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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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réduisent à
vingt et un milles environ [Nardini, Roma ant. , I, 8] . Ce grand,
mais affligeant ouvrage, par le soin que l’on prenait de pourvoir à la défense
de la capitale, n’annonçait que trop la décadence de la monarchie. Les Romains,
qui, dans un siècle plus fortuné, confiaient aux armes des légions la sûreté
des camps établis sur les frontières [Tacite, Hist ., IV, 23] ,
étaient bien loin de soupçonner qu’il serait un jour nécessaire de fortifier le
siége de l’empire contre les invasions des Barbares [964] .
    La victoire de Claude sur les Goths, et les exploits
d’Aurélien contre les Allemands, faisaient espérer des jours plus heureux. Déjà
Rome avait repris sa supériorité sur les nations du Nord, il était réservé au
vainqueur des Allemands de punir les tyrans domestiques, et de réunir les
membres épars de l’empire. Quoiqu’il eût été reconnu par le sénat et par le
peuple, les frontières de l’Italie, de l’Afrique, de l’Illyrie et de la Thrace,
resserraient les bornes de sa souveraineté. La Gaule, l’Espagne et la Bretagne,
l’Égypte, la Syrie et l’Asie-Mineure, obéissaient toujours à deux rebelles qui,
seuls de tant de prétendants, avaient échappé aux dangers de leur
situation ; et, pour mettre le comble à la honte de Rome, ces trônes
rivaux avaient été usurpés par des femmes.
    Les Gaules avaient vu s’élever et tomber une foule leurs de
monarques qui se succédèrent rapidement. Les vertus sévères de Posthume frirent
la cause de sa perte. Après la chute d’un compétiteur qui avait pris la pourpre
à Mayence, il refusa d’abandonner à ses troupes le pillage de la ville rebelle.
Leur avarice trompée les rendit furieuses [965] ; elles massacrèrent Posthume dans la septième année de son règne. Une cause
moins honorable précipita du trône Victorinus, son collègue. Les dérèglements
de ce prince ternissaient ses qualités brillantes [966] : souvent, pour
satisfaire ses passions, il employait la violence, sans égard pour les lois de
la société, ou même pour celles de l’amour [967] .
Il périt à Cologne, victime des complots de quelques maris jaloux, dont la
vengeance eût été plus excusable s’ils eussent épargné l’innocence de son fils.
Après le meurtre de tant de vaillants princes, il est assez étonnant qu’une
femme ait contenu pendant longtemps les fières légions de la Gaule ; ce
qui doit paraître encore plus singulier, c’est qu’elle était la mère de
l’infortuné Victorinus. Les artifices et les trésors de Victoria la mirent en
état de couronner successivement Marius et Tetricus, de tenir ces empereurs
dans sa dépendance ; et de régner sous leurs noms avec une mâle fermeté.
Elle fit frapper à son coin des espèces d’or, d’argent et de cuivre ; elle
prit les titres d’ Augusta et de mère des camps ; enfin son autorité
n’expira qu’avec sa vie, dont le cours fut peut-être abrégé par l’ingratitude
de Tetricus [968] .
    Lorsque celui-ci, dirigé par les conseils de son ambitieuse
bienfaitrice, monta sur le trône il avait le gouvernement de la tranquille
province d’Aquitaine ; emploi convenable à son caractère et à son
éducation. Devenu maître de la Gaule, de l’Espagne et de la Bretagne, il fut
pendant quatre ou cinq ans l’esclave et le souverain d’une armée licencieuse,
qu’il redoutait, et dont il était méprisé. La valeur. et la fortune d’Aurélien,
firent espérer à Tetricus d’être bientôt délivré du joug qu’il portait [an
271] . Ce malheureux prince osa découvrir à l’empereur sa triste
situation ; il le conjura de venir au secours d’un rival infortuné. Si les
légions de la Gaule eussent été informées de cette correspondance secrète,
elles auraient probablement immolé leur général. Il ne pouvait abandonner le
sceptre de l’Occident sans avoir recours à un acte de trahison contre lui-même.
Il affecta les apparences d’une guerre civile, s’avança dans la plaine à la
tête de ses troupes, les posta de la manière la plus désavantageuse, instruisit
Aurélien de toutes ses résolutions, et passa de son côté, au commencement de
l’action, avec un petit nombre d’amis choisis. Les soldats rebelles, quoiqu’en
désordre et consternés de la désertion inattendue de leur chef se défendirent
longtemps avec le courage du désespoir. Ils furent enfin taillés en pièces,
presque jusqu’au dernier, dans cette bataille sanglante et

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