Apollon après le meurtre
des Cyclopes, et la clémence de Bacchus, qui pardonnait aux Amazones vaincues [881] . Peut-être le
sculpteur avait-il tiré ces sujets des légendes et des traditions favorites du
pays. Le temple d’Ephèse n’avait que quatre cent vingt-cinq pieds de diamètre,
les deux tiers environ de la longueur sur laquelle a été bâtie l’église de
Saint-Pierre de Rome [882] .
Dans ses autres dimensions, il était encore plus inférieur à ce chef d’œuvre de
l’architecture moderne. Les bras spacieux d’une croix chrétienne exigent une
largeur bien plus grande que les temples oblongs des païens. Les artistes les
plus hardis de l’antiquité, auraient été effrayés, si on leur eût proposé
d’élever en l’air un dôme sur les proportions du Panthéon. Au reste, le temple
de Diane était admiré comme une des merveilles du monde. Les Perses, les
Macédoniens et les Romains en avaient tour à tour révéré la sainteté et
augmenté la magnificence [883] .
Mais les sauvages grossiers de la Baltique étaient dépourvus de goût pour les
arts, et méprisaient les terreurs idéales d’une superstition étrangère [884] .
    On rapporte à cette époque une autre circonstance qui serait
digne d’être remarquée, si nous n’étions fondés à croire

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