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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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l’empereur Tetricus et sur la reine de l’Orient. Le premier, accompagné de
son fils qu’il avait revêtu de la dignité d’Auguste, portait des chausses
gauloises [992] ,
une tunique couleur de safran, et un manteau de pourpre. Les regards se
portèrent sur la majestueuse figure de Zénobie, resserrée dans des chaînes
d’or ; un esclave soutenait celle qui entourait son cou, et elle semblait
presque accablée sous le poids insupportable de ses pierreries. Elle précédait
à pied le char magnifique sur lequel elle avait autrefois espéré faire son
entrée dans Rome. Ce char était suivi de deux autres encore plus brillants,
celui d’Odenat et celui du monarque de la Perse. Le triomphateur en montait un
quatrième, tiré par quatre cerfs ou par quatre éléphants [993] , et qui avait
appartenu à un roi goth. Les plus illustres du sénat, du peuple et de l’armée,
fermaient cette pompé solennelle. L’air retentissait des acclamations de la
multitude, qui, frappée d’étonnement, s’abandonnait aux transports les plus
vifs de la reconnaissance et d’une joie sincère. Au milieu de tous ces
monuments de gloire, la vue de Tetricus inspirait aux sénateurs des sentiments
bien différents. Ils ne pouvaient s’empêcher de murmurer contre le fier
monarque qui livrait ainsi à l’ignominie publique, la personne d’un Romain et
d’un magistrat [994] .
    Cependant Aurélien ne manqua pas de générosité : s’il
parut insulter aux malheurs de ses rivaux, s’il les traita d’abord avec
orgueil ; il exerça par la suite envers eux une clémence qui avait
rarement honoré les anciennes victoires de la république. Souvent, dès que la
pompe triomphale montait le Capitole, des princes, qui avaient défendu sans succès
leur trône ou leur liberté, périssaient en prison par la main d’un bourreau.
Les usurpateurs qu’Aurélien menait en triomphe, et que leur défaite avait
convaincus du crime de rébellion, passèrent leur vie dans l’opulence et dans un
repos honorable. L’empereur fit présent à Zénobie d’une belle maison de
campagne, situé à Tibur, ou Tivoli, à vingt milles environ de la capitale.
Bientôt la reine de Syrie prit les mœurs des dames romaines, et ses filles
épousèrent d’illustrés personnages. Sa famille existait encore au milieu du
cinquième siècle [995] .
Tetricus et son fils, rétablis dans leurs rangs et dans leurs fortunes,
élevèrent sur le mont Célien un palais magnifique ; et, lorsqu’il fut
fini, ils invitèrent leur vainqueur à souper. Aurélien fût agréablement surpris
d’y voir, en entrant un tableau qui représentait la singulière histoire de ses
anciens concurrents. Ils étaient peints offrant à l’empereur une couronne
civique avec le sceptre de la Gaule, et recevant de ses mains la dignité
sénatoriale. Le père eut dans la suite le gouvernement de la Lucanie [996] . Le prince, qui
bientôt l’admit dans sa société et à son amitié, lui demandait familièrement
s’il ne valait pas mieux gouverner une province d’Italie que de régner au-delà
des Alpes. Le fils acquit une grande considération dans le sénat ; et de tous
les nobles de Rome, il n’y en eut aucun qui fût plus estimé d’Aurélien et de
ses successeurs [ H. Aug ., p. 197] .
    La pompe triomphale dont nous venons de donner la
description était si nombreuse, elle s’avançait avec une majesté si lente,
qu’elle ne put arriver au Capitole avant la neuvième heure, quoiqu’elle eût
commencé dès l’aube du jour ; et il faisait déjà nuit lorsque l’empereur se
rendit au palais. A cette cérémonie brillante succédèrent des représentations
de théâtre, des jeux du cirque, des chasses de bêtes sauvages, des combats de
gladiateurs et des batailles navales. On distribua de grandes largesses aux
troupes et au peuple. Plusieurs institutions agréables ou utiles contribuèrent
à perpétuer, au milieu de la capitale, la gloire du vainqueur. Il consacra aux
dieux de Rome la plus grande partie des dépouilles de l’Orient. Sa piété
fastueuse suspendit de superbes offrandes dans le Capitole et dans les autres
temples. Celui du Soleil seul reçut plus de quinze mille livres d’or [997] . Ce temple
magnifique, bâti par Aurélien sur l’un des flancs du mont Quirinal, fut dédié,
bientôt après la cérémonie du triomphe, à la divinité qu’il adorait comme
l’auteur de sa vie et de sa fortune. Sa mère avait rempli les fonctions de
simple prêtresse dans

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