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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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Odenat, offensé
comme monarque et comme chasseur, lui ôta son cheval, marque d’ignominie parmi
les Barbares, et le fit mettre pendant quelque temps en prison. L’insulte fut
bientôt oubliée ; mais Mœonius conserva le souvenir de la punition : aidé
d’un petit nombre de complices, il assassina son oncle au mille d’une grande
fête [an 267] . Odenat avait eu d’une autre femme que Zénobie un fils,
nommé Hérode ; ce jeune prince, d’un caractère efféminé [976] , éprouva le même
sort que son père. Mœonius ne retira de son crime que le plaisir de la
vengeance ; à peine avait-il pris le titre d’Auguste, que Zénobie l’immola aux
mânes de son époux [977] .
    Assistée des plus fidèles amis d’Odenat, cette princesse
monta sur le trône, qu’elle remplit avec la plus grande habileté : elle
gouverna pendant plus de cinq ans Palmyre, la Syrie et l’Orient. L’autorité que
le sénat avait accordée au vainqueur des Perses, seulement comme une
distinction personnelle, expirait avec lui ; mais son illustre veuve
méprisait également le sénat et Gallien. Un général romain, qui avait été
envoyé contre elle fut forcé de se retirer en Europe, après avoir perdu son
armée et sa réputation [ H. Aug. , p. 180-181] . Loin d’être dirigée
par ces petits intérêts qui agitent si souvent le règne d’une femme,
l’administration ferme de Zénobie avait pour base les plus sages maximes de la
politique : s’il fallait pardonner, elle savait étouffer son
ressentiment ; était-il nécessaire de punir, elle pouvait imposer silence
à la voix de la pitié. Sa grande économie fut taxée d’avarice : cependant,
lorsque l’occasion l’exigeait, elle paraissait libérale et magnifique.
L’Arabie, l’Arménie et la Perse, redoutaient son inimitié, et recherchaient son
alliance. Aux domaines de son époux, qui s’étendaient depuis l’Euphrate
jusqu’aux frontières de la Bithynie, elle ajouta l’héritage de ses ancêtres, le
royaume fertile et peuplé de l’Égypte [978] .
Claude rendit justice à son mérite il n’était pas fâche qu’elle maintînt la
dignité de femme en Orient [979] ,
tandis qu’il faisait la guerre à la nation des Goths. Au reste, la conduite de
Zénobie paraît équivoque. Il est assez probable qu’elle avait formé le dessein
d’élever une monarchie indépendante. Elle mêlait aux manières affables des
princes de Rome, la pompe éclatante des cours de l’Asie, et elle voulut être
adorée de ses sujets comme l’avaient été les successeurs de Cyrus. Ses trois
fils [980] vécurent une éducation romaine. Souvent elle les montrait aux troupes ornés de
la pourpre impériale. Elle se réserva le diadème avec le titre brillant, mais
douteux, de reine de l’Orient.
    Telle était l’adversaire qu’Aurélien avait à combattre [an
272] , et qui, malgré son sexe, devait paraître redoutable. Dès que
l’empereur se fut rendu en Asie, sa présence raffermit la fidélité de la
Bithynie, déjà ébranlée par les armes et par les intrigues de Zénobie [Zozime,
I] . S’avançant à la tête de ses légions, il reçut la soumission d’Ancyre,
et vint mettre le siège devant Tyane. Après une résistance opiniâtre, un
perfide citoyen l’introduisit dans cette place. Aurélien, d’un caractère
généreux, quoique violent, livra le traître à la fureur des soldats. Un respect
superstitieux porta ce prince à traiter avec douceur les compatriotes
d’Apollonius le philosophe [981] .
Les habitants d’Antioche à la nouvelle de la marche des Romains, avaient
déserté leur ville. L’empereur, par ses édits, rappela les fugitifs, et
pardonna généralement à tous ceux que la nécessité avait contraints de servir
la reine de Palmyre. Cette clémence inattendue gagna le cœur des Syriens, et
jusqu’aux portes d’Émèse les vœux du peuple secondèrent la terreur des armes
romaines [Zozime, I] .
    Zénobie aurait été peu digne de sa réputation, si elle eut
souffert tranquillement que l’empereur se fut avancé jusqu’à cent milles de sa
capitale. Le sort de l’Orient fut décidé dans deux grandes batailles, dont les
circonstances ont entre elles un tel rapport, qu’il serait difficile de les
distinguer l’une de l’autre. Nous savons seulement que la première se donna
près d’Antioche [982]  ;
la seconde sous les murs d’Émèse. Dans ces deux combats la reine de Palmyre
anima ses troupes par sa présence, et confia l’exécution

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