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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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de ses ordres à
Zabdas, général habile, déjà connu par la conquête de l’Égypte. Ses forces
nombreuses consistaient, pour la plupart, en archers et en chevaux couverts
d’une armure d’airain. Les escadrons d’Aurélien, composés d’Illyriens et de
Maures, ne purent soutenir le choc d’un adversaire si puissamment armé. Ils
prirent la fuite en désordre, ou affectèrent de se retirer avec précipitation,
engagèrent l’ennemi dans une poursuite pénible, le harassèrent par une infinité
de petits combats, et enfin renversèrent cette masse de cavalerie impénétrable,
mais trop lourde pour se prêter aux évolutions nécessaires. Cependant
l’infanterie légère des Palmyréniens, lorsqu’elle eut tiré toutes ses flèches,
sans moyen d’éviter un combat plus rapproché, n’offrit plus que des soldats
désarmés à l’épée formidable des légions. Aurélien avait choisi ces troupes de
vétérans qui campaient ordinairement sur le Haut-Danube, et dont la valeur
avait été si rudement éprouvée dans la guerre des Allemands [983] . Après la
défaite d’Émèse, Zénobie ne put rassembler une troisième armée. Les nations qui
lui avaient obéi ne la reconnaissaient plus pour souveraine et le vainqueur,
résolu de s’emparer de l’Égypte, avait envoyé dans cette province Probus, le
plus brave de ses généraux. Palmyre était la dernière ressource de la veuve
d’Odenat. Elle s’enferma dans sa capitale, fit toutes sortes de préparatifs
pour une vigoureuse résistance ; et, remplie d’un courage intrépide, elle
déclara que son règne ne finirait qu’avec sa vie.
    Dans les déserts incultes de l’Arabie la nature a semé
quelques terrains fertiles, qui s’élèvent, semblables à des îles, au milieu
d’un océan de sable. Le nom même de Tadmor ou Palmyre désigne, en syriaque et
en latin, la multitude de palmiers qui donnent de la verdure et de l’ombre à ce
climat tempéré. Les habitants y respiraient un air pur ; et le sol, arrosé
de plusieurs sources inestimables dans un tel climat, produisait des fruits et
du blé. Ces avantages particuliers, la situation de cette place à une distance 
convenable [984] de la Méditerranée et du Golfe Persique, la rendirent en peu de temps
florissante. Elle fut bientôt fréquentée par les caravanes, qui portaient aux
nations de l’Europe une partie considérable des marchandises précieuses de
l’Inde. Insensiblement Palmyre devint une ville riche et libre. Placée entre le
royaume des Parthes et l’empire romain, elle obtint de ces deux grandes
puissances la liberté de conserver une heureuse neutralité, jusqu’à ce
qu’enfin, par les victoires de Trajan, l’empire romain engloutit cette petite
république. Réduite alors au rang subordonné, quoique honorable, de colonie,
elle goûta, pendant plus de cent cinquante ans les douceurs de la paix. Si l’on
en croit le petit nombre d’inscriptions que le temps a épargnées, ce fût durant
cette heureuse période que les Palmyréniens opulents élevèrent, sur les modèles
de l’architecture grecque, ces temples, ces portiques, ces palais ; dont les
ruines couvrent encore une surface de plusieurs milles, et ont mérité la
curiosité de nos voyageurs. Les triomphes d’Odenat et de son illustre veuve
paraissent avoir jeté un nouvel éclat sur leur patrie. Palmyre, pendant quelque
temps, se montra la rivale, de Rome ; mais cette rivalité lui devint funeste,
et des siècles de prospérité furent sacrifiés à un instant de gloire [985] .
    Tandis qu’Aurélien traversait, les déserts. sablonneux qui
séparaient Émèse de Palmyre, les Arabes l’inquiétèrent perpétuellement dans sa
marche. Il ne lui fut pas toujours possible de défendre son armée, et surtout
son bagage, contre ces troupes de brigands actifs et audacieux qui épiaient le
moment de la surprise, et qui fuyant avec rapidité, éludaient la poursuite
lente des légions. Leurs courses n’étaient qu’incommodes ; le siège de Palmyre
offrait de bien plus grandes difficultés. Cet objet important exigeait toute
l’activité d’Aurélien, qui fut blessé d’une flèche, comme il pressait en
personne les attaques de la place. Le peuple romain , dit l’empereur dans
une lettre originale, parle avec mépris de la guerre que je soutiens contre
une femme. Il ne connaît ni le caractère ni la jouissance de Zénobie. On ne
peut se faire aucune idée de ses immenses préparatifs. Palmyre est remplie
d’une

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